Un pied dans la Place verte

Un pied dans la Place verte

Organisation internationale de promotion de la croissance verte, le Global Green Growth Institute (GGGI) a signé un accord avec le gouvernement qui lui permettra d’établir un bureau à Luxembourg et d’intégrer l’écosystème de la finance durable.

C’est presque surprenant que, avec le statut de place financière internationale spécialisée en finance durable, le Luxembourg ait seulement maintenant « accroché » le Global Green Growth Institute, qui est bien implanté un peu partout depuis quelques années. Le GGGI est cette organisation internationale basée en Corée du Sud qui vise à promouvoir la croissance verte, un paradigme de croissance caractérisé par un équilibre entre la croissance économique et l’environnement et dont les programmes appuient la collecte de fonds et les partenariats public-privé, au profit du développement économique et social dans les pays émergents, notamment.

Cette fois, le pied est bien posé au Luxembourg. Le ministres des Affaires étrangères et européennes Jean Asselborn a signé avec Frank Rijsberman, directeur général du Global Green Growth Institute, un accord qui permettra au GGGI d’établir un bureau à Luxembourg. Plus que symbolique de la vocation transversale de l’opération, la signature a eu lieu sous l’œil complice de la ministre des Finances Yuriko Backes et de sa consœur chargée de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, Joëlle Welfring.

Dans le communiqué officiel, Jean Asselborn se félicite de l’aspect « win-win » : « L’accord est important pour les deux parties. Il ouvre la voie à l’établissement du bureau du GGGI à Luxembourg, lui permettant ainsi de bénéficier pleinement de l’écosystème de la finance durable, tout en renforçant encore la position du Grand-Duché en tant qu’État hôte attractif et accueillant pour les organisations internationales ». Yuriko Backes est ravie aussi : « Avec notre écosystème de la finance durable, ainsi que la connaissance et la connectivité de la place financière, notre pays peut soutenir le GGGI dans la réalisation de ses nobles objectifs, notamment pour mobiliser des ressources à l’international et déployer des financements là où ils sont le plus nécessaires ».

Coopération et résilience

Joëlle Welfring est d’autant plus satisfaite que « le partenariat solide auquel nous assistons a pris son envol avec le ministère de l’Environnement, grâce à l’ambitieux engagement international du Luxembourg en matière de financement climatique. Au cours des quatre dernières années, le GGGI est devenu l’un des partenaires les plus solides du Luxembourg dans la mise en œuvre d’une action climatique significative et durable à travers le monde et, par là, dans l’amélioration de la vie des personnes les plus touchées par les conséquences du changement climatique. Je suis convaincue que le bureau basé au Luxembourg apportera une valeur ajoutée à l’écosystème financier en croissance constante du pays, et vice versa ».

En effet, la collaboration entre le Luxembourg et le GGGI a commencé en 2018, dans le cadre de la Luxembourg International Climate Finance Strategy. Les partenaires travaillent ensemble sur de nombreux projets, tous soutenus financièrement par le biais du Fonds Climat et Énergie du MECSD. La première collaboration s’est focalisée sur l’augmentation de la résilience des villages ruraux du Vanuatu en termes de gestion des impacts du changement climatique, des sécheresses sévères et des cyclones tropicaux, notamment par la mise en œuvre de pompes à eaux fonctionnant à l’énergie solaire. La coopération s’est depuis étendue à des secteurs tels que l’économie circulaire, la gestion ou la finance durable, au Sénégal, au Rwanda, au Vietnam...

Le bureau du GGGI à Luxembourg devrait se concentrer sur les investissements verts et les partenariats au niveau européen. « Il y a une demande croissante de produits de finance durable de la part de nos membres. La création d’un bureau au Luxembourg est une étape majeure pour soutenir les investissements vers des projets à faible émission de carbone, résilients et inclusifs », souligne Frank Rijsberman.

Croissance verte aux Nations unies

En 2021, le Global Green Growth Institute a mobilisé 4,7 milliards de dollars US sur les marchés de capitaux nationaux et internationaux pour lutter contre le changement climatique ou la reprise économique verte, et a aidé ses pays membres à émettre des obligations vertes, éthiques, sociales et durables.

Le GGGI vient de fêter ses 10 ans. D’abord lancé comme un thinktank en 2010 par le président sud-coréen, il a été converti en juin 2012, par traité, en organisation internationale, lors du sommet de la Conférence des Nations unies sur le développement durable, dite Rio+20. En décembre 2013, l’institut était admis au statut d’Observateur par l’Assemblée générale des Nations unies à la COP de Varsovie.

L’organisation intergouvernementale a trois missions majeures : l’adoption et la mise en œuvre de plans de croissance verte, la mise à disposition de résultats de recherche à l’attention des décideurs, et l’engagement du secteur privé dans la mise en œuvre des plans nationaux. La pratique mondiale des « services d’investissement vert » du GGGI aide les pays membres et partenaires de l’organisation à mobiliser les financements durables nécessaires aux nombreux programmes soutenus dans le monde. Selon ses propres données, le GGGI a mobilisé 2 milliards de dollars US de financement climatique pour 60 projets au cours de la période 2015-2020. En 2021, GGGI a mobilisé près de 5 milliards de dollars supplémentaires.

« L’objectif principal de ces efforts est de combiner les sources de financement publiques et privées, internationales et nationales, pour accélérer le flux de financement afin de combler le fossé entre les bailleurs de fonds et les projets ».

On notera que la « Semaine mondiale de la croissance verte » (GGGWeek2022) sera organisée, fin octobre prochain, en marge des sessions conjointes de l’Assemblée et du Conseil du GGGI et dans la perspective de la COP27 qui se tiendra en Égypte.

Le Global Green Growth Institute dit vouloir la « co-organiser avec un large éventail de pays et de partenaires intéressés par l’idée d’un événement conjoint ». Pas impensable que le Luxembourg, nouvel hôte d’un bureau de l’organisation, y ait son mot à dire…

Alain Ducat

Photos : MAEE / GGGI

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Publié le mardi 28 juin 2022
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