
Un fonds pour préserver la biodiversité de São Tomé-et-Príncipe
Le Fonds Eco Tela, lancé avec l’appui de Rio Impact, ambitionne de financer durablement la protection de la biodiversité exceptionnelle de São Tomé-et-Príncipe grâce à une gouvernance ouverte et à un mécanisme de financement innovant.
Le 21 mai 2025 marque une étape clé pour São Tomé-et-Príncipe, un État insulaire africain proche de l’équateur. En effet, cette date lance officiellement le Fonds Eco Tela, un fonds dédié à la conservation de la biodiversité, et à la restauration des écosystèmes terrestres et marins du pays. Présidé par le chef de l’État, l’événement s’est tenu au Palais des Congrès de São Tomé, en présence de nombreux acteurs nationaux et internationaux.
Conçu comme un mécanisme de financement durable, le Fonds Eco Tela s’inspire du modèle des Conservation Trust Funds, déjà déployé dans plusieurs régions du monde. Il entend répondre à un besoin criant de financer la gestion des aires protégées de l’archipel, classé parmi les zones à plus fort taux d’endémisme au monde.
« Les plans de gestion des aires protégées sur l’île de São Tomé, et sur Príncipe – ne sont pas suffisamment mis en œuvre faute de moyens », explique Ludwig Liagre, fondateur et directeur de Rio Impact. « Nous avons voulu structurer un outil financier robuste, pérenne et transparent pour leur permettre d’agir sur le long terme. »
Un projet co-construit avec les acteurs locaux et internationaux
Le Fonds Eco Tela est le fruit d’une collaboration étroite entre le gouvernement santoméen, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), BirdLife International, Rio Impact, ainsi que des bailleurs majeurs comme le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), la Fondation Cartier for Nature et l’Union européenne.
Rio Impact, qui a dirigé l’ensemble du processus technique, a mobilisé une équipe de cinq experts – dont deux locaux – afin de :
- faciliter le dialogue entre les parties prenantes (ministères, société civile, secteur privé, bailleurs) ;
- définir les objectifs, la structure juridique et institutionnelle du fonds ;
- concevoir ses mécanismes de gouvernance et de financement ;
- lancer une stratégie de levée de fonds ;
- former les futurs gestionnaires et organes de gouvernance.
« Nous avons dû mener un intense travail de sensibilisation pour faire comprendre ce qu’est un fonds de conservation de la biodiversité à gouvernance ouverte. Ce type de gouvernance mixte – avec des représentants de la société civile, de l’Etat, du secteur privé et des bailleurs – est encore nouveau dans beaucoup de pays. Il fallait convaincre, former, aligner tous les acteurs autour d’une vision commune. »
Ludwig Liagre, fondateur et directeur de Rio Impact
Un modèle de financement pour l’avenir
Une partie du fonctionnement du fonds repose sur un principe d’investissement en capital, selon des critères ESG. Les intérêts générés – estimés à environ 1 million de dollars par an (pour un capital cible du fonds de dotation d’environ 25 million de dollars)– serviront exclusivement à financer des initiatives de préservation de la biodiversité.
« Le capital du fonds de dotation n’est pas dépensé, il est investi », précise Ludwig Liagre. « Ce sont uniquement les intérêts qui sont utilisés pour financer les projets. L’objectif est de créer un mécanisme perpétuel de financement. Une fois le capital constitué, le pays pourra s’autofinancer en grande partie, et réduire sa dépendance à l’aide publique internationale. »
Aujourd’hui, plus de 20 millions de dollars restent à mobiliser pour garantir la pleine capitalisation du fonds. Un appel est lancé aux partenaires publics et privés, nationaux comme internationaux. Le Luxembourg, qui ne collabore pas encore avec São Tomé-et-Príncipe, pourrait y trouver une opportunité de coopération innovante.
« C’est un petit pays, avec des partenaires locaux engagés et ses institutions sont ouvertes à l’innovation. On voit vite les résultats de ce qu’on met en place. C’est une des raisons pour lesquelles travailler avec São Tomé-et-Príncipe est si gratifiant. »
Ludwig Liagre, fondateur et directeur de Rio Impact
Un savoir-faire rare et une vision long terme
La structuration d’un tel fonds exige une expertise pointue, que peu d’acteurs maîtrisent. « Nous étions quatre ou cinq à répondre à l’appel d’offres », poursuit Ludwig Liagre. « Il y a très peu d’équipes capables de monter un fonds de A à Z dans ce domaine. Et la langue est une autre barrière. À São Tomé-et-Príncipe, on parle portugais. Heureusement, nous avions dans l’équipe des collègues lusophones expérimentés. J’avais moi-même déjà travaillé dans la région. »
Fort de cette expérience, Rio Impact entend continuer à accompagner le développement du fonds, notamment lors de la phase pilote de financement d’initiatives locales. Le Fonds Eco Tela est désormais opérationnel, et son avenir dépendra en grande partie de sa capacité à mobiliser de nouveaux partenaires.
Plus d’informations sur la page LinkedIn du Fonds Eco Tela : https://www.linkedin.com/company/stp-ecotela-fund
Sébastien Yernaux
Photos oiseaux et paysages : © Julia Desmarquest (Graine de Vie)