Trouver une base de travail commune

Trouver une base de travail commune

Le groupe de travail BIM du Centre de Ressources des Technologies et de l’Innovation pour le Bâtiment G.I.E a pour vocation, entre autres, de définir un standard qui permettra aux maîtres d’ouvrage, aux entreprises et aux bureaux d’études et d’architecture de collaborer plus efficacement dans la maquette numérique.

Interview de João Martins, chargé de mission au CRTI-B

Pourquoi un groupe de travail dédié au BIM a-t-il été créé ?
Le groupe de travail est né en 2015 à la suite de plusieurs initiatives isolées émanant de différents acteurs du secteur au Luxembourg. Après concertation, tous étaient d’accord pour fédérer leurs actions sous une seule et même bannière. L’avantage de ce groupe de travail est qu’il regroupe et représente l’ensemble des acteurs concernés : les maîtres d’ouvrage, les maîtres d’œuvre, les entreprises et les artisans.

Quel est l’objectif de ce groupe de travail ?
L’idée de départ est de standardiser le BIM, de déterminer une base commune pour permettre aux parties prenantes de pouvoir commencer à utiliser le BIM. Nous nous inspirons bien sûr de ce qui existe à l’étranger sans pour autant en faire un copier-coller mais en adaptant les méthodes et processus aux conditions locales.

Sur quelles thématiques planchez vous en ce moment ?
Nous travaillons actuellement sur l’élaboration d’un plan d’exécution BIM. C’est l’un des documents cruciaux pour l’application du BIM, à compléter ensuite par des fiches techniques, des tutoriels et autres. Il nous faut revoir et éventuellement redéfinir les rôles et responsabilités de chaque intervenant à chaque étape de l’élaboration d’un ouvrage.

Comment le BIM est-il implanté au Luxembourg ?
Il y a des précurseurs. C’est le cas de l’administration des Bâtiments publics qui l’utilise pour la gestion préventive de son patrimoine et qui, depuis quelques années déjà, exige des maquettes BIM pour le développement de projets. Certains bureaux d’architectes et bureaux d’études, ainsi que quelques entreprises y voient également une opportunité. Une poignée d’entre eux utilisent déjà le BIM dans leurs projets. D’une manière générale, nous avons noté une nouvelle dynamique depuis le lancement du groupe de travail. De plus en plus de professionnels s’intéressent à cette nouvelle méthodologie.

Qu’est-ce que les acteurs du monde de la construction ont à gagner à utiliser le BIM ?
D’après les premières expériences dans d’autres pays, les maîtres d’ouvrage ont pu constater que le BIM permet de réduire le coût d’un ouvrage et sa durée d’exécution et que, s’il est correctement mis en œuvre, il permet d’éviter certains conflits entre intervenants.

Les ingénieurs et architectes peuvent y trouver une meilleure collaboration. Échanger sur des maquettes en suivant des processus bien définis leur permet d’être plus compétitifs et de se concentrer sur leur cœur de métier, qui est la conception. L’interopérabilité fait aussi que bientôt nous communiquerons avec un format d’échange standard compatible avec tous les logiciels.

Quant aux entreprises, le BIM leur permet de disposer de maquettes bien élaborées. Elles peuvent donc établir des plans d’exécution et des offres plus précis en se basant sur des documents plus complets.

Les Facility Managers, enfin, peuvent extraire toutes les informations qui leur sont strictement nécessaires des maquettes numériques mises à jour à la fin du chantier.

À terme, l’idéal serait que chacun puisse échanger uniquement les données dont l’autre a besoin afin qu’il n’y ait ainsi plus de données manquantes ou superflues.

Comment voyez-vous l’avenir du BIM ?
Le BIM est inéluctable. L’implémentation dans d’autres pays a démontré les nombreux avantages du BIM. Il faut pourtant qu’il y ait un élément moteur et, dans les autres pays, c’était en l’occurrence les pouvoirs publics. On note certaines réticences, ce qui est compréhensible quand on est face à une innovation ou une révolution dans l’industrie. Le BIM requiert des investissements notamment dans les ressources humaines et dans la formation, ce qui peut expliquer les réserves des managers de petites et moyennes entreprises. Notre but est de trouver des solutions pour aider tous les acteurs à passer ce cap. La dynamique actuelle démontre que l’on commence à voir les avantages du BIM plutôt que ses inconvénients à court terme.

Le BIM ne constitue-t-il pas une menace pour les très petites entreprises ?
Elles ont au contraire, elles aussi, à y gagner. Les nouveaux logiciels et l’interopérabilité peuvent permettre de renforcer la collaboration entre les acteurs et simplifier bon nombre de tâches répétitives et administratives. Je pense par exemple au partage de plans, à l’élaboration de métrés ou de factures qui peuvent être automatisés, allégeant ainsi la charge de travail et réduisant le risque d’erreurs.

Mélanie Trélat

Source : NEOMAG

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Publié le mardi 10 janvier 2017
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