Transition vers 2050 (II) : un territoire, des acteurs

Transition vers 2050 (II) : un territoire, des acteurs

Le Luxembourg veut penser son avenir et rencontrer les enjeux en réinventant sa planification territoriale. La transition semble en marche. Infogreen se penche sur des initiatives. Aujourd’hui : les experts pluridisciplinaires dans une consultation internationale.

On a vu que le ministre en charge de l’Aménagement du territoire a lancé une grande « consultation internationale urbano-architecturale et paysagère » dans le cadre de « Luxembourg in Transition », en version courte CI-LIT. Dans la logique gouvernementale, cette action « s’inscrit dans la continuité des politiques nationales en matière de mobilité, de logement, d’environnement et de climat et tout particulièrement en accord avec le Plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC) ». Mais l’approche vise aussi à « se démarquer d’une procédure habituelle de mise en concurrence de professionnels de la maîtrise d’œuvre pour l’obtention d’un marché ».

La consultation se veut pluridisciplinaire, comme doit l’être une réflexion sur le territoire au demeurant, et elle convoque au chevet de la réflexion des équipes d’experts. La mission est bien de développer une nouvelle vision pour les territoires habités, à travers le prisme de la transition écologique. Et dans ce cas précis, précise le ministère, « du paysage métropolitain luxembourgeois ».

L’auréole, parce qu’elle le vaut bien

CI-LIT est bien identifiée comme « l’invention d’une nouvelle forme de recherche-action », un appel à idées portant sur l’évolution de la « région fonctionnelle luxembourgeoise ». Le tout, porté à l’horizon 2050, devra traduire « les données et faits, les idées, les concepts et les outils du projet en formes visuelles lisibles et compréhensibles pour tout un chacun ». Un gros programme donc, de consultation et d’avancées, tantôt parallèles, tantôt recoupées entre disciplines, dont les résultats devront guider et accompagner l’action des décideurs pour les années à venir.

Il s’agit aussi de sortit du débat d’experts en appuyant sur le sentiment d’appartenance et de cohésion territoriale, avec l’adhésion des populations concernées à un projet de portée et de soutien collectifs. Comme pour le précédent projet consultatif (voir l’article précédent), il s’agit aussi d’alimenter le programmes directeur d’aménagement du territoire, qui compte deux horizons, 2035 et 2050.

En fait, la notion de « paysage métropolitain luxembourgeois » prend en compte les enjeux à l’échelle d’un territoire qui est forcément ouvert à l’espace transfrontalier – la Grande Région aimantée par le pôle grand-ducal –, matérialisé par des projets comme Alzette-Belval entre autres et conditionné par d’intenses flux extra-frontaliers. Ainsi, précise le ministère, la consultation concerne « le territoire du Grand-Duché de Luxembourg et de son auréole fonctionnelle immédiate, à savoir son aire métropolitaine transfrontalière ».

On se trouve donc bien en deçà de la Grande Région mais dans le périmètre d’un bassin de vie de près de 11000 km2, incluant les communes allemandes, belges et françaises où un nombre significatif d’actifs frontaliers résident. On parle de 715 communes et de quelque 2 millions d’habitants.

Complexité et multiplicité

On parle aussi, par défaut, de niveaux d’encadrement administratif complexes – municipalité, intercommunalité, province, région, communauté, Länder, département, état souverain… Et donc aussi, implicitement, de calendriers décisionnels complexes et potentiellement asynchrones.

Pour donner du liant à la sauce luxembourgeoise, la CI-LIT est pilotée par un Comité interministériel, où l’on retrouve les compétences de l’aménagement du territoire, l’énergie, l’économie, les classes moyennes, l’environnement, le climat, le développement durable, le logement, la mobilité, les travaux publics, à géométrie variable, adaptable ou extensible selon l’avancement des travaux.

Un comité consultatif l’accompagne : on y retrouve les chambres, de commerce, des métiers et des salariés, la Fondation Idea, le conseil supérieur pour un développement durable, le conseil national pour la construction durable, le conseil supérieur de l’aménagement du territoire, le Statec, l’OAI (ordre des architectes et ingénieurs) et le LUCA (centre pour l’architecture), le Liser (recherche publique en études socioéconomiques), le Mouvement écologique, le SYVICOL (syndicat des villes et communes luxembourgeoises). Cela fait déjà du monde dans la pluridisciplinarité, et il en manque sûrement plus d’un à l’appel…

Société civile et scanner scientifique

À partir de janvier 2021, ce comité consultatif sera élargi avec la création d’un « groupe citoyen » représentatif de la société luxembourgeoise, composé de 20 à 30 citoyens. Et donc, on incorporera aussi des participants à cette concertation, des interlocuteurs réguliers de l’Aménagement du territoire venus de différents organes de la Grande Région.

L’ensemble aura recours à un Comité scientifique, pluridisciplinaire, de 15 « personnalités de renommée internationale », qui scannera les dossiers à chaque étape, pour les évaluer, afin que le pilotage interministériel puisse délibérer en connaissance de cause… Un accompagnement jugé « essentiel pour garantir l’indispensable rigueur scientifique, technique et prospective des travaux ».

Une sacrée machine à mettre en branle. Elle s’est dotée d’une méthodologie et d’objectifs, que l’on passera en revue dans un prochain article, en croisant les données avec d’autres acteurs intéressés à la cause.

Alain Ducat

Photo : Schengen, symbole de frontières et d’ouverture - © SIP / Marc Schoentgen

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Publié le mardi 10 novembre 2020
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