Time to be lean – la sobriété dans la conception des bâtiments

Time to be lean – la sobriété dans la conception des bâtiments

Pour atteindre nos objectifs de réduction carbone dans le secteur de la construction, il ne suffira pas de simplement remplacer nos matériaux traditionnels par des matériaux « bas carbone ». Un changement bien plus profond qui remet en question nos demandes initiales et intègre la sobriété dans la conception devra être à l’ordre du jour.

Les efforts déployés jusqu’à présent pour décarboner le secteur de la construction se sont presque exclusivement concentrés sur l’efficacité énergétique des bâtiments, négligeant les émissions de CO2 liées aux matériaux de construction (le « carbone incorporé »). Heureusement, cette tendance est en train de changer, et le Luxembourg se prépare également à réglementer l’analyse du cycle de vie (ACV) des GES dans les prochaines années. Cette évolution est cruciale, car le carbone incorporé représente désormais plus de 60% des émissions totales d’un bâtiment neuf.

Lee Franck
Lee Franck

Alors, comment pouvons-nous réduire le carbone incorporé de nos projets de construction ? La réponse la plus évidente serait de dire que si ce sont les matériaux qui posent problème, utilisons tout simplement des matériaux moins émissifs. Par exemple, de plus en plus de projets optent pour le bois, qui, en général, s’avère être l’option la moins émettrice de CO2 par rapport au béton et à l’acier. Cependant, les économies de CO2 (en supposant que le carbone biogénique soit correctement pris en compte sur l’ensemble du cycle de vie) demeurent modestes par rapport à d’autres décisions de conception. De plus, ces économies ne sont réalisables que si le mode constructif choisi permet de limiter au maximum le recours à des éléments complémentaires nécessaires à l’atteinte des performances thermiques, acoustiques, d’étanchéité à l’eau et à l’air, de sécurité incendie, de stabilité, etc. (revêtements, colles, peintures, isolations, par-vapeurs, étanchéités, aciers, …). Le développement de matériaux bas carbone a un coût, ce qui pose un défi étant donné les prix de l’immobilier déjà inabordables aujourd’hui, et il faudra du temps pour augmenter leur échelle – un temps dont nous ne disposons tout simplement pas.

Alors, sur quoi devrions-nous concentrer nos efforts dès maintenant ? En ce qui concerne le carbone incorporé d’un bâtiment, les deux tiers sont générés par la production des matériaux eux-mêmes, tandis que moins de 3 % résultent des activités sur le chantier. Par conséquent, les activités sur le site ne devraient pas être notre principale préoccupation. En ce qui concerne les matériaux, la majeure partie du CO2 est présente dans la structure, notamment dans les dalles, sous-sols et fondations.

En gardant cette priorisation à l’esprit, il est essentiel de comprendre que les opportunités de réduire les émissions de CO2 sont les plus importantes dès le début d’un projet. Par conséquent, il est impératif d’impliquer l’ensemble de l’équipe de conception, y compris l’ingénieur en structure, dès le début du projet, et de mettre un accent particulier sur les phases de programmation et de design conceptuel.

LEEN collabore avec les clients et les équipes de conception pour élaborer une hiérarchie de stratégies à explorer :

La sobriété – Pouvons-nous construire moins ? Assouplir nos critères de dimensionnement ? Intégrer des fonctions ? Mais également, pouvons-nous conserver ce que nous avons déjà ? Ou du moins, réutiliser certaines parties (comme les fondations ou les noyaux). Pouvons-nous récupérer des matériaux d’autres sites ?

L’intelligence – Pouvons-nous créer des descentes de charge plus directes ? Optimiser les portées ? Utiliser des formes structurelles efficaces ? Et déterminer le matériau le plus approprié ?

L’efficience – Pouvons-nous optimiser les quantités de matériaux ?

Et seulement une fois que toutes les autres possibilités ont été explorées, pouvons-nous spécifier des matériaux à faible teneur en carbone ?

Hiérarchie de stratégies « bas carbone » Institution of Structural Engineers (UK)

Donc, au lieu de parier sur des matériaux et des technologies innovants, comment pouvons-nous être beaucoup plus ingénieux avec ce que nous avons et savons déjà ? Il n’y a aucun doute que pour cela, nous devrons revoir nos normes constructives et adapter nos contrats, qui ne pourront plus être basés sur des critères de quantités de matériaux.

Enfin, nous ne devrions pas oublier que le bâtiment le plus durable sera toujours celui que nous ne construirons pas du tout ! La solution à notre crise climatique sera bien moins de nature technologique que de nature humaine et philosophique, une solution où nous nous demanderons comment notre monde matériel peut réellement contribuer à notre santé et à notre bonheur.

Lee Franck
LEEN
Article tiré du dossier du mois « INCO₂MPATIBLES »

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Publié le lundi 6 novembre 2023
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