Santé environnementale au travail, une question de consensus

Santé environnementale au travail, une question de consensus

Dans cette édition dédiée à la santé dans les bâtiments, SECO Luxembourg a choisi de mettre l’accent sur la notion de santé environnementale en donnant la parole à son partenaire spécialisé dans ce domaine, eSST.

Interview d’Éric Scholer, consultant-formateur en sécurité et santé au travail et associé chez eSST

La santé environnementale est une notion très vaste. Comment la définit-on ?

Une définition officielle de la santé environnementale a été donnée par l’OMS en 1994 lors de la conférence d’Helsinki. Elle est la suivante : « La santé environnementale comprend les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. Elle concerne également la politique et les pratiques de gestion, de résorption, de contrôle et de prévention des facteurs environnementaux susceptibles d’affecter la santé des générations actuelles et futures ». C’est dire qu’elle couvre un périmètre extrêmement large et que les définitions ne sont pas évidentes à mettre en place.

La médecine environnementale, quant à elle, diagnostique et prend en charge les maladies ou affections dont on a démontré l’origine environnementale. Elle relève de la sphère publique et vise à prouver et à interpréter, par le biais de plusieurs méthodes, les liens entre la dégradation de l’environnement et la santé.

Comment la mesure-t-on ?

On l’évalue dans le cadre d’un exercice participatif, par rapport aux remontées subjectives des collaborateurs sur le bruit, l’éclairage ou encore la température, notamment. Mais nous constatons que les feedback négatifs ont souvent une causalité plus sournoise que nous devons rechercher et comprendre.

La métrologie doit être très précise, elle nécessite des compétences, une méthodologie et la prise en considération de nombreux paramètres afin de ne pas obtenir de résultats faussés. Par exemple, si l’on veut mesurer le niveau sonore dans un open space, il faut savoir que certains jours sont plus calmes que d’autres en termes d’appels téléphoniques et que ces appels augmentent de 30 % les lendemains de jours pluvieux. Et, lorsque l’on veut, par la suite, en tant que préventeurs, mettre en place des actions qui, par nature, touchent à l’organisation du travail, il faut toujours être dans l’échange et trouver un consensus social.

Où en est-on en matière de législation au Luxembourg ?

La notion de médecine environnementale a été prise en compte dès 1994, avec l’institution d’un service dédié. Un service de métrologie a été créé en 2008 qui avait pour mission première d’étudier la qualité de l’air et l’environnement intérieur des lieux de travail. La division de la Santé au travail et de l’Environnement date, quant à elle, de la loi du 24 novembre 2015 modifiant la loi du 21 novembre 1980 portant organisation de la direction de la Santé. Nous avons donc une notion importante de l’aspect environnemental au Luxembourg, ainsi que des compétences dans ce domaine, et des études extrêmement poussées sur les matériaux sont menées dans le secteur public.

Il faut savoir qu’environ 25 % des bâtiments seraient porteurs du SBS (sick building syndrome ou syndrome du bâtiment malsain). Leurs composants sont responsables de pollution interne qui peut générer des pathologies importantes chez leurs usagers (des cancers, entre autres) concernant l’ensemble du corps humain, de par les agents biologiques, les substances et préparations chimiques, les perturbateurs endocriniens qu’ils diffusent, les fibres, les poussières ou nanoparticules qu’ils dégagent, ou les rayonnements ionisants et non-ionisants qu’ils émettent, par exemple.

Mélanie Trélat
NEOMAG#25
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Publié le mardi 22 octobre 2019
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