Rétablir la continuité écologique

Rétablir la continuité écologique

La renaturation de la Syre est liée au projet « An der Schmëtt » à Wecker piloté par le Fonds du Logement. Au programme, notamment, une rampe de franchissement pour poissons et la revalorisation du cours d’eau sur un tronçon actuellement dépourvu de structures favorables au développement de la flore et de la faune aquatiques.

L’Administration de la Gestion de l’Eau vient d’annoncer et de détailler le projet de renaturation de la Syre à Wecker. Pour le compte de l’Administration communale de Biwer, cette renaturation est aussi inscrite dans le cadre du PAP « An der Schmëtt ».

Pour rappel, le Fonds du Logement y réalisera 164 logements abordables pour la location et la vente selon un concept urbanistique durable. La participation financière totale de l’État a été estimée à 108 millions d’euros. Le premier coup de pelle des travaux d’infrastructures a été donné en mars dernier.

Et il y a donc d’autres travaux à mener en parallèle. « Il s’agit pour le cours d’eau de retrouver sa continuité écologique par abaissement, tout en intégrant au sein d’un quartier d’habitation sa diversité et son hétérogénéité favorisant toutes deux la biodiversité », explique-t-on chez L.S.C. Engineering Group, qui pour le coup est impliqué au départ de l’étude et l’est encore dans le suivi des travaux avec notamment la topographie, l’hydraulique et les infrastructures par Luxplan, la géotechnique par Géoconseils, les ouvrages par Simon-Christiansen & Associés et le suivi des travaux par BFH. « Nous avons hâte de voir ce cours d’eau retrouver un aspect naturel et devenir le poumon vert du quartier. Rendez-vous dans quelques mois pour la fin des travaux et dans quelques années pour constater l’ampleur des changements bénéfiques engagés », commente-t-on avec enthousiasme.

Une rampe pour les poissons

Mais en quoi consistent ces travaux ? L’Administration de la gestion de l’eau explique le dossier. Il s’agit d’une renaturation de la Syre, sur une longueur d’environ 500 mètres, dans le périmètre du PAP « An der Schmëtt ». L’Administration communale de Biwer est maître d’ouvrage du projet, cofinancé par le Fonds pour la gestion de l’eau.

Le cœur du projet, c’est de rendre franchissable un barrage existant, de façon écologique, et de revaloriser le cours d’eau « sur un tronçon actuellement dépourvu de structures favorables au développement de la flore et de la faune aquatiques pourtant typiques de la Syre ».

L’objectif est donc de rétablir la continuité écologique. Notamment en remplaçant le barrage actuel par une rampe franchissable par les poissons et par la faune aquatique. « Un lit d’été sera créé pour garantir une lame d’eau suffisante, même en période d’étiage ».

Ainsi, en vue d’améliorer l’état écologique devenu médiocre de la Syre, la renaturation prévoit différentes mesures dont :

  • l’abaissement du barrage existant de 50 cm et l’aménagement d’une rampe rugueuse,
  • l’élargissement du lit du cours d’eau avec la création de méandres,
  • la création d’une diversité d’écoulement en intégrant des éléments de structure en bois mort,
  • la diversification des faciès du cours d’eau en créant de mouilles et radiers,
  • la structuration des berges moyennant des éléments en bois mort,
  • l’installation d’une végétation diversifiée et adaptée.

Comme l’explique encore l’administration compétente, la mesure de renaturation envisagée est prévue dans le programme de mesures du plan de gestion pour la partie luxembourgeoise des districts hydrographiques internationaux Rhin et Meuse 2021-2027. Le projet est mis en œuvre pour répondre aux objectifs environnementaux de la directive cadre européenne sur l’eau.

Toute une philosophie

Rien dans ce projet n’est fait au hasard, il y a toute une stratégie, une philosophie même. « Un écosystème fonctionnel nécessite en effet une mise en réseau des habitats favorables les plus divers. Tout au long de leur cycle de vie, les organismes aquatiques, tels que les poissons, dépendent de ces habitats. Ils devraient rester accessibles sans restriction, tout au long de l’année pour favoriser le déplacement des espèces dans l’écosystème et préserver des biocénoses autoreproductrices », détaillent les responsables en suivant la directive cadre.

La mise en œuvre du projet sur la Syre a commencé en avril dernier. L’Administration de la gestion de l’eau, le bureau d’étude et un expert en écologie piscicole assurent le suivi rapproché du projet. « Cet accompagnement garantit une mise en œuvre selon les règles de l’art et en accord avec tous les objectifs de protection écologique ».

Durant le chantier, des incidences négatives temporaires peuvent affecter plusieurs tronçons ; le cours d’eau a d’ailleurs été partiellement dévié pendant les travaux. Mais cela se gère et s’accompagne, notamment par un sauvetage des organismes. Ainsi, des experts sont chargés de procéder à des pêches de sauvetage afin de ménager au maximum les poissons et autres résidents de l’eau.

De même, un abaissement partiel d’un barrage conduit inévitablement à la destruction de certaines structures existantes, mais qui conduit à long terme à un rétablissement de la dynamique naturelle du cours d’eau. Une nouvelle végétation diversifiée s’installera sur les rives et des habitats aquatiques de valeur verront le jour. « Ces nouvelles structures faciliteront le développement de la biodiversité en constituant une réserve pour la faune et la flore locale. Le tronçon pourra être colonisé durablement par des organismes typiques des cours d’eau ».

L’objectif de ce projet est non seulement de valoriser la Syre sur le plan écologique, mais aussi d’améliorer la qualité de vie de la population locale.

L’impact sera très positif pour la faune piscicole qui, au cours de son cycle de vie, dépend de différents habitats dans le cours d’eau, comme les frayères en amont, pour la reproduction. « Actuellement, la migration dans le tronçon en amont du barrage n’est pas possible, car il n’y a pas de continuité à cet endroit et les habitats du cours supérieur de la Syre ne sont donc pas accessibles aux organismes aquatiques ».

Autre exemple, la présence de la sarcelle d’hiver, qui préfère les eaux stagnantes comme habitat, indique que la Syre n’est pas dans un état proche de l’état naturel sur ce tronçon, et ce en raison de l’espace de retenue non naturel en amont du barrage.

Avec le rétablissement de la continuité et la création d’un tronçon riche en structures par de petites mesures d’accompagnement, comme l’installation d’éléments structurels et de déflecteurs de courant, le tronçon actuel ne sera pas seulement utilisé comme corridor de migration, mais aussi à l’avenir comme habitat où s’installeront des espèces végétales et animales typiques, qui font actuellement défaut.

Alain Ducat
Photos : Administration de la Gestion de l’Eau/Fonds du Logement

Article
Publié le jeudi 30 juin 2022
Partager sur
Avec nos partenaires
LSC Engineering Group
Fonds du Logement
Nos partenaires