« Repenser la filière textile, c'est repenser l'économie »

« Repenser la filière textile, c’est repenser l’économie »

La défense de conditions de travail décentes et de la non-violation des droits humains dans les chaînes d’approvisionnement est au cœur du travail de Caritas et de Fairtrade. Les deux organisations s’intéressent particulièrement à la filière textile et, pour sensibiliser le public aux problématiques qu’elle soulève, elles ont lancé ensemble la campagne Rethink your Clothes.

C’est sur cet aspect qu’il va falloir évoluer parce que nous sommes vraiment dans une urgence, climatique mais aussi humaine, et il ne faut pas toujours attendre que ce soient les états qui opèrent le changement », souligne-t-elle. « Certes, mais le gouvernement a aussi un rôle important à jouer », répond Geneviève Krol, directrice de Fairtrade Lëtzebuerg, « Il finance ce genre de campagne et, pour être cohérent, il faudrait aussi qu’il sensibilise les acteurs publics (institutions, ministères, hôpitaux ou entreprises publiques), pour qu’ils intègrent dans leurs appels d’offres les critères du commerce équitable ».

En tant que consommateur, nous pouvons agir en nous attaquant à la cause du gaspillage, en nous posant la question : « Ai-je vraiment besoin d’autant de vêtements ?  », en en achetant moins et en prolongeant leur utilisation. « Prolonger la durée de vie de nos vêtements, c’est respecter la personne qui a travaillé dans de mauvaises conditions pour les fabriquer et, en même temps, réduire son empreinte écologique », indique Ana Luisa Teixeira.

Nous pouvons aussi nous demander si nos marques préférées respectent les droits humains et l’environnement sur toute la chaîne. « Le consommateur peut se référer à des labels, comme Fairtrade et GOTS. Il est important pour nous d’avoir une vue globale, de veiller à ce que les travailleurs soient rémunérés correctement, à ce qu’ils travaillent dans des conditions dignes, à interdire le travail forcé et celui des enfants ET à ne pas utiliser d’OGM et de pesticides, à avoir une utilisation réglementée des colorants et une gestion durable des déchets et de l’eau », indique Geneviève Krol.

Le rôle de Caritas est de montrer qu’il existe d’autres manières de consommer (vide-dressings, seconde main, do it yourself, etc.) et d’organiser des évènements autour de ces alternatives. « Nous privilégions des partenariats qui sont dans une dynamique circulaire, comme le projet de BENU, par exemple », précise la coordinatrice. La fondation cible particulièrement les jeunes car les vêtements sont liés à l’identité, une question particulièrement prégnante à cette période de la vie. « Le shopping est un hobby hebdomadaire qui s’est banalisé. Le pouvoir d’achat est tellement élevé et le prix des vêtements si dérisoire que les jeunes peuvent s’acheter des vêtements tous les samedis avec leur argent de poche.

Mais a-t-on vraiment besoin d’acheter si souvent ? », demande-t-elle. Un vide-dressing inter-lycées sera organisé le 15 juin au Forum Geesseknäppchen, auquel les étudiants sont invités à exposer, mais qui sera également ouvert au grand public. Caritas a aussi produit avec la réalisatrice Charlotte Bruneau, un docufiction d’une vingtaine de minutes Bruneau, un docufiction d’une vingtaine de minutes
( https://www.youtube.com/watch?time_... )
diffusé sur demande dans les lycées mais aussi destiné à un public adulte. Il fait le parallèle entre deux jeunes filles : l’une qui vit au Luxembourg, l’autre qui travaille dans une usine au Bangladesh. « Nous avons voulu que ce film soit un outil d’éducation à la citoyenneté mondiale. En ce sens, il permet d’analyser des enjeux mondiaux dans une approche systémique, de confronter cette analyse à des valeurs personnelles, mais aussi de prendre position et de faire des choix », précise Ana-Luisa Teixeira. La fondation propose également des ateliers d’upcycling qui ont beaucoup de succès auprès d’un public très diversifié.

Quant à Fairtrade, dans ce mandat spécifique, son action vise d’abord le grand public, que l’ONG sensibilise à travers ses réseaux sociaux et en participant à des évènements spécifiques. « Nous voulons susciter un intérêt, une prise de conscience. Le textile est un secteur très opaque sur lequel le consommateur se pose encore peu de questions, beaucoup moins de questions que sur les produits alimentaires », explique la directrice.

Fairtrade attire aussi l’attention des responsables achats et RSE dans les entreprises sur des achats plus réfléchis. Elle a, pour ce faire, développé une formation ludique animée par Alex Monteiro qui fait du théâtre d’improvisation. Elle permet aux participants de se mettre dans la peau des producteurs de coton ou des travailleurs dans les usines au Bangladesh.

L’ONG favorise également le développement d’une offre de vêtements labélisés Fairtrade et GOTS au Luxembourg, en mettant en relation partenaires luxembourgeois et fournisseurs étrangers. Elle le fait aussi bien auprès d’entreprises publiques ou privées qui consomment beaucoup d’habits qu’auprès de boutiques.

Enfin, l’éducation à la citoyenneté étant au centre des activités de Fairtrade Lëtzebuerg, elle a créé des ateliers de sensibilisation sur le textile destiné à un jeune public (à partir de 12 ans) qui connaissent un grand succès. Une vingtaine de sessions ont déjà eu lieu depuis la rentrée de septembre dans des lycées ou maisons des jeunes et la liste d’attente est longue.

Mélanie Trélat
Photo Cover : Ana Luisa Teixeira coordinatrice Plaidons Responsable chez Caritas Luxembourg par Fanny Krackenberger
Légende photo corps du texte : Geneviève Krol, directrice de Fairtrade Lëtzebuerg

Dossier du mois Infogreen « Les dessous du textile »

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Publié le mercredi 20 février 2019
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