Pour le vert en ville, contre la consommation des sols

Pour le vert en ville, contre la consommation des sols

L’aménagement du territoire a lancé deux sondages avec ILRES. Les réponses des résidents confirment les objectifs mais aussi une évolution des mentalités, en cours ou à promouvoir.

Pour le ministère de Claude Turmes, les réponses des résidents confirment les objectifs du projet de Programme directeur d’aménagement du territoire (PDAT2023). Le Département de l’aménagement du territoire avait lancé deux sondages avec ILRES portant, d’une part sur « Qualité de vie et développement urbain futur » et, d’autre part, sur le thème « Imperméabilisation et consommation du sol ». Plus de 2.000 résidents ont ainsi été interrogés.

Pour le ministre Turmes, « associer les résidents devrait être la norme puisqu’ils sont et seront directement concernés par les orientations stratégiques de l’aménagement du territoire. Il s’agit de faire émerger des propositions et des points de vue, dans le sens d’une prise de conscience d’un projet de territoire qui nous est commun. Les deux sondages menés soit me confortent dans nos démarches menées ces dernières années et les stratégies retenues dans le projet de PDAT2023, soit apportent des nouvelles pistes de réflexions à approfondir dans l’intérêt de la population ».

L’environnement, c’est la vie

Du premier volet thématique sondé, il ressort notamment que 54% des habitants du pays jugent très bon voire excellent l’environnement dans lequel ils habitent. Ce qu’ils préfèrent ? Un accès à la forêt (60%), la propreté (55%) et le calme (49%).

Sont jugés positifs également, pour une bonne qualité de vie, des éléments de proximité par rapport au logement, comme des transports en commun, des parcs ou des espaces verts (86%), des sentiers pédestres (83%), une offre de soins disponible (80%), des commerces (79%), des zones de loisir (72%), des restaurants et cafés (70%), ou encore des pistes cyclables, une offre culturelle, des écoles, une zone piétonne, des services administratifs et financiers… Nettement moins plébiscités, de nouveaux logements à proximité du leur ne séduisent que 25% des résidents luxembourgeois.

On trouve aussi dans l’étude des informations sur le rapport à la mobilité… et à sa voiture. Les deux tiers des sondés préfèrent avoir un parking devant leur porte plutôt qu’une aire de rencontre tranquille à une centaine de mètres. Ceux qui préfèrent l’inverse ne disposent actuellement pas d’espace de stationnement.

Si 57% sont partants pour vivre dans un quartier sans voitures, ce taux grimpe à 65% parmi les 16-44 ans. 37% ne s’imaginent pas vivre dans un quartier sans voitures, surtout les plus de 45 ans et ceux disposant déjà d’un garage.

Petit camaïeu de vert

Si la vie en milieu rural est plutôt courue, les solutions pour apporter de la nature en ville sont aussi au rendez-vous. Ainsi, les espaces verts sont jugés incontournables dans un urbanisme de qualité. Et les vergers urbains suscitent davantage d’intérêt que les toits végétaux.

Dans les chiffres, 97% des répondants apprécient les espaces verts et autres parcs dans lesquels on peut se promener. Une demande claire ! 89% apprécient des rues bordées d’arbres ou agrémentées d’îlots de végétation. 69% citent des vergers urbains et partagés, en libre cueillette. 59% souhaitent des jardins potagers collectifs. Ils sont quand même 54% à parler toits ou/et façades végétalisés.

Mais cette occupation – et consommation – des sols rejoint directement le second volet, qui aborde également, plus en profondeur, des questions comme la valeur foncière ou les questions d’imperméabilisation des surfaces.

Limiter, c’est protéger…

De cette partie de l’enquête, il ressort que, pour protéger le sol et surtoutla (sur)consommation qui en est faite, 8 résidents sur 10 sont en faveur de limites.

83% des répondants aimeraient un « plafond » clairement posé dans le programme d’aménagement. 79% sont en faveur d’une limite fixée pour l’imperméabilisation du sol dans les projets futurs. 89% sont d’accord pour évaluer l’impact des futurs grands projets de construction sur la consommation du sol. Quant aux grands projets de construction actuels qui seraient en contradiction avec l’objectif de limiter cette consommation du sol, 73% sont d’avis qu’il faudrait les adapter et 15% voudraient même les stopper.

Par ailleurs, les résidents valident (à 88%) l’idée d’un usage multifonctionnel des bâtiments publics ou encore la mixité en mode vertical plutôt qu’horizontal (84%), ce qui rejoint les idées en faveur d’une construction plus en hauteur des bâtiments en ville (77%), la densification des quartiers existants (64%) ou la reconversion de parkings et boulevards (58%).

Globalement, 6 résidents sur 10 verraient bien une évolution des futurs quartiers vers des surfaces d’habitation plus petites, au profit d’espaces communs. Où les espaces verts de proximité auraient le beau rôle.

… pour construire autrement

Autres éléments intéressants – à défaut de surprendre -, l’accessibilité et le respect de l’environnement sont les deux critères les plus importants pour l’aménagement d’un nouveau centre commercial. Mais , l’offre, la localisation et la taille du parking viennent juste après dans les critères souhaités par les habitants. Et l’impact sur le paysage ne récolte que 19% des suffrages...

62% expriment une préférence pour un nouveau centre commercial de taille réduite dans une zone urbaine accessible par les transports en commun et la mobilité douce. 32% préfèrent voir construire un nouveau centre commercial hors zone urbaine, principalement accessible par un mode de transport motorisé et individuel.

Et la construction de nouveaux logements, bien nécessaire ? 64% sont en faveur de davantage de taxes pour les propriétaires qui détiennent des parcelles constructibles et ne souhaitent pas les vendre. 47% inciteraient le propriétaire réticent à vendre son terrain par la « force » d’une taxe foncière augmentée. 35% voudraient élargir la zone constructible dans le PAG.

Par ailleurs, si les plus âgés semblent davantage intéressés à vivre avec les plus jeunes, 20% seulement des 16-34 ans se montrent en faveur de la promotion de l’habitat intergénérationnel.

Le ministre Claude Turmes se dit conforté par la plupart de ces résultats, et interpellé par d’autres. « Il nous faut une nouvelle culture de la planification qui se traduit par le bon choix des endroits où on construit et une régénération des quartiers existants. Le sol est un bien commun qu’il nous faut préserver et l’extension des PAG n’est pas une priorité pour les citoyens. Accélérer la création de logements surtout abordables et garantir la préservation de la qualité de vie ne sont pas contradictoires, mais vont de fait main dans la main ».

Alain Ducat
Photos © MEA / DATer / © VDL

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Publié le mercredi 15 février 2023
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