Pour la libre circulation des poissons

Pour la libre circulation des poissons

À l’occasion de la "Journée mondiale de la migration des poissons", l’Administration de la Gestion de l’Eau souligne un fait peu connu : de l’Atlantique au Luxembourg, le saumon et l’anguille pourraient repeupler nos rivières dans un futur proche.

La Journée mondiale de la migration des poissons qui a eu lieu ce 24 octobre sous le slogan « Connecter les poissons, les rivières et les hommes », a pour but de sensibiliser le public à l’importance des rivières à écoulement libre et la libre circulation des poissons migrateurs.

Des rivières sans obstacles infranchissables pour la faune aquatique tout comme pour les sédiments sont essentielles pour la vie et la survie des poissons migrateurs. Cela peut sembler une évidence, mais les modifications à grande échelle que l’homme a apportées aux rivières du monde entier au cours des derniers siècles ont eu comme conséquence que la « continuité écologique » est devenue l’exception dans la majorité des rivières du monde.

« Au Luxembourg, le rétablissement de la continuité écologique de nos rivières est une des mesures principales dans le cadre de la mise en œuvre de la directive-cadre sur l’eau ainsi qu’au sein de différentes commissions fluviales internationales », explique Jean-Paul Lickes, directeur à l’Administration de la gestion de l’eau (AGE), l’organisme gouvernemental qui coordonne la gestion des ressources en eau du Grand-Duché du Luxembourg. Dans ce contexte, en février de cette année, la ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, Carole Dieschbourg, a signé l’accord d’adhésion du Luxembourg au nouveau programme prospectif « Rhin 2040 » de la Commission internationale pour la protection du Rhin (CIPR). Parmi les objectifs de ce programme, figure notamment le rétablissement de la continuité écologique, non seulement sur le cours principal du Rhin, mais également dans les grands affluents du Rhin comme la Moselle.

Migrer pour se reproduire

Le manque de continuité écologique dans les rivières est un problème non seulement pour les poissons, comme le saumon, la truite et l’anguille, qui doivent migrer le long de la rivière pour se reproduire et compléter leur cycle de vie, mais aussi pour le bon fonctionnement de l’ensemble de l’écosystème fluvial. Les rivières doivent avoir des lits et des berges naturelles sans obstacles, permettant un libre développement du cours d’eau caractérisé par des processus d’érosion et de sédimentation. Ceci est une dynamique indispensable pour la création d’habitats aquatiques diversifiés et adaptés à la faune et la flore indigène. Les rivières pouvant se développer dans ces conditions fournissent au public et à la nature des services écosystémiques importants, notamment la régulation des crues, une réutilisation des nutriments et le filtrage de l’eau.

Autrefois, des poissons tels que le saumon, la truite, la lamproie et l’anguille comptaient parmi les espèces typiques et fréquentes de nos rivières. Encore au XIXe siècle, le Luxembourg avait une communauté de pêcheurs florissante et chaque novembre l’arrivée des saumons et d’autres espèces remontant la rivière, marquait le début d’une fête folklorique. Suite aux travaux de canalisation de la Moselle qui se sont achevés en 1964, le saumon n’est plus retourné dans nos eaux. Il en est de même pour d’autres poissons migrateurs tels que la lamproie et l’anguille, qui peuvent apparaître occasionnellement dans nos eaux, mais qui se battent pour leur survie.

Actuellement, quelque 1000 barrières et barrages de différents types et dimensions sont présents dans les rivières luxembourgeoises. Ces obstacles empêchent le libre développement du cours d’eau. Du point de vue écologique, l’enlèvement de l’obstacle constitue donc la meilleure mesure pour rétablir une dynamique et structure naturelles et constitue souvent également la variante économiquement la plus viable.

L’anguille européenne est une espèce particulièrement intéressante en termes de son cycle de vie. Ce poisson entreprend une des migrations les plus impressionnantes et mystérieuses du monde animal. En effet, après leur naissance à quelques 1.000 mètres de profondeur dans la mer des Sargasses (située à l’est de la Floride et du triangle des Bermudes), les petites anguilles parcourent environ 5000 kilomètres vers les côtes européennes sur une période de deux à trois ans. Y arrivées, elles remontent les rivières et y passent leur phase de croissance et de vie adulte avant de retourner vers la mer des Sargasses pour se reproduire.

Deux projets phares

« Notre but est d’atteindre le bon état de nos masses d’eau. Pour les eaux de surface, ceci couvre à la fois le volet de l’hydromorphologie, de la qualité des eaux et de la biodiversité », souligne Luc Zwank, directeur adjoint à l’AGE. « Également, dans le cadre de la stratégie européenne pour la biodiversité avec l’horizon de 2030, le rétablissement de la continuité écologique range parmi les objectifs principaux », ajoute-t-il. C’est dans ce contexte qu’un programme ambitieux de remise en état (quasi) naturel des rivières luxembourgeoises doit être réalisé. À titre d’exemple, deux grands projets phares qui sont actuellement en phase de préparation peuvent être cités, à savoir la revitalisation de l’Alzette de Luxembourg-Ville à Mersch, ainsi que celle de la vallée de la Pétrusse dans la ville de Luxembourg. Un autre développement récent est le commencement du chantier pour le rétablissement de la continuité écologique en termes de montaison au niveau de la centrale hydroélectrique de Rosport dans la Sûre. Ce dernier permettra aux poissons de remonter à partir de la Moselle vers la Sûre et ses affluents, respectivement les autres rivières luxembourgeoises, une fois que la continuité écologique sera rétablie dans la Moselle.

Même si les défis pour protéger nos ressources en eaux restent nombreux, les solutions commencent au niveau de la prise de conscience de ce sujet et par la volonté de contribuer à la protection des ressources en eaux.

Communiqué par : ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable / Administration de la gestion de l’eau

Photos : AGE/Lawrence Müller/Carole Molitor

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Publié le mardi 27 octobre 2020
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