Plus de 500 millions en coopération

Plus de 500 millions en coopération

L’Aide publique au Développement (APD) du Luxembourg dépassera, pour la première fois, les 500 millions d’euros, selon le ministre Fayot

Selon les prévisions budgétaires, et malgré la situation économique dans le contexte global secoué, il est probable que l’Aide publique au Développement (APD) du Luxembourg dépassera, pour la première fois, les 500 millions d’euros. C’est Franz Fayot, ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, qui en a fait part, quasi discrètement, en fin de séance d’information face aux députés, dans la déclaration sur la politique et les enjeux de la Coopération luxembourgeoise.

Alors que la COP27 éteint ses derniers feux en Egypte, le Luxembourg continue à monter des projets de coopération – climatiques entre autres – avec les pays en développement. Le contexte économique et belliqueux, suivant une pandémie qui a laissé des traces, tout cela rend l’effort plus que jamais nécessaire.

Devant la Chambre, le ministre Fayot a tenu à souligner les efforts renforcés de la Coopération luxembourgeoise, entre autres pour faire face à l’insécurité alimentaire : l’action humanitaire lutte contre la faim aiguë, les projets de coopération au développement œuvrent à rendre les systèmes alimentaires plus résilients à long terme. « Alors que le Luxembourg a déjà investi environ 40 millions d’euros dans l’agriculture durable et l’accès aux denrées alimentaires en 2021, ce montant s’élèvera à plus de 60 millions d’euros en 2022, ce qui représente plus de 10% de l’aide publique au développement », précise Franz Fayot.

Accélération, innovation et renforcement

Avec quelque 275 millions de personnes ayant besoin d’assistance humanitaire et de protection selon les Nations unies, le Luxembourg s’engage à consacrer à l’avenir au moins 15% de son APD à des fins humanitaires.

Le Luxembourg accueillera, en juin 2023, la première édition d’un programme d’accélération international (Humanitarian Innovation Accelerator) organisé en collaboration avec le Programme alimentaire mondial.

Franz Fayot a également présenté l’orientation future de la coopération au développement bilatérale. Le Luxembourg intensifiera ses relations avec le Rwanda et le Bénin. Les projets viseront notamment à promouvoir l’État de droit et la bonne gouvernance, une agriculture et une sécurité alimentaire durable ainsi que l’accès amélioré à la finance inclusive au bénéfice des paysans.

Le ministre a rappelé l’importance que la Coopération luxembourgeoise accorde au respect des droits humains dans toutes ses interventions. Afin de renforcer son engagement, la Coopération luxembourgeoise prévoit d’augmenter le budget alloué aux projets qui promeuvent spécifiquement la protection des droits humains. Ceux-ci, avec la sécurité alimentaire, seront des sujets prioritaires lors des Assises de la Coopération qui se tiendront en décembre.

La Coopération luxembourgeoise renforcera par ailleurs son soutien aux ONGD. Elle renforcera ainsi sa contribution à la prise en charge de leurs frais administratifs réels à travers une augmentation du plafond pris en compte de 14 à 15%.

Les réserves du Cercle

Pour le Cercle de Coopération des ONG, l’importance accordée à la sécurité alimentaire et l’intention du Luxembourg de continuer de soutenir les sociétés civiles dans des anciens et actuels pays-partenaires ont été des moments marquants de la déclaration de Franz Fayot. « L’annonce de développer davantage des instruments digitaux pour renforcer le rôle du Luxembourg comme centre de l’aide humanitaire internationale, notamment, indique une volonté forte d’innovation ».

Par ailleurs, le Cercle estime que « le focus devrait porter sur l’agroécologie comme approche essentielle de la sécurité alimentaire et du changement climatique ».

Il émet aussi des réserves quant à la vision de faire des acteurs commerciaux du secteur privé des acteurs centraux de la coopération luxembourgeoise. « Même si les procédures de due dilligence internes du ministère sont très importantes, elles ne sauront remplacer une loi nationale forte sur un devoir de vigilance ».

Alain Ducat

Photos : CHD.lu, LuxDev

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Publié le lundi 21 novembre 2022
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