Overshoot Day : le Luxembourg déjà à crédit

Overshoot Day : le Luxembourg déjà à crédit

Selon la méthodologie établie par le Global Footprint Network, le Luxembourg a déjà épuisé, en date du 15 février, toutes les ressources à sa disposition pour l’année 2021. En 2020, c’était le 16 février.

Un jour plus tôt que l’an passé… Selon le Nohaltegkeetsrot, Conseil Supérieur pour un Développement Durable (CSDD), qui s’appuie sur les méthodes de calcul et la collation de données de l’association Global Footprint Network, le Luxembourg a déjà théoriquement épuisé les ressources naturelles dont peut disposer le pays en un an, depuis ce 15 février 2021.

Le calcul est à la fois symbolique et inquiétant, puisque, l’an passé, alors que l’on entrait en pandémie signifiant sérieux ralentissement des activités, ce « Overshoot Day » ou jour du dépassement, était tombé le 16 février.

Ressourcivore

Les raisons sont multiples, comme le sont les sources officielles qui conduisent à cette formule mathématique. Laquelle n’est pas nécessairement favorable au Luxembourg, essentiellement à cause du grand écart entre la taille du pays – et de son nombre d’habitants – et son hyperactivité – nourrie à un contexte transfrontalier et international (comme expliqué sur Infogreen en 2020).

Il n’empêche que le Luxembourg a franchi le seuil de son « crédit écologique », en ayant déjà consommé l’ensemble des ressources naturelles que le pays peut produire en un an. Comme l’an passé, cela lui vaut une peu glorieuse 2e place, derrière le Qatar, au classement mondial des plus gros et plus rapides « ressourcivores » de la planète.

Le jour du dépassement mondial, non encore annoncé pour 2021, était survenu le 22 août en 2020.

Le CSDD explique une série de données et constats dans un communiqué où est détaillée l’empreinte écologique, un outil qui permet de tenir une sorte de comptabilité des ressources naturelles selon une approche globale.

« Elle intègre la plupart des pressions qui pèsent sur la capacité de la biomasse terrestre à se régénérer. Plus précisément, l’empreinte écologique mesure l’exploitation de six catégories de surfaces productives : les terres arables, les prairies, les zones de pêche, les terrains construits, les forêts et la capture de carbone ».

6 planètes consommées

Selon l’étude de l’IBLA (Institut fir Biologësch Landwirtschaft an Agrarkultur Luxemburg asbl) – sur base des chiffres de 2018 – si tous les habitants du monde vivaient comme les « utilisateurs » du Luxembourg (on ne peut évidemment exclure de l’empreinte globale l’impact du travail frontalier et du transit international), ils consommeraient l’équivalent de 8 planètes Terre.

Le CSDD observe : « L’empreinte écologique démontre de manière impressionnante la surconsommation des ressources disponibles par le Luxembourg. Elle révèle que cette situation catastrophique est due avant tout à la consommation d’énergie (combustibles fossiles et électricité à base d’énergies fossiles) », qui représente environ 60% de l’empreinte écologique totale du pays. L’empreinte alimentaire (food footprint) par habitant (la consommation de 1,28 planète) est également mise en exergue.

Le Luxembourg a ses spécificités, on l’a vu, qui confèrent une certaine relativité aux résultats du calcul de l’empreinte écologique par habitant. Le CSDD a donc refait les calculs en isolant la consommation des frontaliers et le fameux « tourisme à la pompe ». Romain Poulles, président du CSDD, souligne :

« Après une prise en compte des effets particuliers liés à l’achat de carburants par des non-résidents et à la consommation des frontaliers au Luxembourg, il nous reste malgré tout un niveau de consommation correspondant à six planètes, soit plus du double de celle de nos voisins »

Pistes de solutions à suivre

Le Global Footprint Network souligne : « If all people lived like residents of Qatar, Earth Overshoot Day would land on February 9. For Luxembourg it would be February 15. With some of the largest Footprints in the world, these countries also have some of the biggest opportunities to #MoveTheDate. » Et note, pour la précision méthodologique : « the dates do not reflect the coronavirus pandemic’s impact on each country’s Footprint, biocapacity, and Overshoot Day ».

Le Conseil supérieur pour un développement durable esquisse des pistes de solutions, qui doivent être complétées, approfondies et affinées lors du processus envisagé avec les parties prenantes. La volonté est d’échanger sur la nécessité d’un nouveau modèle économique, selon 7 grands principes retenus par le gouvernement dans sa stratégie de développement de l’économie circulaire au Luxembourg.

Infogreen vous en dit plus ici.

D’ici là, on peut inviter chacun à aller, par exemple, calculer son empreinte écologique sur http://www.footprintcalculator.org/

Ou à rejoindre le mouvement sur la réduction de l’empreinte globale par les engagements individuels ou collectifs #MoveTheDate.

Alain Ducat, avec le Conseil Supérieur pour un Développement Durable

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Publié le mardi 16 février 2021
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