Mode locale, mode d'emploi

Mode locale, mode d’emploi

Plus que jamais, on cherche à consommer utile et pas futile, à acheter local et pas international. Il existe au Luxembourg une belle alternative locale à la Fast Fashion internationale omniprésente dans nos magasins. La campagne Rethink your Clothes, avec Fairtrade Lëtzebuerg et Caritas en têtes de pont, sensibilise et fait agir !

Vous êtes-vous déjà demandé où, comment et par qui ont été fabriqués vos vêtements ? Les responsables de la campagne Rethink your Clothes – Fairtrade Lëtzebuerg et Caritas Luxembourg – le répètent et font (re)passer le message : « Les étiquettes ne nous disent pas tout. Environ 60 millions de personnes travaillent pour fabriquer nos vêtements. 70% sont en Asie, 80% sont des femmes mais aussi des enfants qui travaillent souvent dans des conditions indignes. Selon la Banque mondiale, l’industrie de la mode est responsable de 20% de la pollution de l’eau dans le monde. Pourtant une autre mode responsable est possible... et nous, consommateurs, pouvons arrêter les dégâts. La campagne Rethink your Clothes a justement pour but de nous aider à changer notre façon de consommer la mode. »

Sophie Garnier Bsarani, responsable de la campagne « Rethink your Clothes » pour Plaidons Responsable by Caritas Luxembourg, nous a récemment parlé du contexte local, notamment des possibilités de l’achat en seconde main (une contribution que l’on vous invite à relire ici). Elle poursuit : « La pandémie a bousculé nos habitudes de consommation et renforcé certaines tendances. Une vraie tendance positive pour la planète et l’économie locale : on achète maintenant de l’alimentaire local chez l’épicier du coin. Nous sommes plus attentifs à ce que nous mangeons, mais beaucoup moins à ce que nous portons. La quantité passe souvent avant la qualité, surtout si ce n’est pas cher. Nous avons sur la planète suffisamment de vêtements pour habiller les 7 générations à venir et 30% de notre garde-robe n’est jamais portée ! Et on n’hésite pas à acheter une paire de jeans confectionnée au Bangladesh dans des conditions humainement indécentes, qui a fait trois fois le tour du monde et nécessité 50 baignoires d’eau pour sa fabrication ».

L’initiative locale, à encourager…

Acheter local pour les vêtements ? Si le Luxembourg et ses voisins comptaient jusqu’aux années 60 de nombreuses draperies et ateliers de confections - la ganterie dans le Grund ou Larochette, capitale du textile luxembourgeois à l’époque -, cela n’a pas résisté à l’industrialisation et à l’exploitation à bas prix de la main-d’œuvre des pays en développement. Pourtant l’offre locale existe… Car l’achat en seconde main est une option crédible ! « Selon une étude McKinsey, près de la moitié des 18-39 ans sont prêts à acheter en second-hand. C’est un phénomène marketing, mais aussi un vrai changement de mentalité pour nous adultes-parents qui avons cédé aux sirènes de la Fast Fashion.

En prolongeant la durée de vie des vêtements via le second-hand, nous posons un acte citoyen. Nous soutenons l’économie circulaire locale et évitons le cycle linéaire du ‘acheter-porter-jeter’ de la Fast Fashion. En matière de mode aussi, encourageons l’entreprenariat local, à l’exemple des créatrices des magasins Pilea à la Gare, Secondhand4Kids à Ettelbrück ou PardonmyCloset, un second-hand shop ‘nomade’ qui s’installe temporairement dans un lieu commercial. D’autres magasins du genre occupent le terrain au Luxembourg et parfois depuis longtemps : First- and second-hand concept store, Royal Second-Hand ou Lena pour le haut de gamme, Trouvailles ou The AA pour une mode plus jeune et abordable ou encore Rita’s pour les enfants. Partout, vous pouvez déposer vos vêtements en bon état moyennant une compensation financière et bien sûr en acheter d’autres. La boucle est bouclée ! Les surplus finissent ensuite chez Caritas ou à la Croix Rouge par exemple, pour les personnes dans le besoin ».

Mais attention ! « Il est difficile de résister face aux gros moyens financiers, marketing et publicitaires des grandes enseignes de Fast Fashion. Difficile aussi d’ouvrir sa boutique et d’arriver à l’équilibre financier à Luxembourg compte tenu du niveau élevé des loyers commerciaux. Pourquoi l’État ne jouerait-il pas le jeu aussi en consentant par exemple une baisse de TVA sur les ventes pour ces entrepreneurs éco-locaux ? »

… et à accompagner !

Il y a aussi des initiatives à valoriser et à accompagner. C’est le sens de l’appel lancé récemment via notre plateforme événementielle In4Green par Geneviève Krol, directrice de Fairtrade Lëtzebuerg - ONG mandatée par la Coopération au développement pour mener la campagne Rethink your Clothes. « Il faut sensibiliser le grand public aux excès de la Fast Fashion et encourager à voir la filière du textile sous l’angle du commerce équitable et du respect des piliers fondamentaux du développement durable »

Retrouvez l’intervention complète de Geneviève Krol ici :

« Aujourd’hui, chacun a le pouvoir de choisir. Et il est possible d’agir, ici au Luxembourg. Nous pouvons accompagner des partenaires, publics ou privés, dans une démarche responsable et équitable, notamment pour leurs choix de vêtements professionnels ou promotionnels. Des entreprises l’ont fait, comme Post Luxembourg, les boulangeries Jos & Jean-Marie ou encore le groupe elisabeth, que Fairtrade Lëtzebuerg a accompagnées. Il y a de la place pour d’autres projets et initiatives. Agissons localement ! »

Alain Ducat, avec Caritas Luxembourg et Fairtrade Lëtzebuerg, partenaires Infogreen

Article tiré du dossier du mois « Par ici la relance ! »

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Publié le jeudi 13 mai 2021
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