Les années à venir seront déterminantes

Les années à venir seront déterminantes

Le Luxembourg est passé au rapport sur l’état de son environnement. Selon l’analyse de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), la transition est en marche et les efforts sont nets. Mais le train, de vie, dans les années antérieures, a parfois fait prendre un sérieux retard qu’il faudra résorber au plus vite.

« Les travaux de l’OCDE sur l’environnement aident les pays à concevoir et à mettre en œuvre des politiques efficaces pour résoudre les problèmes environnementaux et gérer durablement les ressources naturelles. Ces travaux examinent les liens entre l’environnement et les préoccupations économiques, sectorielles ou sociales ». Le préambule de l’Organisation sur son espace web dédié à l’environnement donne le ton. Et les rapports par pays de l’OCDE (qui en regroupe 36) peuvent donner le frisson à qui s’en soucie.

Dix ans après sa dernière évaluation par le même organe, le bulletin du Luxembourg a été dévoilé tout récemment. Un bon bulletin mais, selon l’organisation internationale, il y a encore un bon bout de chemin à accomplir sur la voie de la transition. « Le Luxembourg a fait d’importants progrès environnementaux, mais les pressions exercées par le développement économique, l’urbanisation et le trafic routier sont fortes », indique le rapport sur l’état de l’environnement du Grand-Duché, présenté par Rodolfo Lacy, directeur de la division Environnement de l’OCDE. « Les années à venir vont être déterminantes ». Ce que validele gouvernement dans son debriefing.

OCDE (2020), Examens environnementaux de l’OCDE : Luxembourg 2020, Examens environnementaux de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris)

Des ambitions et des efforts

Au rayon des atouts, la transition vers une économie plus verte peut s’appuyer sur la finance durable dont la Place est devenue cador. Et le pays a pris le pari de restaurer un environnement naturel propice à la biodiversité.

En matière de climat, les objectifs sont ambitieux et ils sont salués, pour aller au-delà des engagements européens et internationaux. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont bien baissé, de 21% depuis 2005 ; l’intensité énergétique a baissé de 36%, et la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité atteint désormais 71%. Mais… selon les critères de l’OCDE, le Luxembourg reste un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre par habitant. On rejoint ici l’impact du PIB/habitant, avec une économie forte et internationale, consommant beaucoup d’éléments exogènes, ramenée à la population résidente d’un micro-état. De quoi faire s’affoler les moyennes…

Cela étant, l’OCDE note aussi que l’utilisation des énergies renouvelables reste sous la moyenne européenne. Et prédit de gros efforts à fournir pour atteindre la neutralité climatique en 2050, dans le domaine du logement résidentiel, du commerce, de l’agriculture et des transports – les efforts portent leurs fruits dans ce dernier domaine, puisque malgré une croissance économique soutenue, les émissions des principaux polluants dans l’air sont en baisse constante depuis 2005. Il faudra toutefois augmenter la cadence pour espérer respecter les plafonds d’émissions européens, placés à l’horizon 2030.

Au fil de l’eau et de la biodiversité

La gestion de l’eau a de bonnes notes, puisque le pays a rattrapé son retard dans l’assainissement des eaux usées, grâce des investissements importants consentis depuis 5 à 6 ans, qui permettent notamment à toutes les habitations d’être connectées à une centrale d’épuration. Il reste cependant peu de temps (2023) pour équiper toutes les stations d’un niveau de traitement supplémentaire, apte à traiter les micropolluants et les microplastiques.

Quant aux eaux de surface, leur qualité progresse sans cesse et on peut espérer que le tournant d’une agriculture plus durable et moins intensive aidera à améliorer encore les scores, qui restent inférieurs à ceux des meilleurs de la classe OCDE.

Le rapport est critique pour l’état de la biodiversité. « L’état de conservation des espèces et des habitats est majoritairement défavorable », y note-t-on, en déplorant que le Luxembourg soit un des pays d’Europe avec le plus grand nombre d’espèces communes en déclin, et où les habitats riches en biodiversité se dégradent, victimes notamment de l’étalement urbain, de l’artificialisation des sols, de l’homogénéisation des milieux, du déclin des paysages.

L’aura des villes et l’aura des champs

Il y a clairement un Luxembourg à deux vitesses, entre le volet urbain et le volet rural. Hors des villes et des activités économiques intensives, qui attirent beaucoup de monde, résidents ou travailleurs nomades, on respire.

Le Luxembourg a créé davantage de zones protégées – elles couvrent la moitié du territoire national – et a complété son réseau Natura 2000 - 27% du territoire, 66 sites.

Les conclusions de l’OCDE, qui admet que du retard avait été pris et qu’il y a du travail à fournir pour le résorber sans mettre en péril le contexte socioéconomique, soulignent quand même ceci : « La véritable valeur socioéconomique et culturelle du capital naturel n’est pas suffisamment prise en compte dans les décisions concernant le développement du pays ».

Aux nombreuses initiatives en cours de montrer, pour le prochain rapport – en 2030 ? – que le vert va de mieux en mieux au pays.

Alain Ducat

Photo : © SIP / Uli Fielitz

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Publié le jeudi 19 novembre 2020
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