Le glyphosate out, le bio in !

Le glyphosate out, le bio in !

Avec des engagements forts du monde politique luxembourgeois, le secteur agricole fait face à ses défis environnementaux en misant sur la qualité durable, sans pesticides et bio.

Souvent pointée du doigt comme un des acteurs coupables de la fragmentation des paysages, des pertes en terres arables ou de l’assèchement des sols par amendement excessif, l’agriculture fait face à ses défis, et le monde politique entend capitaliser sur son renouveau.

Deux grandes annonces font écho partout en Europe. Le ministre de l’Agriculture a annoncé les mesures concrètes qui guideront le secteur vers un objectif majeur et ambitieux : 20 % des terres agricoles seront bio pour l’année 2025, contre environ 5 % aujourd’hui. Comme le gouvernement s’y était engagé.

L’autre annonce qui a été faite a déjà été largement relayée : le bannissement des produits phytopharmaceutiques à base de glyphosate https://www.infogreen.lu/glyphosate... place le Luxembourg dans les pays pionniers, du côté de ceux qui osent.

Pour rappel, depuis le 1er février dernier, il n’y a déjà plus d’autorisation de mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques contenant du glyphosate. L’écoulement des stocks est permis jusqu’au 30 juin et les utilisateurs professionnels ou privés ne pourront plus se servir du produit au-delà du 31 décembre 2020.

Concertation et encouragement

La démarche qui conduit à un élargissement spectaculaire de l’agriculture biologique – un quadruplement des surfaces bio-cultivées en cinq ans ! – part de la même volonté et du même processus. Les acteurs concernés - agriculteurs, viticulteurs, maraîchers, etc. - ont été largement consultés et informés au préalable. Associés à la démarche, ils y adhèrent souvent, même si c’est par le biais de primes d’encouragement.

Le ministre Romain Schneider salue d’ailleurs le fait que les vignerons luxembourgeois sont les premiers au sein de l’Union européenne à avoir renoncé volontairement, à 100 %, à l’utilisation du glyphosate, dès cette saison 2019-2020.

Le Plan d’Action national vise une diminution de moitié de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques d’ici à 2030, et une réduction de 30 % des « big movers » (les produits les plus dangereux, voire les plus utilisés), dont fait partie le glyphosate, à l’horizon 2025.

En outre, un deuxième laboratoire d’écologie des sols ouvrira ses portes en septembre 2020 à Strassen. Celui-ci livrera des analyses complémentaires, plus pointues, sur la qualité biologique et bactérienne, et donc sur la santé, des sols.

La carte de la qualité

Il y a une cohérence et une stratégie, déjà présentes en toutes lettres dans l’accord de coalition 2018-2023. « Nous voulons préserver la biodiversité. Cela ne va pas sans efforts. Dans ce contexte, le secteur agricole est un partenaire important », expliquait le Premier ministre Xavier Bettel. « L’attachement à la nature est dans l’ADN du paysan, qui, ne vivant pas seulement dans et avec la nature, vit également de la nature, de son travail et, dans une moindre mesure, de ses subsides. Nous voulons renforcer le rôle de l’agriculture au Luxembourg en accordant la reconnaissance qu’elles méritent aux personnes qui, jour après jour, contribuent à ce que nous ayons des produits sains et de grande qualité dans nos assiettes et dans nos verres ».

L’idée est aussi de renforcer le lien entre produits régionaux et qualité. « Il faut davantage attirer l’attention sur le fait que ces produits sont aussi plus durables et, très souvent, plus sains (…) Notre pays a une opportunité exceptionnelle de renforcer la notoriété internationale des produits de grande qualité issus de ses secteurs agricole et viticole. L’objectif est de rendre inutiles dans notre pays les labels certifiant qu’un produit est sain, exempt de produits chimiques, régional et fait maison – le seul fait qu’il s’agit d’un produit provenant du Luxembourg devra suffire pour que la confiance soit grande et pour que le consommateur sache qu’on lui propose un produit de grande qualité (…) Tout cela implique une gestion responsable de nos ressources, de la nature et des terres disponibles pour l’agriculture ».

Alain Ducat
Photo © SIP / John Zeimet

Article tiré du dossier du mois « Nature humaine »

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Publié le mardi 17 mars 2020
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