La durabilité s'étire sur les frontières

La durabilité s’étire sur les frontières

Sous présidence luxembourgeoise, un sommet Benelux a parlé, notamment avec des voisins en mode « Grande Région », synergies, énergies renouvelables et même mobilité à vélo.

Un Sommet Benelux s’est tenu il y a quelques jours au château de Bourglinster dans le cadre de la présidence luxembourgeoise du Comité de ministres de l’Union Benelux. Parmi les priorités de la présidence, la résilience, les synergies avec les régions voisines et le travail commun « pour un Benelux vert, sûr et compétitif ».

Le Premier ministre Xavier Bettel s’est donc entretenu avec ses homologues néerlandais, Mark Rutte, et belge, Alexander De Croo, rejoints pour la réunion de travail par le secrétaire général de l’Union Benelux, Alain de Muyser.

Et puis une partie des discussions a inclus deux voisins, à savoir le Ministre-Président de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Hendrik Wüst et le Président du sommet de la Grande Région et Président du conseil régional du Grand Est, Jean Rottner.

Une réunion élargie, voulue et assumée. Xavier Bettel a souligné une fois de plus que les synergies avec les régions limitrophes sont un outil essentiel. « Pour toute la région, la transition vers un système énergétique durable, plus résilient et fiable repose sur le développement des énergies renouvelables et la sécurité d’approvisionnement, ce qui est particulièrement important en ce moment d’incertitude en matière d’approvisionnement énergétique ».

Le vélo, avec des roues comme des zéros !

Avec la Rhénanie-du-Nord-Westphalie (NRW), le Benelux a même lancé une « feuille de route » conjointe, visant à stimuler l’utilisation du vélo et ayant pour ambition de servir de modèle pour l’Union européenne. « Cette feuille de route est le résultat de l’un des points d’action de la déclaration vélo du Benelux de 2020, une déclaration ministérielle à laquelle se sont joints plusieurs pays européens et qui a été adoptée dans une déclaration européenne sur le vélo en 2022 », précise le communiqué commun.

Ainsi, l’idée est d’inciter les citoyens à utiliser davantage le vélo. « Chaque kilomètre parcouru à vélo représente un bénéfice net pour toute la région, avec notamment un effet positif sur la santé et la réduction des embouteillages ».

Un effet qui semble se mesurer. Selon l’ « Analyse coûts-avantages du vélo au Benelux et en Rhénanie-du-Nord-Westphalie », réalisée à la demande des deux régions par Transport & Mobiliteit Leuven (organe lié à a KUL, Université de Leuven), si 100.000 personnes faisaient désormais 5 km à vélo pour se rendre au travail, cela génèrerait un bénéfice collectif de l’ordre de 196 millions d’euros par an, notamment parce que ces personnes seraient moins malades et plus productives au travail. En revanche, toujours selon cette analyse, si ces 100.000 personnes faisaient le même itinéraire domicile-travail en voiture, cela donnerait un coût total estimé à 203 millions d’euros par an (coûts d’entretien, coûts des embouteillages, pollution atmosphérique, accidents, ...).

D’autres chiffres recueillis à cette aune montrent que, en remplaçant 1% de tous les kilomètres parcourus en voiture (dans la région Benelux-NRW considérée par l’étude) par des kilomètres parcourus à vélo, un gain net de 13,6 milliards d’euros pourrait être réalisé ! Le calcul tient compte de 10 milliards d’euros « économisés » en avantages pour la santé (gains de productivité, réduction des coûts de sécurité sociale, diminution du risque de maladie grave et de décès) et de quelque 3 milliards d’euros d’avantages économiques liés à la réduction des encombrements.

Les bénéfices d’un Arlon-Luxembourg

L’étude des spécialistes mobilité de la KUL a aussi examiné des « case studies ». Quid par exemple d’une piste cyclable reliant Arlon à Luxembourg-ville ?

En finalisant l’infrastructure qui existe actuellement par morceaux - et en tenant compte de quelques variables, comme une part modale du vélo de 7% en 2035, ce que vise le PNM2305, le plan de mobilité luxembourgeois -, le rapport bénéfice-coût serait de 8,9. Pour une estimation d’investissement de 2,9 millions d’euros nécessaires à la mise en état de la voie cyclable, on aurait des bénéfices de 25,7 millions d’euros (gains de santé, avantages économiques...-

Dans tous les cas de figure, l’étude conclut clairement : investir dans le vélo, c’est bon pour la santé publique.

Dès lors, c’est une base pour cette feuille de route sans frontière. Outre à une infrastructure sûre et confortable, le plan Benelux-NRW s’intéresse aux données chiffrées aidant la décision politique, aux campagnes de promotion du vélo, avec en vue des initiatives communes en faveur du vélo et de sa promotion jusqu’aux étages européens.

Pédaler pour l’avenir

On pourrait par exemple accentuer la formation pour la réparation des vélos, promouvoir l’usage quotidien de la Petite Reine dans les épreuves reines du cyclisme, encourager l’éco-tourisme à deux roues ou, engagement commun, garantir une connexion adéquate avec les transports publics. On commencera par une attention particulière accordée à l’amélioration et à la coordination des efforts pour des itinéraires cyclables transfrontaliers.

La feuille de route belgo-néerlando-luxembourgo-allemande engage même à adopter des positions communes au niveau de l’UE, par exemple en matière de stationnement pour les vélos.

Pour le ministre luxembourgeois de la Mobilité et des Travaux publics, François Bausch, au nom de la présidence Benelux, « il faut intégrer systématiquement le vélo dans tous les projets routiers et faire du vélo un mode de transport individuel à part entière tout en garantissant une infrastructure cyclable continue et sécurisée à travers le pays. Ce mode de transport doit connaître la plus grande progression dans les années à venir. »

Quant au secrétaire général de l’Union Benelux, Alain de Muyser, il estime que « l’avenir est au développement de l’infrastructure pour les cyclistes, pour permettre plus de sécurité pour les usagers, avec plus de soutien aux autorités publiques, et plus de durabilité pour tous. Par son action, qui sera toujours transfrontalière, le Benelux attire l’attention sur les pistes à suivre et encourage une approche européenne, au bénéfice de tous, en plaçant le citoyen au centre de sa démarche. »

Alain Ducat

Photo MMTP : Le Benelux et la Rhénanie-du-Nord-Westphalie lancent une feuille de route vélo − (de g. à dr.) Alain de Muyser, secrétaire général de l’Union Benelux ; François Bausch, Vice-Premier ministre, ministre de la Mobilité et des Travaux public ; Frans Weekers, secrétaire général adjoint de l’Union Benelux ; Michel-Etienne Tilemans, secrétaire général adjoint de l’Union Benelux

Photo © SIP / Luc Deflorenne : Réunion de travail élargie en présence des Premiers ministres Mark Rutte, Alexander De Croo et Xavier Bettel, du ministre-président Hendrik Wüst, du président en exerce du Sommet de la Grande Région, Jean Rottner

Photo Arel Cycling Club

Article
Publié le jeudi 1er décembre 2022
Partager sur
Nos partenaires