La connectivité : pas toujours une bonne idée

La connectivité : pas toujours une bonne idée

Le 4e volet du cycle de conférences « Decarbonize now ! » organisé par Plaidons Responsable by Caritas, Greenpeace, le LIST et le ministère de la Protection des consommateurs s’est poursuivi sur la thématique du logement. Un sujet passionnant détaillé par les deux spécialistes du LIST : Dr Elorri Igos et Dr Thomas Gibon.

Le logement est un secteur critique pour le Luxembourg, non seulement en raison des prix élevés et des problèmes d’accessibilité, mais aussi de la pression qu’il exerce sur l’environnement. La taille des maisons est supérieure à la moyenne européenne (144 m2 contre 105 m2) et le Grand-Duché est en tête de tous les autres pays en termes de part de combustibles fossiles utilisés pour le chauffage des locaux (principalement fioul et gaz fossiles). La consommation de chauffage domestique contribue donc de manière significative aux émissions globales de gaz à effet de serre (GES). Quels plans pouvons-nous concevoir pour réduire les émissions de GES du logement ? Quels compromis devront être faits, le cas échéant ?

Des questions présentées par Dr Elorri Igos et Dr Thomas Gibon du LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology). Ils sont également à l’origine de la brochure « Vers la décarbonation : Comprendre et réduire l’empreinte carbone au Luxembourg » qui fait notamment l’objet d’une campagne pédagogique dans les écoles.

Il existe trois moyens pour diminuer notre emprunte carbone. Pouvez-vous les détailler ?

On peut imaginer son empreinte carbone comme le produit de trois facteurs :

  • l’intensité carbone de l’énergie qu’on utilise ;
  • la quantité d’énergie utilisée pour produire ce que nous consommons ;
  • la quantité de biens et services consommés pour subvenir à nos besoins.

Pour les plus visuels d’entre nous, l’empreinte carbone peut donc être représentée par une « boîte » dont il est possible de réduire chacune des trois dimensions, soit en décarbonant l’énergie que nous utilisons (par exemple en installant des panneaux solaires chez soi), soit en améliorant l’efficacité énergétique de nos usages (par exemple en isolant son logement), soit en appliquant des principes de sobriété (par exemple en baissant d’1°C la température de consigne de son chauffage).

Comment les citoyens peuvent-ils diminuer leur impact environnemental créé par leurs nombreux appareils domestiques ?

Il est nécessaire de réduire l’usage des appareils que l’on utilise pas (en les éteignant ou les débranchant), et de décaler l’usage de ceux qu’on utilise tant que faire se peut. En effet, le contenu carbone de l’électricité varie à chaque instant et est normalement moins élevé en heures pleines (ces variations peuvent être observées par exemple sur ce site). Un bon entretien des équipements permet également de maintenir leur efficacité, et il est recommandé de remplacer les équipements à mauvaise efficacité énergétique (identifiables grâce au label énergie). Même si votre contrat d’électricité est vert « sur le papier », vous utilisez toujours l’électricité du réseau, qui contient des sources fossiles (charbon et gaz). Réduire et décaler sa consommation est donc bénéfique y compris dans ce cas.

Pourquoi est-ce que la France produit-elle beaucoup moins de rejets polluants que le Luxembourg ?

La France ne produit pas moins de rejets polluants que le Luxembourg, mais il est vrai que son empreinte carbone par personne est plus faible. Cela est dû à une consommation un peu moins intensive (notamment dû à un pouvoir d’achat plus faible), à une électrification relativement élevée de l’économie (part du chauffage électrique, réseau ferré, …), et à la production d’électricité bas-carbone grâce au nucléaire. Mais attention, les émissions de CO2 ne sont pas le seul indicateur de pollution.

Est-ce que le Grand-Duché peut passer facilement vers des sources électriques low-carbon ?

Bien sûr, et c’est à privilégier absolument. Déployer le photovoltaïque et l’éolien est une solution « sans regrets » (bénéfique dès aujourd’hui). Au vu des besoins actuels et futurs d’électricité, le Luxembourg ne produira très probablement jamais assez d’électricité au sein de son territoire. Il est donc nécessaire d’investir dans la production et les interconnexions à et avec l’étranger.

Les maisons connectées : la solution ou une mauvaise idée ? Vaut-il mieux construire ou rénover ?

Il n’y a pas de réponse tranchée sur la question des maisons connectées. En effet, il manque encore de recul et de résultats statistiquement pertinents. De nombreuses solutions connectées existent pour diminuer les consommations énergétiques de nos foyers (par exemple le chauffage intelligent, des capteurs de consommation, ou des prises connectées). Néanmoins, certaines études ont identifié des limites à ces systèmes comme les effets de routine ou une mauvaise utilisation, ce qui réduit les bénéfices des objets connectés. L’impact de production de ces derniers doit également être plus étudié, ainsi que leur fin de vie. La rénovation énergétique est un pilier important de la décarbonation et représente généralement une plus faible consommation de matériaux qu’une nouvelle construction tout en invitant l’artificialisation de nouveaux sols. Il est néanmoins important de bien planifier celle-ci (par exemple en utilisant des matériaux biosourcés), en évitant des agrandissements ou de se laisser tenter par des températures plus élevées en hiver.

Le 5e et dernier rendez-vous du cycle de conférences « Decarbonize now ! » est programmé le 28 juin (12h00-14h00), toujours à la House of Startups à Luxembourg. Il aura pour thème la nourriture. Pour obtenir plus d’informations et s’y inscrire gratuitement, cliquez ici.

Sébastien Yernaux
Photos : Infogreen

Article
Publié le lundi 19 juin 2023
Partager sur
Avec nos partenaires
Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST)
Caritas Luxembourg
Nos partenaires