L'offensive hivernale n'exclut pas le réchauffement !

L’offensive hivernale n’exclut pas le réchauffement !

On entend déjà les climatosceptiques se gausser en lançant des boules de neige… Et pourtant : non, le coup de froid que nous traversons ne remet pas en cause le réchauffement climatique global ! Au contraire même… puisque le « vortex polaire » est désaxé par une hausse spectaculaire des températures arctiques.

« Il est où le réchauffement climatique ? » La petite phrase - ou l’une de ses multiples variantes mutantes - a pu fleurir sur les réseaux sociaux en même temps qu’apparaissaient les récits de déboires routiers dans un paysage enneigé, les photos d’arbres pliant sous la masse de neige ou les images alpestres captées aux quatre coins de nos contrées. Un classique du genre…

Et pourtant, n’en déplaise aux climatosceptiques de tout poil, non, la petite vague hivernale que nous traversons ne souffle pas le froid sur les alertes au réchauffement climatique global, pas plus qu’elle ne fait fondre les problèmes comme neige au soleil.

D’abord, une des conséquences du réchauffement climatique, c’est le côté exceptionnel et violent des phénomènes météorologiques, avec leurs effets spectaculaires (crues ravageuses ou tempête de neige paralysant Madrid par exemple), et donc ce grand écart entre les conditions climatiques, qui se marque surtout quand on est censé vivre dans une région au climat tempéré.

Croc-en-jambe arctique

Ensuite, les météorologues ont tous annoncé la vague de froid actuelle, en observant le « vortex polaire ». En gros, c’est une masse d’air froid qui tourne autour de l’Arctique et qui, une fois désaxée, apporte des températures très froides et des épisodes de neige et de gel plus intenses sous les latitudes moyennes.

Tout récemment, il y a eu une hausse fulgurante des températures dans l’Arctique. Durant la première semaine de janvier, la région du Pôle Nord a subi un SSW - pour « Sudden Stratospheric Warming » -, un réchauffement soudain qui a modifié la circulation des vents de haute altitude du vortex polaire. Ainsi, dans la stratosphère au-dessus de la Sibérie, la température est passée, d’un coup sec, de -70°C à -13°C. En soi, le phénomène de réchauffement n’est pas exceptionnel, mais celui de ce début d’année est considéré comme un phénomène majeur, nettement moins fréquent car particulièrement remarquable par son amplitude.

Il y a donc eu comme un croc-en-jambe : le vortex polaire glacial s’est déséquilibré, écarté de son axe-pôle Nord, déchiré, et il se trouve écartelé, avec une partie sur l’Amérique du Nord, l’autre sur l’Europe. La conséquence est une masse d’air froid qui s’abat notamment sur les régions de moyenne latitude en Europe. La vague de froid pourrait durer, selon les prévisions, jusqu’en février, par épisodes plus ou moins appuyés.

L’année la plus chaude jamais enregistrée

Le froid actuel ne remet donc pas en cause le réchauffement climatique, au contraire ! Le 8 janvier dernier, l’agence européenne Copernicus confirmait l’année 2020 comme la plus chaude en Europe depuis le début des relevés météorologiques, il y a quelque 150 ans.

L’automne 2020 a été le plus chaud jamais enregistré, et l’hiver 2019-2020 a dépassé l’hiver le plus chaud précédent, à savoir 2016 (température moyenne supérieure de près de 1,4°C). L’Europe de l’Ouest a également connu une vague de chaleur importante, entre fin juillet et début août 2020.

La moyenne climatique se mesure au niveau planétaire. Puisqu’on évoquait la Sibérie plus haut, rappelons que, en juin dernier, il a fait (un record !) 38°C à Verkhoïansk, en Sibérie orientale ! Et les indicateurs du réchauffement climatique restent bel et bien présents, partout, chez nous aussi, même sous une couche de neige hivernale pas si surprenante.

Copernicus rappelle notamment que les émissions de CO2, malgré la chute des transports pendant la pandémie, ont globalement continué à augmenter. Les gaz à effet de serre continueront de s’accumuler dans l’atmosphère et contribueront encore au réchauffement climatique. Si on n’y prend garde, bien sûr…

Alain Ducat

Photo : Mullerthal.lu
Photo : © Carlo Wies / Comité Inspiring Luxembourg

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Publié le vendredi 15 janvier 2021
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