L'éthique sur l'étiquette

L’éthique sur l’étiquette

L’histoire d’AKABO prend un virage. AKABO, c’est une boutique de vêtements à vocation éthique. Créée par Karel Lambert, elle a introduit sur le marché luxembourgeois des vêtements de qualité, pour tout le monde, bons pour la planète et produits dans des conditions favorables aux communautés locales.

Pour faire d’une pierre deux coups – fournir de jolis et confortables habits aux consommateurs luxembourgeois et soutenir les communautés locales indiennes – AKABO veille à commercialiser des produits issus d’un système de fabrication qui respecte l’environnement et permet aux travailleurs, et plus largement à leur communauté, de vivre dans des conditions décentes.

Les certifications GOTS (Global Organic Textil Standard) et Fairtrade en attestent, et Karel Lambert est retourné deux fois en Inde pour contrôler que toutes les étapes de la filière, de la production du coton à celle du textile, soient bien en adéquation avec ces principes.

« Nous voulons maintenir la production en Inde car ils ont le savoir-faire, les machines, le coton et ils ont besoin de ce marché. C’est pourquoi nous sommes attentifs à créer du travail, par exemple en faisant réaliser beaucoup de détails à la main.

Et nous tenons à ce que le travail de chaque personne contribue à ce que sa communauté entière vive convenablement.

J’explique souvent à mes clients qu’il n’est pas normal qu’un t-shirt coûte 3 euros car celui qui le fabrique a le droit de recevoir non pas un salaire minimum, mais un salaire décent, avec lequel il puisse réellement vivre. Ce sont les certifications qui le garantissent.

Fairtrade, par exemple, attribue des primes en fin d’année par kilo de coton cultivé qui aident à construire des écoles et des structures sociales. Ces certifications garantissent aussi le respect du nombre d’heures de travail, des temps de pause, et que les usines soient ouvertes, lumineuses, ni trop chaudes ni trop bruyantes. Pour le consommateur, la certification est très importante également, mais il doit rester attentif car les grandes chaînes proposent des vêtements organiques, qui parfois ne sont qu’un mélange organique / conventionnel auquel ont été ajoutés des teintures et des texturants chimiques qui peuvent donner des allergies ou ne respectent pas la nature. Il faut aller au-delà des grands panneaux », explique Karel Lambert.

Passer la main

L’aventure AKABO est aujourd’hui en train de prendre un virage.

La boutique avait d’abord pris ses quartiers dans un bus qui sillonnait le Luxembourg à la rencontre de ses clients en 2015, puis elle s’était fixée dans un local à Bonnevoie.

Il y a eu un shop online, aussi, le temps des confinements, qui a été utile pour surmonter cette période, mais qui a été retiré ensuite : « Trop de retour, trop de transports, ce n’est pas durable ».

À présent, « les affaires vont bien, avec une clientèle fidèle, et un chiffre d’affaires qui tourne », mais le moment est venu pour Karel Lambert de passer la main : « Le plus important pour moi était de lancer le projet. Il n’y avait aucune marque équitable présente au Luxembourg quand nous avons commencé. Aujourd’hui, de grandes enseignes en proposent. Cela montre qu’il y a une demande, que ce n’est plus une niche, et c’était notre but.

Maintenant, j’ai besoin d’un nouveau challenge. AKABO est à transmettre à quelqu’un qui sera motivé à faire évoluer ce que nous avons mis en place et lui donner une tournure plus commerciale.

Les producteurs indiens ont besoin de commerçants qui font du chiffre d’affaires avec des vêtements Fairtrade. Plus la demande en textiles Fairtrade sera grande et plus la production suivra. Il faut donc encourager les consommateurs à acheter, alors que ma vision personnelle serait plutôt de dire qu’il faut acheter moins, ce qui est antinomique.

Mais c’est un marché qui vient de commencer et qui a encore beaucoup de potentiel : trouver de nouvelles marques, ou des gammes pour enfants par exemple », conclut-il.

Mélanie Trélat
Photos : Fanny Krackenberger

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Publié le jeudi 28 juillet 2022
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