L'eau, une ressource précieuse mais inégalement répartie dans le monde

L’eau, une ressource précieuse mais inégalement répartie dans le monde

Alors que le 22 mars s’ouvre à New York la Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2023, près d’un tiers de la population mondiale n’a toujours pas accès aux services essentiels d’approvisionnement en eau potable, d’assainissement et d’hygiène pourtant essentiels à la santé humaine.

La Journée Mondiale de l’Eau, célébrée le 22 mars de chaque année depuis 1993, est l’occasion de faire un état des lieux de la disponibilité de cette ressource précieuse dans le monde.

Ce n’est pas un hasard que la Terre porte le surnom de « planète bleue ». L’eau recouvre 70% de la surface de la Terre et son volume est estimé à environ 1400 millions de km³. Cependant, 97,5 % de ce gigantesque volume d’eau correspond à de l’eau salée, que l’on retrouve principalement dans les océans, les mers et certaines nappes souterraines. L’eau douce contenue dans les lacs, rivières, glaciers, nappes phréatiques ne représente que 2,5 % des ressources en eau, soit 35,2 millions de milliards de m³. Or, c’est cette eau douce, dont la salinité est faible, qui est utilisée pour la consommation domestique.

Et pourtant, sa répartition sur la Terre est très inégale. Dans certains pays avec des zones très arides, comme l’Éthiopie, le Cambodge, ou encore l’Afghanistan, moins de 40 % de la population a accès à l’eau potable, tandis qu’à l’extrême opposé, 9 pays sont qualifiés de « puissances de l’eau » par les Nations Unies parmi lesquels se trouvent le Brésil, le Canada, le Pérou ou encore les États-Unis. Ces « puissances de l’eau » disposent de près de 60 % des ressources naturelles en eau douce dans le monde, mais cela ne signifie pas pour autant que toute la population a accès à ces ressources…

Même si, en 2015, la communauté internationale s’est engagée à atteindre l’objectif de développement durable n° 6 dans le cadre du Programme 2030, à savoir « garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau », cela n’est pas encore une réalité en raison du manque d’infrastructures et de systèmes de gestion de l’eau. Dans son rapport 2022 sur les objectifs de développement durable, l’Organisation des Nations Unies (ONU) signale que 2 milliards de personnes sont encore privées de services d’approvisionnement en eau potable gérés en toute sécurité. 1,2 milliard d’entre-elles n’ont même pas accès à un service de base et pour au moins 3 milliards de personnes, la qualité de l’eau dont elles dépendent n’est pas connue, faute de surveillance (données ONU 2020). Au rythme actuel, d’ici 2030, 1,6 milliard de personnes n’auraient toujours pas accès à de l’eau potable gérée en toute sécurité et 1,9 milliard de personnes n’auraient pas d’installations de base pour l’hygiène des mains selon les estimations de l’ONU.

La Journée Mondiale de l’Eau a pour objectif de sensibiliser le grand public à cette situation critique étant donné que l’eau est vitale dans tous les aspects de la vie quotidienne et pour nos écosystèmes. L’eau propre est essentielle pour assurer une bonne hygiène corporelle (douche, brossage des dents, lavage des mains). La présence de microbes dans l’eau potable contaminée par des matières fécales représente le plus grand risque en termes de sécurité et de transmission de maladies.

Au moins 2 milliards de personnes dans le monde utilisent une source d’eau potable contaminée par des matières fécales. Par exemple, le choléra est responsable de 1,3 à 4 millions de contaminations et de 21 000 à 143 000 décès par an (données OMS 2022). Ce sont bien souvent des gestes simples comme le lavage des mains qui permettent de lutter contre de nombreuses maladies d’origine hydrique. L’eau propre est également essentielle pour assurer l’hygiène alimentaire des ménages, notamment pour le nettoyage et la cuisson des aliments. L’utilisation d’eau contaminée et l’absence d’eau participent au taux de malnutrition élevé dans le monde.

Aussi, 2023 est sans doute une année particulière en ce qui concerne la poursuite du respect des droits fondamentaux d’accès à l’eau et à l’assainissement. L’accès inégal au service d’eau et d’assainissement compromet les progrès réalisés à l’égard de tous les grands problèmes mondiaux, qu’il s’agisse de la santé, de la faim, de l’égalité hommes-femmes ou de l’éducation. Pour améliorer l’accès universel à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement, l’ONU estime que le rythme des progrès dans ce domaine devrait quadrupler d’ici 2030. Cela peut nous apparaître de prime abord comme une montagne insurmontable.

Cependant, grâce au travail des organisations humanitaires, on constate que la proportion de la population mondiale utilisant des services d’approvisionnement en eau potable gérés en toute sécurité est passée de 70% à 74% entre 2015 et 2020. Même si cela n’est pas suffisant, ces améliorations sont encourageantes. L’ONG luxembourgeoise PADEM, en partenariat avec le Ministère des Affaires Étrangères et Européennes, intervient dans différents pays pour atteindre les objectifs en matière d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène.

Au Togo, par exemple, dans les zones rurales, seulement 44% de la population a accès à une source d’eau potable. Les eaux sont polluées par les excréments, les ordures, les eaux usées domestiques ou industrielles, les pesticides… 91% des Togolais n’ont pas accès à un assainissement de base. Le manque de structure sanitaire amène les populations à pratiquer la défécation à l’air libre. PADEM participe à l’amélioration des conditions de vie, notamment dans les villages reculés, à travers la construction de forages pour l’accès à l’eau potable et, des blocs de latrines à compost pour disposer d’un système d’assainissement adapté. Au Kenya, des réservoirs d’eau, des points d’approvisionnement en eau potable, 18 latrines et 6 points d’eau ont été installés, et des ateliers de sensibilisation autour de l’hygiène corporelle et de la santé ainsi que de l’hygiène alimentaire et environnementale ont touché 6000 membres de la communauté. Au Sri Lanka, dans le berceau du fameux Thé de Ceylan où les travailleurs des plantations n’ont que très peu accès à l’eau potable, huit réseaux d’adduction d’eau ont été construits bénéficiant à 4800 personnes, avec la contribution des communautés de chaque site, en main d’œuvre et financièrement afin d’assurer la maintenance et la durabilité des installations.

Les résultats de toutes ces activités démontrent que les services d’eau et d’assainissement sont la clé pour réduire la pauvreté dans le monde et développer la croissance sociale et économique. En effet, ils ont un fort impact sur la santé, l’éducation des enfants et le rôle des femmes dans la société. L’eau nous concerne tous, nous avons besoin de l’aide de chacun d’entre nous, même si nous faisons simplement à notre échelle notre part du colibri !

Plus d’informations, statistiques et contacts sur la Journée Internationale de l’Eau : https://padem.org/eau/

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Publié le lundi 20 mars 2023
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