L'eau potable coule (presque) de source

L’eau potable coule (presque) de source

Le Luxembourg compte de plus en plus de buveurs d’eau : la consommation domestique a doublé sur les 15 dernières années. C’est un sujet qui devrait rebondir en 2021 : l’utilisation durable de cette eau du robinet, qu’il faut préserver comme un bien précieux même s’il a l’air d’abonder sur demande…

Mieux comprendre la consommation d’eau du robinet, l’appétence des uns, la motivation des autres, le rejet aussi, afin de mieux promouvoir l’utilisation durable du fameux « or bleu », qui a l’air de couler à flots à la moindre sollicitation mais dont la potabilité, la qualité et l’abondance ne coulent pas de source, enfin pas sans travail… C’est en substance ce qui a poussé à l’enquête le ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, l’Administration de la gestion de l’eau (AGE) et l’asbl Aluseau (association luxembourgeoise des services d’eau).

Quelles sont les habitudes actuelles vis-à-vis de la consommation d’eau du robinet au Grand-Duché de Luxembourg ? L’institut TNS Ilres a puisé dans un échantillon représentatif, en août dernier et, pour mesurer l’évolution des comportements, a comparé les résultats d´une étude similaire réalisée en 2006-2007 par l’Aluseau.

82% des résidents boivent régulièrement de l’eau du robinet

Les enseignements de l’étude, dévoilée par le ministère, n’ont rien de négatif. « L’étude 2020 apporte de bonnes nouvelles », souligne la ministre Carole Dieschbourg.

La tendance positive la plus marquée ? Aujourd’hui, 82% des résidents boivent régulièrement de l’eau du robinet. 58% le font tous les jours. En 2006, ces chiffres étaient respectivement de 40% et 28%. On a donc doublé le volume de consommateurs d’eau de distribution…

44% des résidents déclarent boire plus d’eau du robinet qu’il y a 10 ans.
Mais pourquoi ? C’est plus écologique, pour 78% des répondants. C’est moins cher, pour 59%. C’est aussi plus pratique, pour un peu plus de la moitié des sondés.

L’eau potable a en effet bien progressé, en qualité aussi, et ça, c’est aussi une excellente nouvelle. L’enquête le montre également : ¾ des résidents trouvent que l’eau de la distribution domestique a bon goût chez eux, ½ la trouve au moins aussi bonne, voire meilleure, qu’une eau en bouteille ! La confiance du consommateur domestique se marque dans 47% des cas, les citoyens estimant que l’eau du robinet est de bonne qualité car elle est très contrôlée (47% des répondants).

Seuls 18% des résidents ne boivent jamais d’eau du robinet. Ils étaient 60% en 2006. Leur avis est intéressant aussi : pour ces réticents, les problèmes de l’eau sont le calcaire ou un goût peu apprécié, un manque de confiance en général.

En revanche, il y a plébiscite (94%) sur un fait : l’eau est précieuse, c’est une ressource limitée et qui doit être protégée. Et la majeure partie de la population dit déjà adapter ses comportements et sa consommation quotidienne pour préserver ces ressources en eau.

Promotion des bonnes habitudes

« Les résultats de l’étude constitueront le point de départ d’une initiative visant à promouvoir la consommation d’eau du robinet comme habitude saine et écologiquement durable », explique, dans un communiqué diffusé à l’issue de la présentation officielle, Carole Dieschbourg, ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable.

Plus généralement, cette initiative entend fournir aux citoyens un meilleur accès à des informations fiables sur la qualité de l’eau et renforcer la prise de conscience de la valeur de nos ressources en eau et des bonnes pratiques à promouvoir pour les protéger. Un devoir citoyen, qui passe aussi par la responsabilité des acteurs qui gèrent les ressources. « Ces chiffres mettent en évidence l’ampleur de la responsabilité des entités qui gèrent notre eau potable, et surtout des communes et syndicats puisqu’ils sont le principal interlocuteur des citoyens dans ce domaine », ajoute la ministre.

Pour le président de l’Aluseau, Georges Kraus, la confiance du citoyen est un moteur qui s’entretient : « Les fournisseurs d’eau potable continueront leurs efforts pour encore améliorer la qualité et renforcer la confiance des consommateurs dans ce liquide précieux, tout en continuant les investissements, en garantissant une exploitation sûre et durable, en assurant un contrôle de la qualité strict et à fréquence très élevée et en renforçant le dialogue avec le consommateur ».

Un sujet important cette année

Pour Jean-Paul Lickes, directeur de l’AGE, « l’eau du robinet au Luxembourg est en fait l’un des aliments les plus réglementés, contrôlés, sûrs ». L’an passé, l’AGE a analysé 4.360 échantillons d’eau provenant des réseaux d’eau, des réservoirs, des sources et des forages. Les communes et les syndicats ont fait analyser plus de 7.500 échantillons d’eau prélevés à la source, au traitement et dans leurs réseaux de distribution. « Les contrôles routiniers comprennent l’analyse de 27 paramètres, sur des aspects bactériologiques et physico-chimiques. Les tests de conformité complets demandent l’analyse de 193 paramètres couvrant bactériologie, physico-chimie, spectroscopie et matières organiques et autres résidus », comme les médicaments, les pesticides, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ou les THM (trihalométhanes), des sous-produits du traitement de l’eau formés par la réaction du chlore avec des substances organiques naturelles…

Le grand public veut de l’eau de qualité et veut être informé, rassuré et se dit prêt à agir en conséquence, dans la consommation responsable aussi. Il y a une matière… La ministre Dieschbourg en est consciente. « L’eau potable sera donc un sujet important en 2021 ». Les autorités promettent davantage d’informations, disponibles dans les mois à venir. On en trouve déjà aux sources officielles, sur https://drenkwaasser.lu/fr/ ou www.waasser.lu.

Alain Ducat

Photos : © MECDD / Licence Creative Commons

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Publié le mercredi 17 février 2021
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