L'année la plus chaude !

L’année la plus chaude !

C’est officiel, mesuré et acté par le service AgriMeteo : 2022 est la plus chaude jamais enregistrée. Et c’est le signe d’un réchauffement climatique évident au Luxembourg aussi.

Il y avait eu 2020, hors normes. Il y a désormais 2022, déclarée année la plus chaude jamais observée au Luxembourg.

AgriMeteo, le service de l’Administration des services techniques de l’agriculture (ASTA) lié au ministère de l’Agriculture, l’a annoncé : l’année 2022 s’avère être l’année la plus chaude jamais enregistrée depuis 1838 – le début des observations météo actées au Luxembourg - ex aequo avec 2020.

Avec une moyenne record de 10.9°C, la température annuelle dépasse de 1.0°C la moyenne de référence 1991-2020. Tout au long des saisons, des vagues de chaleur et pics de température ont réchauffé le Grand-Duché.

  • Hiver 2022 : température moyenne (3.4°C) : +1.3°C,
  • Printemps 2022 : température moyenne (9.8°C), excès entre +0.3 et +0.8°C,
  • Eté historique 2022 : température moyenne 19,3°C, maximale 36°C, deuxième été le plus chaud jamais mesuré. Records de 60 journées estivales (plus de 25°C) et de 20 pics de température (plus de 30°C)
  • Automne 2022 : température moyenne de 11.1°C, quatrième automne le plus chaud jamais mesuré, excès entre +1.3 et +1.6°C.

Sécheresse des sols prolongée

Et, au-delà des températures, 2022 a aussi été marqué par un manque de pluie dans la durée, qui a plongé le pays dans une sécheresse sans précédent.

Le niveau des précipitations est déficitaire par rapport à la normale climatique. En particulier, l’été 2022 a été le plus sec depuis 1921, juillet enregistrant un déficit de pluie de -92% et août de -65% ! « Ajouté aux vagues de chaleur, ce manque de pluie prolongé a entravé le bon développement des cultures agricoles », souligne l’ASTA.

En analysant la période de référence 1991-2020, AgriMéteo a observé un fort gradient du nord-ouest au sud-est, avec un maximum de précipitations annuelles (1022,2 mm) à Roodt, et un minimum (711,8 mm) à Remich

« Ceci montre bien qu’une analyse climatique différenciée du Luxembourg ne peut se faire sur la référence d’une seule station météo, mais à travers un réseau d’observations réparti dans tout le pays », explique-t-on au service météo de l’administration de l’agriculture.

Des bouleversements climatiques documentés

« Ces extrêmes mesurés et constatés témoignent d’un changement climatique de longue date qu’AgriMeteo observe au Grand-Duché grâce aux mesures pointues d’un réseau de 36 stations météo », précise le communiqué diffusé par le ministère.

En effet, force est de constater que l’accélération des records de chaleur et des périodes de sécheresse est causée par l’intensification du réchauffement climatique. Un climat que le service AgriMeteo observe déjà depuis 1838. « Grâce à ce réseau dense de mesures pointues, et à une période d’observation de 180 années, le service météorologique de l’ASTA est outillé pour mettre en perspective l’évolution du climat, en incluant dans l’analyse une différenciation selon les régions du Luxembourg ».

Ainsi, AgriMeteo est une source documentaire évidente du changement climatique. Le service note en particulier quelques évolutions marquantes.

  • Le changement climatique causé par l’humain a fait augmenter les températures de 1,5°C entre 1861-1890 et 1991-2020
  • Les 10 années les plus chaudes sont toutes dans la période 2002-2021.
  • Chacune des trois dernières décennies a été plus chaude que celle d’avant, et cela depuis 1840.
  • La sécheresse a significativement augmenté entre avril et novembre au fil des années.
  • Entre 1991 et 2020, 10 mois (à l’exception de décembre et janvier) présentent un risque régulier de sécheresse, alors qu’avant (1961-1990), ce risque était juste plus élevé en juin et juillet.

« Sans l’effet du changement climatique, la sécheresse du sol aurait été environ 3 à 4 fois moins probable, et les vagues de chaleur estivale moins intenses »

Conclusion d’Andrew Ferrone (chef du service météorologique et chef de la délégation luxembourgeoise auprès du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)), en faisant référence à l’analyse des experts du World Weather Attribution pour l’’Europe centrale et occidentale.

S’adapter dans les cultures

Et cela a évidemment des conséquences, mesurables elles aussi, au Grand-Duché, et notamment sur le secteur agricole. Selon l’ASTA, au Luxembourg, le développement de certaines cultures a été plus ou moins impacté au fil des saisons 2022.

« Les cultures du blé d’hiver, des céréales d’été, des pommes de terre et surtout les cultures fourragères comme le maïs ainsi que les prairies et les pâturages ont fortement souffert. Les cultures maraîchères ont certes bénéficié d’une longue saison, mais au prix d’une irrigation continue et onéreuse. Dans la fruiticulture, les récoltes étaient bonnes pour les cerises, mirabelles et prunes, mais mitigées pour les pommes et les poires. La récolte de maïs a été très précoce ».

Idem au niveau de la viticulture : les vendanges historiquement précoces ont commencé le 22 août, un mois plus tôt que la normale. Elles donnent un excellent millésime, mais des quantités revues à la baisse.

Le ministère de l’Agriculture rappelle qu’il aide le secteur à s’adapter aux aléas du changement climatique, à travers projets de recherche, d’innovation, conseils agricoles, projets pilotes ou encore les nouvelles mesures agro-environnementales et climatiques (AEC) du Plan Stratégique 2023-27.

Alain Ducat

Photos Ville de Luxembourg – Summer in the City / Agrimétéo-ASTA
Illustrations graphiques : Agrimeteo/ASTA

Le bulletin météorologique final de l’année 2022 et l’ensemble des données se trouvent sur agrimeteo.lu.

Article
Publié le lundi 9 janvier 2023
Partager sur
Nos partenaires