Graver le COVID-19 dans notre disque dur collectif (2/7)

Graver le COVID-19 dans notre disque dur collectif (2/7)

À 19 ans, Paulo Goncalves est un « mec super cool ». Son sens de l’humour affûté et déroutant, son rire communicatif et son sourire enjôleur font de lui un jeune avec lequel on aime vraiment passer du temps.

Paulo est usager/résident de l’Asbl Tricentenaire depuis 13 ans, il est paraplégique. Paralysé des membres inférieurs. Et, depuis l’âge de 5 ans, il se déplace en fauteuil roulant. Il suit une formation au Tricentenaire qui va lui permettre en fonction de ses désirs et compétences de choisir un atelier protégé au sein de la coopérative « Ateliers du Tricentenaire s.c. » pour y travailler par la suite. Gourmand et espiègle, il a d’ores et déjà affiché ses préférences pour l’Atelier chocolaterie. Comment vit-il le Covid dans sa situation particulière de personne en situation de handicap ? Voici son témoignage en 3 questions.

Paulo, comment avez-vous réagi à l’annonce de la pandémie de Covid19 et du confinement à la mi-mars ?

J’habite depuis mes 18 ans à la résidence Nico Kremer à Heidsdorf. C’est une résidence où nous sommes entre adultes, c’est calme. Avant j’étais dans une résidence avec des enfants à Walferdange… ça aurait été plus compliqué. J’ai réagi d’abord en comprenant que tout allait changer. On devait maintenant rester dans la résidence et ne plus sortir. Cette annonce a été faite à tout le Tricentenaire par Christophe Lesuisse [administrateur délégué du groupe]. On nous a très vite dit que nous devions maintenant avoir des distances de sécurité entre nous pour éviter les risques de propagation du virus. On nous a aussi dit que les formations – que je suis d’ailleurs- étaient suspendues. J’ai été surpris de voir tout cela se mettre en place mais je n’ai pas eu peur. J’ai vu que nous étions bien suivis et que les éducateurs étaient aussi présents pour nous.

Comment vivez-vous ce confinement depuis lors ?

Honnêtement je m’ennuie un peu ! [Rire] Mais je m’occupe comme je peux. TV, Playstation, Facebook, repos, rythment mes journées. J’ai la chance de pouvoir tout de même pratiquer aussi du sport, j’adore le basket et j’aimerais vraiment aussi me mettre à la boxe !

Je me lève à 9h, je m’habille, je prends une cigarette puis mon petit-déjeuner… s’en suivent mes activités quotidiennes, mes thérapies. Nous avons la chance d’avoir des sorties autorisées dans le parc des Sœurs à Heisdorf, on peut prendre l’air, c’est vraiment bien. Au bout d’un mois et demi, ça commence à devenir dur. Même si je fais des appels en « visio » avec mes parents, ne pas les voir me manque. Et j’ai aussi besoin de reprendre ma formation et mon travail au Tricentenaire, j’ai envie de reprendre le rythme d’avant.

Comment voyez-vous l’avenir ?

On entend dire qu’il faudra encore attendre pour travailler, là c’est non, je ne veux pas attendre encore des mois et des mois avant de reprendre une activité, même s’il n’y a pas de vaccin, avec des masques et des mesures strictes au niveau de la sécurité sanitaire, j’espère que la situation va se débloquer. Au Luxembourg, on a de la chance, les décisions en rapport avec le virus ont été très vite prises et on n’a pas eu d’infection Covid-19 ici au Tricentenaire. J’espère qu’en trois à quatre mois on pourra avoir un retour à la normale.

J’ai aussi un message que je souhaite passer. J’espère que nous n’oublierons jamais ce qui s’est passé et que cela nous servira de leçon pour prendre conscience de notre fragilité à tous. J’aimerais qu’on écrive une lettre qui laissera une trace sur ce que nous vivons en ce moment et qu’on ouvrira à l’avenir… qu’on grave cela dans notre disque dur… pour ne jamais oublier.

Frédéric Liégeois

Article
Publié le mardi 12 mai 2020
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