Glossaire entrepreneurial – L'économie sociale et solidaire

Glossaire entrepreneurial – L’économie sociale et solidaire

Vous voilà décidé, vous allez lancer votre entreprise ! Pour cela, vous allez devoir multiplier les rencontres et vous aventurer sur un terrain inconnu. Rapidement vous allez vous rendre compte que vous devrez acquérir de nouvelles compétences et apprendre un nouveau vocabulaire, propre à l’univers entrepreneurial comprenant tant des spécialistes de la création d’entreprise, des investisseurs/financiers, des partenaires, des prestataires de services, etc. De plus, les mots utilisés dans l’entrepreneuriat sont souvent issus de mots anglais, qui pour celles et ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare, rendent encore plus obscure leur compréhension.

Voici une quatrième liste (la première est ici, la deuxième ici, la troisième ici) de mots qui vous seront utiles si vous voulez vous lancer dans l’entrepreneuriat social :

ESS (Économie sociale et solidaire) ► Ce terme regroupe un ensemble de structures qui reposent sur des valeurs et des principes communs : utilité sociale, coopération, ancrage local adapté aux nécessités de chaque territoire et de ses habitants. Les activités relevant de l’ESS ne visent pas l’enrichissement personnel mais le partage et la solidarité pour une économie respectueuse de l’homme et de son environnement.

Innovation sociale ► L’ESS va souvent de pair avec l’innovation sociale. Celle-ci consiste à élaborer de nouvelles réponses à des besoins émergents ou mal satisfaits dans la société actuelle : chômage de longue durée, égalité dans l’accès au logement, etc. L’innovation sociale peut être portée par trois catégories d’acteurs : les entrepreneurs, les citoyens et les pouvoirs publics. Voici un exemple : près de 20% des ménages en France sont en situation de précarité énergétique, Énergie solidaire propose ainsi des solutions d’accès à une énergie 100% renouvelable adaptée à chaque ménage.

SIS (Société d’Impact Sociétal) ► Le Luxembourg est l’un des seuls pays européens disposant aujourd’hui d’un ministère spécifiquement dédié à l’économie sociale et solidaire. Une loi globale sur l’ESS a été votée en 2015, donnant naissance à la Société d’Impact Sociétal un agrément réservé aux entreprises de l’économie sociale et solidaire. Celle-ci présente de nombreux avantages pour la structure concernée dont une meilleure sécurité juridique, un cadre fiscal adapté ou encore un accès aux marchés publics. Elle est toutefois tenue à des obligations strictes en termes de transparence et de gouvernance. Voici quelques exemples des entreprises sociales qui portent le statut d’une SIS : Nyki, Yolande Coop ou bien 4x3.

Gouvernance participative ► Gestion démocratique et participation font partie de l’ADN d’une entreprise sociale. Organisation du pouvoir décentralisé, relation collaborative avec les parties prenantes, prise en compte des intérêts collectifs, transparence et partage d’informations sont quelques dimensions d’une gouvernance participative. En tant que salariés, bénévoles, bénéficiaires, fournisseurs ou clients, chacun de ces segments sont impliqués activement et sont ainsi les parties prenantes de l’organisation et de la structure de gouvernance. Une telle approche vise à valoriser le partage et la solidarité entre les parties prenantes. Prenons l’exemple de la coopérative OUNI, la première épicerie sans emballages au Luxembourg qui compte aujourd’hui plus de 1200 membres détenant l’équivalent de plus de 261.000€ en parts sociales. Les membres actifs ne font pas uniquement vivre OUNI financièrement, mais constituent une réelle communauté autour de l’épicerie. Ils s’engagent à deux heures mensuelles de travail et contribuent activement au fonctionnement du magasin. En plus du travail dans la coopérative, OUNI dispose de « groupes de travail » par thématiques telles que les finances ou la communication. Ainsi, au-delà des assemblées officielles des associés et membres du conseil d’administration, les membres pratiquent une intelligence collective pour faire face aux divers défis rencontrés et pour prendre les décisions quotidiennes.

SCOP (Société Coopérative) ► Il s’agit d’une forme de société fondée sur le principe de la coopération et se définit surtout pas une philosophie de gestion participative. Les prises de décision reposent sur le principe démocratique « une personne = une voix ». Une coopérative vise avant tout à servir les intérêts de ses coopérateurs-bénéficiaires, s’éloignant des modèles économiques traditionnels, où la volonté est le plus souvent de maximiser les résultats au profit des seuls actionnaires. Depuis quelques années, le nombre de sociétés coopératives croît au Luxembourg. De plus en plus de citoyens s’engagent dans des projets d’entreprise en adoptant ce modèle, avec la volonté de contribuer à une société plus durable. Terra, Allagi, Altercoop, ne sont que quelques exemples du modèle coopératif au Luxembourg.

Part sociale ► La part sociale est, pour une société coopérative, ce qu’est la part d’actions à une société de capitaux. Néanmoins sa valeur est fixe et ne peut s’échanger en bourse. Le capital des coopératives est constitué de parts sociales qui sont remboursables à leur valeur nominale lors du départ d’un membre (coopérateur). C’est pourquoi les coopératives ont un capital variable. Dans l’exemple de OUNI : les membres détiennent tous une part sociale (équivalent à 100€) et peu importe leur apport monétaire, un membre représente une voix. Les membres étant aussi propriétaires de la coopérative, on peut ici parler d’un « crowdfunding amélioré ». Ainsi, un second magasin a vu le jour récemment à Dudelange grâce à l’apport en capital qu’ont constitué les achats de parts dédiées. Cette levée de fonds « locale » a permis de couvrir les frais d’installation tout en concrétisant l’intérêt et l’engagement actif des habitants locaux.

Entreprise d’insertion ► C’est une entreprise de production de biens ou de services, se situant dans le secteur concurrentiel marchand, mais dont la finalité est avant tout sociale : accueillir et accompagner des personnes en situation d’exclusion pour construire et finaliser avec elles un parcours d’insertion socioprofessionnel durable. Le projet social de ce type d’entreprise s’appuie sur deux convictions. La première est que le travail reste - et plus encore pour les personnes qui en sont exclues - le vecteur essentiel de l’intégration et de la citoyenneté. La seconde est que l’entreprise peut être un formidable outil de formation et d’insertion. Co-labor ou Kraizbieg sont deux exemples qui portent à juste titre le nom d’entreprises d’insertion.

Bénéficiaire ► La complexité dans les entreprises sociales, c’est que le bénéficiaire n’est pas toujours le client. Lorsqu’une entreprise commerciale a trouvé un moyen de créer de la valeur pour un client, elle a généralement trouvé sa source de revenus : le client paie pour la valeur créée. Ce n’est pas toujours le cas dans le secteur « à impact ». Bien souvent, quand une entreprise sociale a trouvé un moyen de créer de la valeur pour un bénéficiaire (par ex. lutter contre les discriminations) elle n’a pas encore identifié son modèle économique. Tout simplement parce que le bénéficiaire n’a pas toujours les moyens de payer le coût de la solution proposée… ce qui rend la gestion d’une entreprise sociale complexe. Il faut considérer deux propositions de valeurs différentes - celle du bénéficiaire/utilisateur et celle du client/donateur - et gérer à la fois les opérations pour créer un impact, et celles qui permettent de financer ces activités. Prenons l’exemple d’Eis Epicerie dont les clients achètent des produits fairtrade et locaux à un prix juste, ce qui permet aux clients qui sont bénéficiaires de l’Office Social d’accéder à ces mêmes produits à un prix démocratique.

Impact social ► Cela fait quelques années que le terme « impact » est employé dans l’univers de l’entrepreneuriat social et de l’économie sociale et solidaire. À l’heure actuelle, pour donner une définition simple, l’impact désigne la transformation générée par les activités d’une organisation sur les personnes et l’environnement. Il est important de savoir différencier l’impact de la réalisation et du résultat d’une entreprise. Les réalisations sont les actions, les produits et services que l’organisation développe. Les résultats sont les effets immédiats de ses actions. Enfin, l’impact est l’effet sur le long terme que ces actions créent sur les parties prenantes. Par exemple, l’entreprise sociale Youth and Work fournit un accompagnement individuel et du conseil à des jeunes dans la recherche de formation et d’emploi. Les réalisations de Youth and Work sont l’accompagnement et le conseil à un nombre X de personnes ; le résultat est l’acquisition de compétence des participants ; et l’impact est le nombre de personnes qui ont trouvé un travail durable grâce à l’accompagnement et le conseil offert par Youth and Work. Pour en savoir plus, (re)découvrez notre article dédié à l’évaluation de l’impact social.

Nous espérons que ce florilège vous a donné envie de vous lancer dans l’entrepreneuriat social. Le programme Impuls peut vous aider à concrétiser votre idée à impact et devenir un entrepreneur de changement !

Article écrit par Pelagia Baxevani

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Publié le vendredi 21 août 2020
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