Enjeux sans frontières

Enjeux sans frontières

La nature a ses limites, mais ce ne sont pas celles des États ou des régions. L’Union européenne a ses priorités politiques bien définies et des programmes financiers pour les implémenter. La capillarité des aides permet de mener à bien des programmes locaux qui pensent et agissent globalement.

En avril dernier, un document de travail des services de la Commission européenne faisait l’examen du Luxembourg en regard de la mise en œuvre de la politique environnementale de l’Union européenne. Les conclusions du rapport notent des « progrès concernant la pollution des eaux par les nitrates », tout en soulignant que la « concentration en nitrates dans les eaux souterraines et l’état trophique des eaux de surface continuent de poser problème » et en observant que le pays « a respecté les exigences de la directive relative au traitement des eaux urbaines résiduaires ».

Sur le volet protection de la nature, le rapport salue des « progrès considérables réalisés grâce à l’adoption de mesures de conservation et à la définition de plans de gestion pour l’ensemble des sites depuis 2015 ». Et remarque que 27,03 % de la superficie nationale relèvent de Natura 2000, alors que la moyenne dans l’Union est à 18,1 %.

L’ambition remarquée

Même si « la fragmentation de l’habitat et la perte de biodiversité continuent d’exiger une attention particulière », l’instance cite quelques bonnes pratiques. Comme les aspects environnementaux du développement rural : « presque 28 % des terres agricoles au Luxembourg devraient faire l’objet de contrats de gestion pour améliorer la gestion des eaux. Près de 11 % feront l’objet de contrats pour améliorer la gestion des sols. Plus de 90 % feront l’objet de contrats de gestion pour stimuler la biodiversité ».

La Commission salue le côté « ambitieux » du plan national pour la protection de la nature (PNPN) et de ses objectifs - actions « Espèce » et « Habitat », rétablissement des écosystèmes, défragmentation des paysages, accélération de la mise en place des zones de protection et de leur gestion, achat d’espaces naturels... Le tout étant encadré par une loi (juin 2018) pour la protection de la nature et des ressources naturelles, venue renforcer la législation existante.

Transfrontaliers et locaux

La stratégie européenne pour la biodiversité a pu appuyer des actions nationales et transnationales, notamment via un Programme européen d’actions Environnement de l’Europe, des programmes Life, ou encore par le biais des programmes de soutien à la coopération transfrontalière, type Interreg, Feder...

Interreg III A Wallonie-Lorraine-Luxembourg (un espace de plus de 24 000 km2 pour une population de 2,6 millions d’habitants), dont un des axes visait la biodiversité et les milieux naturels, a encouragé les initiatives cofinancées par l’Europe, des budgets nationaux ou régionaux, avec des apports du secteur privé. Idem pour Interreg V Grande Région.

Par capillarité, il existe désormais des stations d’épuration transfrontalières et des programmes de gestion de l’eau (entre Lorraines française – Gorcy - et belge – Musson - par exemple, ou entre Arlon et Steinfort) ou des gestions communes de bassin hydrographique (les eaux de l’Attert qui s’écoulent vers la Sûre et le bassin de la Moselle).

Les projets locaux s’enhardissent aussi. À l’image de la ville de Metz, inscrite dans le Quattropole (Luxembourg, Metz, Sarrebruck et Trèves, à l’origine de ce groupement de villes, qui a notamment lancé un programme biodiversité dès 2010), qui anticipe des prévisions de solide hausse des températures dans 25 ou 30 ans : 85 essences d’arbres, arbustes et végétaux ont été identifiées, dont les vertus pourront aider à survivre dans la cité.

Alain Ducat
Légende photo : Des programmes européens, comme Life, appuient des projets régionaux, de renaturation par exemple. (photo natur&ëmwelt)

Article tiré du dossier du mois « Nature Humaine »

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Publié le vendredi 17 avril 2020
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