Encore 50% de ressources à valoriser dans nos déchets

Encore 50% de ressources à valoriser dans nos déchets

163 kilos de déchets résiduels par habitant et par an. C’est mieux qu’en 2018. Mais il y a encore beaucoup à valoriser dans les poubelles noires du pays.

Pour la 6e fois, l’Administration de l’environnement a procédé à une analyse des déchets résiduels au niveau national. Pour mémoire, cette analyse s’effectue régulièrement, tous les 3 ans maximum. Et elle se penche sur les « poubelles noires », celles des déchets résiduels, « inclassables » ou « mal triés », en tout cas les « mélangés » qui se retrouvent dans les conteneurs pour la collecte publique et finissent à la décharge de Flaxweiler ou sont incinérés au SIDOR.

Outre la masse des déchets, l’analyse nationale entend déterminer la composition et l’évolution de ces déchets résiduels, mesurer les conséquences des changements apportés dans la gestion notamment sur le volume collecté et, plus encore, quelles fractions de ces déchets résiduels pourraient être mieux triées et valorisées de manière plus efficace.

L’analyse actuelle – effectuée 19,34 tonnes de déchets résiduels collectés dans 15 communes représentatives – montre d’abord que chaque habitant produit en moyenne 163 kg de déchets résiduels par an, soit environ 30 kg de moins qu’en 2018. « Cette évolution est certes encourageante, mais nous ne devons pas en rester là », souligne l’Administration de l’Environnement.

En effet, parmi les 103.600 tonnes de déchets générés au total, se trouvent encore environ 50% de ressources à valoriser.

Les dés sont-ils jetés ?

Quelques constats résultent de cette analyse détaillée.

D’abord les plastiques à usage unique – pour la plupart, une directive européenne en proscrit la vente ou l’usage – sont interdits et ça se voit dans les déchets résiduels, qui en contiennent beaucoup moins. Il y en a donc encore et, en outre, constate l’analyse, « beaucoup de ces produits jetables en plastique sont remplacés par des produits jetables fabriqués dans d’autres matériaux (par exemple en bambou, en papier ou en bois) qui se retrouvent donc de plus en plus souvent dans les déchets résiduels ».

L’extension du sac bleu (Valorlux) au niveau national pour les PMC, films en plastique, pots de yaourt, etc. a entraîné une diminution des emballages plastiques dans les déchets résiduels.

Cela est particulièrement visible dans les communes du SIDEC qui ont introduit le sac bleu élargi dès octobre 2019 : par exemple les films plastiques sont passés de 17,94 kg par habitant à 11,13 kg, les gobelets de 2,07 kg à 0,92 kg.

55,7 millions de capsules de café

Le bulletin est nettement moins encourageant pour les capsules de café. L’analyse 2022 a révélé une quantité extrapolée de 887 tonnes de dosettes dans les poubelles, soit environ 55,7 millions de capsules. « En 2018, ce chiffre était déjà d’environ 54,6 millions de capsules. C’est une augmentation manifeste, et ce malgré la mise en place de systèmes de collecte séparés dans les commerces spécialisés. Une tendance déplorable qui risque de perdurer », commente l’administration de l’Environnement.

Et qu’en est-il des « biodéchets » ? Leur part dans les déchets résiduels a baissé de 61,2 kg à 45,9 kg par personne. Mais ces biodéchets représentent toujours environ 1/3 de la masse collectée. Près de 20% sont des déchets de cuisine, comme des épluchures, des os, etc.

Rappel utile : « En les éliminant dans la biopoubelle, ceux-ci pourraient encore être valorisés sous forme de biogaz ou de compost ».

Par ailleurs, on trouve encore beaucoup de denrées alimentaires dans les déchets résiduels, surtout des produits de boulangerie, mais aussi des aliments encore emballés et non périssables. Une chasse au gaspi s’impose... « Une planification plus efficace des courses, une conservation correcte des aliments et une meilleure connaissance de leur durée de conservation permettrait de remédier à cette situation ».

Autre constat issu de l’analyse des poubelles noires : on y retrouve plus de 3 millions de sacs en papier. « Les sacs en papier propres ou peu souillés doivent être déposés dans la collecte de papier ». Ou alors, il faut les éviter : « Une bonne solution, c’est d’utiliser ses propres cabas et renoncer aux sacs en papier lorsque ce n’est pas absolument nécessaire ».

Tendre vers le « zéro déchet »

Comment mieux faire, de manière générale, sur la voie du « zéro déchet » ?

Pour rappel, depuis le 1er janvier 2023, de nouvelles dispositions du paquet de lois « déchets et ressources », sont entrées en vigueur. On y vise un changement de paradigme, de la « gestion des déchets » vers une « gestion des ressources », qui se reflète dans les stratégies nationales « Null Offall Lëtzebuerg » et pour une économie circulaire.

Pour la ministre Joëlle Welfring, les principaux secteurs concernés par les nouvelles échéances sont ceux de la restauration, de la grande distribution et de l’événementiel (lire aussi ce précédent article sur Infogreen)

D’autres mesures se précisent, comme l’interdiction de la vente de certains fruits et légumes frais en petits conditionnements (moins de 1,5 kg) dans des emballages en plastique.

Avec les différents secteurs, des concertations et des workshps ont eu lieu et se mettent en place pour aller encore plus loin dans l’efficacité. Les alternatives existent. Et les bonnes pratiques sont observées pour mieux les évaluer et les étendre.

Ainsi, la présentation de l’analyse et des perspectives sur les déchets résiduels a été complétée par un témoignage de la commune de Wiltz qui a ancré les principes de l’économie circulaire dans le fonctionnement de ses services communaux.

Plusieurs exemples ont été mis en avant, illustrant la manière dont des événements durables et respectueux des ressources peuvent être organisés.

Enfin, le ministère de l’Environnement réfléchit à la fin de la mise en décharge des déchets municipaux ménagers. « Le MECDD est en train de réaliser une étude commune avec le SIDOR, SIDEC et SIGRE permettant de guider la mise en œuvre du réseau de gestion des déchets ménagers municipaux et qui tient compte de la fin de la mise en décharge. En outre, une étude pour l’utilisation de la décharge du Muertendall après 2030 est en cours de préparation ».

Alain Ducat
Photos et illustrations : MECDD / Ville d’Esch

(de g. à dr.) Stephanie Goergen, Administration de l’environnement ; Joëlle Welfring, ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable ; Patty Koppes, responsable Économie circulaire, commune de Wiltz ; Paul Rasqué, MECDD

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Publié le lundi 16 janvier 2023
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