Dribbler les vices cachés derrière la porte

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Le ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du Territoire va sortir un « Livre vert sur la construction saine », une base de données regroupant des matériaux qui ont été analysés, testés, et qui sont vraiment exempts de toutes substances nocives.

Si les peintures au plomb des années 50 ne sont plus qu’anecdotiques dans les habitations, les produits qui les remplacent ne sont pas toujours beaucoup plus sains. C’est d’ailleurs malheureusement le cas pour de nombreux matériaux de construction – même certains que l’on pense écologiques –, qui contiennent des polluants invisibles, inodores et pourtant problématiques.

Heureusement, le ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire prévoit la publication, au début de l’été, d’un « Livre vert sur la construction saine », une base de données qui regroupe des matériaux qui ont été analysés, testés, et qui sont vraiment exempts de toutes substances nocives.

Ralph Baden, expert en construction saine et en indoor air quality au sein du ministère : « Nous avons pu trouver des solutions saines à tous types de produits, sans qu’il soit nécessaire de faire de grandes concessions en termes de design et de fonctionnalités ».

Petit tour d’horizon des principaux polluants intérieurs :

Polluants chimiques :

On distingue, parmi les polluants chimiques, les volatiles et les semi-volatiles. « Cette distinction est importante dans le sens où beaucoup de certifications et de labels existants se focalisent sur les polluants volatiles (s’évaporent endéans les 2-3 semaines en moyenne) et oublient les semi-volatiles (sont respirés durant plusieurs années). Or ces derniers sont persistants et bioaccumulables : ce sont des molécules qu’on va inhaler au fil des années et dont le corps humain ne parvient pas à se détoxifier. »

- Volatiles

Formaldéhyde : très bien documenté, pris en compte par les labels. De nombreux efforts ont été réalisés pour minimiser sa présence dans les matériaux de construction.

Autres aldéhydes : aux effets similaires au formaldéhyde. On en parle très peu, mais ces dérivés sont de plus en plus présents dans les intérieurs, et souvent tout aussi nocifs.

COV (Composés Organiques Volatils) : alors que les anciennes peintures ou colles renfermaient des COV ou solvants classiques, notamment des BTX (Benzène Toluène Xylènes), on a remplacé ces solvants par de l’eau dans les produits à dispersion. Ces produits doivent ensuite contenir des additifs en compensation, qui reprennent certaines caractéristiques des solvants bannis, mais qui sont en plus moins volatiles et tout aussi dangereux pour la santé. On peut notamment citer les éthers de glycol, et les terpènes que l’on retrouve dans des peintures dites écologiques.

- Semi-volatiles

Biocides : pour lutter contre les insectes et les moisissures. On les retrouve dans les bois, les moquettes, les tapis, le cuir.

Retardateurs de flamme : on distingue les polybromés – qui concernent principalement les États-Unis et l’Asie –, et les organophosphorés en Europe. Ces derniers sont moins documentés mais comptent parmi les polluants les plus problématiques dans les intérieurs. Ils sont également utilisés dans les vitrifications de revêtements de sol (parquet, linoléum) pour les rendre antidérapants et brillants.

Phtalates : adoucisseurs, substances qui rendent les PVC et plastiques flexibles.
Dans les rénovations, on retrouve encore des colles à base de goudron, des métaux lourds (peintures au plomb, tuyauteries en plomb) ou de l’amiante. Ceux-ci ne sont plus utilisés dans les produits actuellement sur le marché.

Moisissures :

Elles sont plus connues et souvent plus visibles aussi. Elles sont toujours liées à un problème d’humidité. La solution ? Supprimer les causes de cette humidité : fuites, infiltrations, ponts thermiques, manque d’entretien des systèmes de ventilation mécanique. « La ventilation, c’est le poumon du bâtiment : c’est par là que l’air frais arrive. Il faut veiller à éviter les encrassements, les conduites polluées chimiquement (par des retardateurs de flamme, des phtalates). Pour cela, il est impératif de prévoir un accès au système pour réaliser des entretiens réguliers. »

Champ électromagnétique :

Lire notre article dédié à ce sujet en cliquant ici.

Marie-Astrid Heyde, avec Ralph Baden, expert en construction saine et en indoor air quality (ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du Territoire)
Article paru dans le dossier du mois « Pollutions ? Solutions ! »

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Publié le jeudi 14 avril 2022
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