Des technologies de l'information « écologiques »

Des technologies de l’information « écologiques »

Un Luxembourgeois poursuit des recherches sur un nouvel état de la matière quantique

Des ordinateurs plus rapides et des portables consommant encore moins d’énergie ? Un nouveau type de matériau conduit l’électricité pratiquement sans aucune perte, ouvrant la porte à des possibilités insoupçonnées.

Jusqu’à ce jour, la mise au point d’ordinateurs encore plus rapides ou de téléphones portables consommant encore moins d’énergie était nettement limitée par un phénomène : l’échauffement des puces.

Les puces reposent sur ce qu’on appelle des semi-conducteurs, qui s’échauffent fortement durant leur fonctionnement. Cet échauffement a pour conséquence d’empêcher le bon fonctionnement de la puce. Pour réduire ce phénomène, la puce doit être maintenue à une température de fonctionnement constante, ce qui augmente encore la consommation d’énergie.

Un nouveau type de matériaux appelés « isolants topologiques » font actuellement l’objet de recherches dans le monde entier en raison des possibilités insoupçonnées qu’ils offrent pour mettre au point des technologies de l’information consommant peu d’énergie.

L’électricité sans perte

Le jeune Luxembourgeois, Christian Pauly, a apporté une contribution substantielle dans ce domaine de la recherche alors qu’il poursuivait son doctorat à l’université technique de Rhénanie-Westphalie RWTH d’Aix-La-Chapelle. Ses travaux ont maintenant été publiés dans la revue scientifique Nature Physics , dont la renommée n’est plus à faire.

Pour la toute première fois, une équipe interdisciplinaire composée de physiciens et de chimistes dédiés aux recherches expérimentales et théoriques ont pu produire et observer de minuscules réseaux électriques conducteurs sur un cristal de bismuth-rhodium-iodide (Bi14Rh3I9). À la différence d’un matériau conducteur conventionnel, sur lequel les électrons se déplacent pour ainsi dire en zigzag (voir illustration), produisant ainsi de la chaleur, les électrons présents sur les canaux observés au bord de l’isolant topologique étudié se déplacent comme sur des rails et perdent donc très peu d’énergie (voir illustration).

- 1

 

Une découverte à fort potentiel

Sur les puces du futur, il serait possible que les circuits intégrés soient composés de ces réseaux d’atomes et produisent ainsi nettement moins de chaleur que les traditionnelles pistes de circuit imprimé. Cette méthode permettrait d’imaginer un avenir avec des ordinateurs beaucoup plus rapides et des téléphones portables consommant moins d’énergie. Mais pour en arriver là, il sera d’abord nécessaire de mieux comprendre les phénomènes quantiques sur lesquels cette méthode se base.

Le chercheur

Christian Pauly a effectué sa scolarité à Wiltz. Il a commencé ses études en physique à Aix-La-Chapelle en 2003 et son doctorat, en 2010 à l’Institut de physique II de l’université technique (RWTH) d’Aix-La-Chapelle, au sein de l’équipe du professeur Morgenstern. La recherche l’intéresse principalement du fait que « nous avons en nous la possibilité de découvrir de nouvelles choses. Le chercheur peut mener et coordonner lui-même l’intégralité du processus, de la fabrication des échantillons à l’interprétation des données, en passant par la prise des mesures. Il est également motivant que dans un domaine comme celui des isolants topologiques, on puisse encore découvrir des phénomènes physiques d’un tout nouveau genre qui pourront probablement être appliqués de manière globale dans les années à venir.  »

Le prochain projet permettra à cette équipe de continuer les recherches sur le matériau Bi14Rh3I9 autour de Christian Pauly, au sein du groupe du professeur Morgenstern. Nous sommes curieux de savoir quand les isolants topologiques feront leur apparition dans les appareils que nous utilisons tous les jours !

Auteur : Carlo Duprel (FNR)
Photo : © Christian Pauly

Source : www.science.lu

Article
Article
Publié le jeudi 3 décembre 2015
Partager sur
Nos partenaires