De la Blue Economy aux solutions plus vertes

De la Blue Economy aux solutions plus vertes

Protéger les océans passe par des investissements ciblés dans des projets et initiatives dont c’est précisément l’objectif. L’économie bleue a des ressources.

La protection des océans relève de l’évidence. Ils recouvrent près des 2/3 du globe et l’humanité a besoin d’eux pour l’eau, l’alimentation, le climat, l’indispensable oxygène… Près de la moitié des habitants de la planète dépendent directement des mers pour leur subsistance. Les océans sont une source d’énergie renouvelable, de ressources naturelles, de nouvelles molécules pour les soins médicaux ou les traitements phytosanitaires et vétérinaires.

C’est clair, il faut investir pour faire évoluer les choses et rien ne justifie que les océans soient le parent pauvre de l’investissement.

Le nerf de la guerre s’est mis à jouer dans le combat naval. L’économie était depuis longtemps impliquée mais les grands porteurs étaient souvent plus responsables de pollutions qu’affréteurs de solutions ou d’alternatives. La finance a fait de la Blue Economy une autre priorité. Le lien avec le Luxembourg est vite fait, quand on parle d’opportunités de niches ou d’expertise de place financière…

Blue Natural Capital et facilités de financement

Les fonds d’investissement ont intégré le domaine. Des sociétés se sont même spécialisées dans le financement de projets innovants, comme le nettoyage des océans ou les infrastructures d’énergie hydraulique et/ou éolienne offshore.

Alors que la nécessité de préserver les océans figure parmi les objectifs de développement durable des Nations unies, la Banque européenne d’investissement et d’autres institutions de développement ont mis en place, ces dernières années, des instruments pour contribuer à la préservation des mers. La lutte contre les déchets plastiques a conduit la BEI à lancer l’initiative Clean Oceans en 2018 aux côtés des banques de développement allemande et française, la KfW et l’Agence française de développement. Objectif : consacrer jusqu’à 2 milliards d’euros sur 5 ans au financement de projets relatifs à la collecte et à la gestion des plastiques et autres déchets ou au traitement des eaux usées avant qu’elles n’atteignent les côtes. Cette initiative s’adresse essentiellement aux villes des zones côtières et fluviales des pays en développement d’Afrique et d’Asie.

Mais investir sur l’océan, pour l’impact, peut concerner tout le monde. Blue Natural Capital est un des catalyseurs mondiaux. Initiative de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) basée en Suisse, BNC promeut l’investissement dans la protection et la gestion durables des côtes, qui apporte des avantages tangibles aux communautés locales, construit avec ses partenaires des dossiers économiques et financiers solides pour investir dans les océans. « Nous travaillons avec des projets sur le terrain pour développer des entreprises durables, avec un attrait pour les investisseurs privés, et soutenons la communauté financière et de conservation au sens large avec des leçons précieuses sur les opportunités d’investissement », se présente Blue Natural Company. Qui s’appuie notamment sur BNCFF (Blue Natural Capital Financing Facility), une structure de facilitation, de financement et de développement de projets qui combine les services écosystémiques, les multiples flux de revenus et des profils risque-rendement appropriés. Le BNCFF est géré par l’IUCN et financé par le Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg…

Des vaisseaux qui carburent autrement

Plus directement, parmi les grands noms de l’économie marine, on trouve Jan De Nul, fleuron mondial du dragage et du « génie civil maritime », dont le siège est à Capellen. Le groupe a développé une expertise dans des domaines connexes : production d’énergie en mer, travaux d’infrastructures complexes, traitement de pollutions… Sur les 82 vaisseaux du groupe, 63 naviguent aujourd’hui sous pavillon luxembourgeois. Jan De Nul Group emploie 6.267 personnes dans 47 pays. 600 personnes sont au Luxembourg, 500 marins et 100 salariés au siège social. Et JDN est un fier porte-drapeau d’un cluster maritime luxembourgeois, où la Blue Economy est anticipée, en ce compris dans les solutions vertes.

Il y a quelques mois, Jan De Nul annonçait avoir commandé un navire de surface autonome hybride. Ce navire, qui fonctionnera sans équipage, sera déployé dans le monde entier pour effectuer des relevés hydrographiques et environnementaux dans le cadre de projets de construction maritime et offshore. Une première du genre. Et Beluga 01, développé par la firme norvégienne Maritime Robotics, battra pavillon luxembourgeois.

De fait, face aux défis environnementaux colossaux des transporteurs et gros tonneaux – à la fois pour la propulsion des vaisseaux que pour ce qu’ils transportent ou dégazent -, le secteur tente de redresser la barre. Le LNG - gaz naturel liquéfié – (qui reste d’origine fossile) est souvent perçu comme un carburant de transition. Par exemple, l’entreprise luxembourgeoise CLdN (ex-Cobelfret) a pris cette option pour 2 nouveaux navires, annoncés pour 2025, escomptant une réduction des émissions de CO2 de quelque 40%.

La suite se prépare, avec des solutions comme l’hydrogène vert, les bio-gaz, e-méthanes ou autres carburants de synthèse. Pour la prochaine vague…

Alain Ducat
Photos : Jan de Nul / Blue Natural Capital
Article paru dans le dossier du mois « Bouteille à la mer ! »

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Publié le lundi 23 mai 2022
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