Black Friday : no way !

Black Friday : no way !

Le Black Friday tombe en plein cœur de la Semaine européenne de la réduction des déchets. Dépenses et surconsommation ou économies et réparation ?

Ce n’est pas un hasard du calendrier : le Black Friday – souvent étendu au Black Friday Week-End, voire à la Black Friday Week – tombe toujours le dernier vendredi du mois de novembre, et la Semaine européenne de la réduction des déchets (SERD) se tient sur la dernière semaine complète de novembre. Ils sont donc bien partis pour coïncider chaque année, et continueront à partager des messages bien différents.

Le Vendredi fou, comme l’appellent les Québécois, est l’occasion de faire de belles affaires, tandis que La SERD s’affaire à promouvoir les belles occasions. L’occasion de réduire sa consommation, de recycler ce qui n’est plus utilisé, de réutiliser tout ce qui peut l’être. Et celle-ci trouve d’ailleurs son origine et son inspiration dans la Semaine... canadienne de réduction des déchets qui remonte au début des années 80.

Réparer au lieu de surconsommer

Les initiatives luxembourgeoises entrant dans le cadre de la SERD sont soit rares, soit très discrètes. Et pourtant chaque Luxembourgeois produit 790 kg de déchets par an, se classant en tête de la Grande-Région, largement devant le Belge qui produit 416 kg de déchets - la moyenne européenne se situant à 505 kg. Avec un taux de recyclage de 53%, il fait mieux que la France (44%) mais bien moins que l’Allemagne (67%) d’après des données de 2020.

Parmi les problèmes : le manque d’initiatives de réparation des objets (téléphones, vêtements, électro, etc.). Initiative personnelle d’abord, le grand public ayant tendance à acheter de nouveaux produits dès que les anciens rendent l’âme. Mais aussi manque d’initiatives gouvernementales, pour d’un côté inciter les fabricants à proposer les pièces de remplacement pour faciliter ces réparations (dans les cas applicables) et d’un autre côté promouvoir les actions de type repair cafés, achats de seconde main, échanges, prêts et locations d’objets moins utilisés, etc.

L’indice de réparabilité

Oekotopten – « guide digital adapté au marché luxembourgeois qui offre des informations et des conseils pour économiser de l’énergie et des ressources » – fait partie des rares à communiquer dans le cadre de cette semaine de sensibilisation. En saluant d’abord une récente initiative de l’Union européenne : « les États membres de l’UE et la Commission européenne se sont mis d’accord sur de nouvelles règles qui, lorsqu’elles entreront en vigueur, obligeront les fabricants de smartphones à fournir des informations sur les réparations et des pièces de rechange pendant au moins sept ans.

L’objectif est de faciliter les réparations et d’éviter les déchets électroniques » (communiqué de presse du 22/11/2022).

Et puis en lançant une campagne de sensibilisation, qui s’inscrit également dans la démarche Fixit du Mouvement écologique et de l’Oekozenter Pafendall. On y trouve par exemple un indice de réparabilité qui permet de se donner une idée, dès l’achat, des possibilités de sauver l’appareil en cas de pépin.

Pour l’Homme et pour la nature

« Les smartphones sont composés à 56 % de plastique, à 16 % de verre et de céramique et à 25 % de métaux et de terres rares. Ces dernières comprennent le cuivre du Chili, le fer et l’étain de Chine, le nickel d’Indonésie, le lithium du Chili et de Bolivie, le cobalt de RDC et de Zambie, le coltan de RDC et du Rwanda, et d’autres encore », peut-on encore lire dans le communiqué. Des pays dans lesquels les droits de l’homme sont souvent loin d’être respectés.

Chaque année, 6.650.000 kg d’appareils électroniques en find d’usage sont collectés par Ecotrel, rien qu’au Luxembourg. Et ce chiffre ne tient pas compte des appareils jetés dans les ordures ménagères ou aux encombrants. Trouver des solutions est donc absolument nécessaire pour préserver ces ressources – matérielles et humaines – précieuses.

Avant de sauter sur les bonnes affaires ce vendredi, mieux vaut s’attarder quelques instants sur les moyens de réparer ce qui n’est plus à l’état neuf. Et en cas d’achat, pensez à privilégier la seconde main, les marques éthiques et les commerçants locaux. Vous contribuerez ainsi à donner une teinte un peu plus verte à ce vendredi noir.

Marie-Astrid Heyde

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Publié le jeudi 24 novembre 2022
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