
Agir entre urgence et espoir pour préserver une relation fragile
La Terre nourrit, abreuve, soigne, relie. Pour continuer à jouer ces rôles fondamentaux, elle a besoin qu’on la protège. Depuis le Luxembourg, des ONG agissent à travers le monde pour faire vivre cette interconnexion essentielle entre les humains et leur environnement.

Agriculture durable et préservation des traditions pour soutenir les communautés indigènes Q’eqchi’ du Guatemala
Fondation Partage Luxembourg
Avec près de 800.000 membres, les Q’eqchi’ représentent l’un des plus grands groupes indigènes du Guatemala. Ancrées dans le nord rural du pays, leurs communautés vivent en profonde harmonie avec la nature, qu’elles considèrent comme vivante et sacrée. Cependant, elles font aujourd’hui face à des défis climatiques majeurs, notamment la sécheresse.
Pour répondre à cette urgence, notre partenaire local, la Fondation Fray Domingo de Vico, agit depuis 2008 en faveur d’une agriculture durable respectueuse des traditions ancestrales. Elle réintroduit notamment le calendrier agricole sacré, fondé sur les cycles lunaires. La fondation gère également une école technique bilingue (Q’eqchi’/espagnol) spécialisée en agroécologie. Les parents sont impliqués dans cette démarche en offrant des terrains à leurs enfants. Ces derniers peuvent ainsi expérimenter les méthodes apprises. Ce modèle renforce la transmission intergénérationnelle et entraîne un réel changement : certaines familles ont ainsi abandonné le brûlage au profit du compostage ou du terrassement.
Ce projet illustre une approche de résilience écologique, respect culturel et dignité humaine.

Cultiver la résilience au cœur des montagnes népalaises
Aide à l’enfance de l’Inde et du Népal
Gravement touchée il y a plus de dix ans par un incendie qui a ravagé plus de 600 hectares de forêt, la région d’Aamachhodingmo, dans le district de Rasuwa, subit désormais les effets accrus du changement climatique. L’augmentation des sécheresses, la pénurie d’eau et la perte de productivité des terres rendent la gestion des ressources naturelles encore plus cruciale dans cette zone montagneuse et touristique, voisine du parc national de Langtang.
Avec son partenaire local ARD, AEIN met en œuvre un projet de résilience climatique financé par le Fonds Climat et Énergie du ministère luxembourgeois de l’Environnement. Il combine une approche climatique intelligente de l’agriculture et de l’élevage de Chauri avec des actions en faveur de la souveraineté alimentaire, de la restauration des écosystèmes et de l’éducation à l’environnement.
Le projet forme 200 femmes à l’agroécologie, reboise plus de 16 hectares avec 11.000 arbres et 20.000 plantes fourragères, renforce l’accès à l’eau pour 1.100 Chauris et sensibilise 148 élèves au changement climatique.
À travers ces actions, il bénéficie directement à 460 foyers et encourage une cohabitation harmonieuse entre humains et nature, en valorisant les savoirs locaux et l’adaptation climatique comme leviers du développement rural.

Quand les guerres transforment la terre nourricière en terrain miné
Handicap International Luxembourg
La fin d’un conflit ne signifie pas le retour à leurs terres pour les populations locales. Les conflits actuels laissent des traces qui durent des dizaines d’années : les armes explosives.
On estime par exemple qu’il faudra un siècle pour déminer l’Ukraine. La terre n’est plus nourricière mais dangereuse, potentiellement mortelle. 90% des victimes d’armes explosives sont des civils : des enfants qui jouent, des agriculteurs dans leurs champs.
Handicap International mène des opérations de déminage humanitaire dans plusieurs pays pour rendre aux populations locales leurs lieux de vie. C’est un procédé long mais nécessaire pour nettoyer les terres. Il est effectué en collaboration avec les habitants, selon leurs priorités.
L’année dernière, nous avons soutenu depuis le Luxembourg une de ces opérations en Irak. Près de 90 kilomètres carrés de terres situées dans des zones à risque ont été sécurisées, rendant leurs terres nourricières à 228 personnes.

De l’eau potable et un jardin maraîcher pour les élèves au village d’Anagbo au Bénin
SOS Villages d’Enfants Monde
Impliquée au Bénin depuis 2022 à travers notamment deux programmes de développement dits PACOPE-SPE, SOS Villages d’Enfants Monde s’est engagée dans un projet périphérique à Abomey-Calavi. Il s’agit d’un projet d’accompagnement des quelque 220 élèves de l’école primaire publique et de la communauté du village d’Anagbo pour un accès durable à l’eau potable. Le projet, en cours de développement, bénéficie du soutien de la Ville de Luxembourg.
Au sud-est du pays, le petit village d’Anagbo, qui compte quelque 1.000 habitants qui s’appuient sur l’agriculture, hélas limitée, manque d’infrastructures et de moyens. Il souffre d’un accès limité à l’eau potable avec comme conséquence des problèmes de santé pour les plus vulnérables.
La construction d’un poste d’eau autonome fiable et durable doit fournir en continu une eau de qualité à l’école et à 50 ménages qui habitent à proximité. Par ailleurs, les élèves bénéficieront d’une alimentation équilibrée grâce aux légumes produits par le jardin maraîcher de l’école selon des méthodes respectueuses de l’écologie. Il s’agit enfin d’éveiller la conscience des écoliers, des enseignants et des membres de la communauté aux enjeux de l’hygiène et de l’assainissement et à la préservation de l’environnement.

Accès à l’eau et résilience climatique : un espoir pour les familles de Poroma, en Bolivie
PADEM
Le projet soutenu par PADEM et porté par l’ONG Sumaj Punchay dans la municipalité de Poroma (département de Chuquisaca, Bolivie) vise à améliorer les conditions de vie des enfants, des adolescents et de leurs familles, fortement touchés par la pauvreté et les effets du changement climatique. Dans ce territoire rural, où 95,9 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, l’accès à l’eau constitue un enjeu central pour garantir la sécurité alimentaire et renforcer la résilience communautaire.
Face aux sécheresses prolongées, aux faibles rendements agricoles et à la dégradation des sols, le projet propose un modèle agroécologique durable fondé sur l’installation et la remise en état de systèmes d’irrigation, la gestion responsable des ressources naturelles (campagnes de reboisement, nettoyage des rivières) et la formation des familles, en particulier des femmes et des enfants, pour en faire des acteurs du changement (par exemple formations en agriculture biologique, en justice climatique et alimentaire).
En intégrant la dimension de genre et en promouvant l’autonomie locale, cette initiative entend lutter contre la malnutrition infantile et renforcer les capacités des communautés à faire face aux défis climatiques, tout en protégeant les droits fondamentaux des enfants.
Textes et photos des ONG, compilés par Marie-Astrid Heyde
Extrait du dossier de la rédaction « inTERREdépendance »