À quel point sommes-nous « vert » au Luxembourg ?

À quel point sommes-nous « vert » au Luxembourg ?

Nico Brettner, père de deux enfants et passionné par une multitude de sujets, rédige régulièrement des articles sur le blog www.rosportlife.com . Se posant un bon nombre de questions sur le changement climatique, il a désiré les poser directement au directeur de Sources Rosport. Son entretien est devenu plus riche en informations que ce qu’il ne l’avait imaginé au départ, et avide de réponses il s’est lancé le défi de mener d’autres interviews avec divers acteurs luxembourgeois sur ce même sujet.

Nico BRETTNER

L’année dernière, un bon nombre de choses concernant notre environnement ont été remises en question. Les médias nous montrent d’horribles images de la destruction de notre écosystème : des forêts qui brûlent, des îles recouvertes de plastique, des montagnes de déchets se situant dans des contrées lointaines. Une jeune fille nous a ouvert les yeux. Je me suis donc posé la question : à quel point sommes-nous « vert » au Luxembourg ?

Lorsque je pense à la protection de notre environnement, plusieurs questions me traversent l’esprit : Sommes-nous à un point de non-retour ? Est-ce que je peux, moi individuellement ou avec ma famille, améliorer les choses ? De quelle manière puis-je changer mon comportement pour pouvoir avoir un impact positif sur l’environnement ?

Nos entreprises qui produisent, livrent et vendent, travaillent-elles de manière écoresponsable ? Je me demande s’il n’existe pas un moyen de travailler ensemble, consommateurs et entreprises, pour impacter la situation actuelle.

Ces prochains mois, je vais tenter de répondre à ces questions. Je vous propose dès aujourd’hui ma nouvelle série, où je vais mener mon enquête et poser mes questions à différentes entreprises luxembourgeoises.

Mon point de départ, en relation avec Rosport Life : la polémique autour des bouteilles en plastique PET. Monsieur Max Weber, directeur des Sources Rosport, m’a accueilli dans son bureau où nous avons parlé d’eau minérale et de l’environnement.

Sources Rosport est une petite entreprise traditionnelle luxembourgeoise, et même si l’on retrouve un bon nombre d’informations sur leur site internet, j’ai commencé mon interview par l’histoire de cette entreprise. Je voulais savoir comment elle a vu le jour il y a plus de 60 ans.

Monsieur Max Weber m’a donc raconté que c’est la famille Bofferding (oui, celle de la bière), voulant se développer, qui a fait appel dans les années 50 à notre géologue national le plus connu, Michel Lucius, pour trouver une source d’eau.

Il s’est donc mis à la recherche et l’on raconte que c’est dans un bistro à Rosport qu’on lui a donné un bon tuyau. Les vieux du village lui ont parlé d’un endroit habité par le diable. L’eau y bouillonne. En hiver, elle ne gèle pas et on peut y apercevoir du sang à certains moments, l’eau serait alors rouge.

Cette histoire a mis la puce à l’oreille à Monsieur Lucius. Une source d’eau naturellement gazeuse se charge plus en fer qu’une eau minérale plate. Au contact de l’air, ce fer s’oxyde et donne une couleur rouge à l’eau.

Il mit peu de temps à trouver la source, mais il fallut quelques années avant d’obtenir toutes les autorisations nécessaires pour pouvoir l’exploiter et y construire le site de production. C’est en 1959 que notre eau pétillante nationale a été mise en bouteille.

Durant ces 60 années, Sources Rosport a toujours recherché l’amélioration continue.
Certains produits ont agrandi la famille définitivement, d’autres n’y ont fait qu’une brève apparition. Que peu de personnes se souviennent encore des limonades, Rosor et Roscit, vendues dans les années 60.

Au jour d’aujourd’hui, l’entreprise appartient à des actionnaires luxembourgeois qui mettent l’accent sur l’écoresponsabilité. C’est d’ailleurs sur ces deux points que nous avons le plus conversé.

Le responsable de Sources Rosport met un point d’honneur sur l’écoresponsabilité. Comme il me l’a expliqué, c’est pour cela que leurs eaux ne sont pas exportées. Ils ne soutirent que l’eau pour le marché local et les trajets de celle-ci sont ainsi réduits à son minimum.

Pour rester dans la même logique, ils travaillent principalement avec des fournisseurs locaux. S’ils ne trouvent pas un fournisseur au pays, ils en cherchent un qui est situé le plus proche possible. C’est le cas pour leur fournisseur de films plastiques, Papier-Mettler de Morbach, qui se situe non loin de la frontière. Cette entreprise aussi met l’écoresponsabilité au cœur de ses décisions managériales. Ils cherchent sans cesse de nouvelles façons de réaliser des films plastiques sans matières venant de ressources fossiles. Dans les prochains mois, j’irai y jeter un coup d’œil, histoire de voir ce qu’ils y font vraiment.

Sources Rosport fait également attention avec ses bouteilles et l’impact quelles peuvent avoir sur l’environnement. Leur objectif est de travailler dans un circuit fermé. Le concept nous est familier avec les bouteilles en verre consigné. Mais lorsque Monsieur Weber m’a expliqué que le même principe est d’application avec les bouteilles PET, j’ai été surpris.

  • Ici au Luxembourg, les bouteilles de Sources Rosport circulent dans un circuit fermé court.
  • Les bouteilles consignées ont un trajet minimum à parcourir entre la source et le consommateur.
  • Sources Rosport ne peut momentanément dire si ce sont ses bouteilles en PET ou en verre consigné, qui ont le moins d’impact sur l’environnement, car ce calcul doit prendre en compte beaucoup d’éléments différents.

Commençons par les bouteilles en verre consignées !

La production de bouteilles en verre consomme beaucoup d’énergie. C’est dû principalement au fait qu’il faut atteindre de très hautes températures pour pouvoir produire du verre. L’avantage du verre par rapport au PET, il peut être utilisé jusqu’à une trentaine de fois avant d’être recyclé en fin de vie. J’avais cru savoir comment ce circuit se déroulait, mais je me suis rendu compte que ce n’est pas exactement comme je me l’étais imaginé. Une fois consommée, nous ramenons la bouteille en verre au magasin où nous récupérons notre consigne. Dans le cas d’une bouteille de Sources Rosport, celle-ci retourne à Rosport, où elle est lavée et à nouveau remplie. Les trajets restent restreints (rappel : Sources Rosport n’exporte pas) et donc l’impact sur notre environnement reste également réduit.

Maintenant si je fais le même exercice avec une bouteille en verre venant d’un autre pays… Il faut alors rajouter quelques centaines, voir milliers de kilomètres au compteur. Disons que ces bouteilles sont remplies à 500km de chez nous. Celles-ci sont d’abord conduites à Bruxelles dans une centrale de stockage, avant d’être dispatchées dans les différentes enseignes du pays. Une bouteille qui a une durée de vie de maximum 40 cycles va faire des aller-retours de la source à la centrale de stockage, aux magasins et chez le consommateur. On pourrait simplifier ce calcul avec 40x (cycles de vie) 2x (aller-retour) 500km (source) + 200km (stockage, magasins, consommateurs). Cette bouteille aurait donc 50.000km à son compteur.

La bouteille en PET a un tout autre parcours.

La production de bouteilles en PET Sources Rosport, a besoin de moins d’énergie que celles en verre. Elles sont produites au Luxembourg et recyclées par Valorlux, au Luxembourg. L’entreprise Plastipak à Bascharage récupère le PET trié par Valorlux et le réutilise pour la production de nouvelles bouteilles. Les bouteilles en PET de Sources Rosport utilisent une majeure partie de PET recyclée et une autre partie de Bio-PET. Les matières fossiles utilisées par Rosport sont réduites à leur minimum. Le Bio-PET est produit à base des déchets de cannes à sucre. Comment sont produites ces bouteilles et de quelle origine est ce plastique, c’est ce que je veux découvrir ces prochaines semaines à Bascharage et vous le faire découvrir dans un prochain article.

Les réflexes indispensables pour la protection de la nature ne sont pas inconnus de Sources Rosport. J’ai donc découvert qu’ils tentent de réduire l’émission à effet de serre dans divers domaines, et ce depuis longtemps. En 2005, ils ont par exemple revu le design de leurs bouteilles en PET, afin de pouvoir réduire la quantité de PET utilisée pour une bouteille sans pour autant y perdre de sa robustesse et de sa qualité. Le poids de la bouteille étant réduit, cela joue sur l’émission de CO².

Je peux donc confirmer que Sources Rosport fait partie de ces entreprises qui travaillent de manière locale et qui tentent au mieux de travailler dans une économie circulaire. Consommer de manière locale est la meilleure des manières pour réduire notre impact sur notre environnement. Toute initiative pour réduire la consommation et recycler les matières de sources fossiles est un combat gagné en faveur de la nature.

Une autre question concernant l’eau me trottait encore dans la tête. J’ai demandé à Max Weber, s’il ne craignait pas que les étés caniculaires puissent tarir la source. Il a su me rassurer. L’eau de pluie met 60 ans à s’infiltrer au travers des différentes couches de la terre avant de pouvoir rejoindre la source. Sources Rosport ne met pas sa source en péril car elle ne soutire pas de quantités excessives.

J’ai hâte de continuer mon enquête et d’aller découvrir les différents partenaires de Sources Rosport pour voir ce qu’ils font concrètement pour soutenir notre environnement.

Mon prochain Rendez-vous sera chez Valorlux. Que se passe-t-il avec nos bouteilles PET que nous trions dans les sacs bleus ? Vous le découvrirez dans mon prochain article sur Rosport Life dans la rubrique « AUTHORS – Nico » : https://rosportlife.com/author/nico...

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Publié le mardi 21 juillet 2020
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