Victimes cachées : un changement radical s'impose pour les réfugiés syriens âgés, handicapés et blessés

Victimes cachées : un changement radical s’impose pour les réfugiés syriens âgés, handicapés et blessés

Une étude intitulée Hidden victims of the Syrian crisis : disabled, injured and older refugees , publiée ce mercredi 9 avril montre que les réfugiés syriens âgés, handicapés et blessés sont doublement victimes du conflit. De nouvelles données contenues dans ce rapport réalisé par Handicap International et HelpAge International illustrent à quel point ces réfugiés vulnérables doivent lutter pour satisfaire leurs besoins spécifiques.

Handicap International et HelpAge International appellent tous les acteurs humanitaires nationaux et internationaux venant en aide aux réfugiés syriens à modifier la manière dont l’aide est apportée, de telle sorte que les réfugiés handicapés, blessées et âgés ne soient plus les victimes cachées du conflit. Ce rapport préconise un ciblage plus précis et un meilleur recensement des réfugiés, ainsi qu’une formation plus adéquate du personnel, afin de garantir l’accessibilité, l’adéquation et l’efficacité de l’aide humanitaire.

La crise syrienne a déjà généré le plus important mouvement de réfugiés jamais observé depuis le génocide de 1994 au Rwanda. Ce rapport montre que, noyées au sein de la population globale de réfugiés, les personnes handicapées, blessées et âgées, ainsi que les personnes souffrant de maladies chroniques, doivent faire face à de grandes difficultés pour accéder à une aide adaptée.

Invisibles donc négligés

Invisibles dans ce chaos, les personnes les plus vulnérables risquent davantage de passer entre les mailles de l’aide humanitaire. Cette situation a un impact direct sur la santé, les conditions de vie et l’intégration sociale des réfugiés vulnérables et peut également accroître leur détresse psychologique. Des études portant sur l’aide humanitaire montrent pourtant que ces mêmes groupes sont souvent négligés dans le processus d’évaluation et de collecte de données, ainsi que dans la planification et la mise en œuvre de l’aide humanitaire.

Basées sur les données recueillies auprès de 3.200 réfugiés, les conclusions du rapport sont sans appel :

• 30 % des réfugiés présents en Jordanie et au Liban ont des besoins spécifiques :

 un réfugié sur cinq souffre de déficiences physiques, sensorielles ou intellectuelles ;

 un sur sept souffre d’une maladie chronique ;

 un sur 20 est blessé et près de 80 % des dommages corporels sont directement liés au conflit ;

• 77 % des réfugiés âgés (60 ans et plus) souffrent de handicaps, de blessures ou d’une maladie chronique.

• les réfugiés souffrant de handicaps, de blessures ou d’une maladie chronique sont deux fois plus susceptibles de montrer des signes de détresse psychologique que la population générale de réfugiés

• 65 % des réfugiés âgés présentent des signes de détresse psychologique.

• 45 % des réfugiés ayant des besoins spécifiques éprouvent des difficultés à réaliser des tâches simples du quotidien.

« Le manque de soins psychologiques ou psychiques constitue un problème majeur, qui a un impact significatif sur le bien-être des personnes âgées et fait peser une charge supplémentaire sur les familles, souligne Toby Porter, directeur de HelpAge International. L’aide doit être spécifiquement adaptée afin de permettre aux réfugiés syriens âgés, handicapés et blessés d’accéder à des traitements appropriés, l’objectif étant également de les aider à surmonter le traumatisme lié au déplacement auquel ils sont contraints ».

Martin Lagneau, directeur de Handicap International Luxembourg, ajoute : « Le déplacement a un impact extrêmement négatif sur la vie quotidienne des personnes handicapées et blessées, qui ont besoin d’accéder rapidement à des services de santé, mais également à un soutien médical, financier et social durable. Il est indispensable de répondre aux besoins de tous les réfugiés pour apporter une aide juste et impartiale. À ce titre, les conclusions du rapport ont d’importantes répercussions sur la planification et la mise en œuvre de l’intervention humanitaire ».

Afin que les personnes ayant des besoins spécifiques ne soient plus les victimes oubliées de ce conflit, Handicap International et HelpAge International formulent huit recommandations, notamment la collecte d’informations appropriées afin de permettre aux réfugiés âgés, handicapés et blessés d’accéder à des services essentiels tels que les soins de santé, l’aide financière ou les services de réadaptation.

Communiqué par Handicap International Luxembourg / ©Cover photo by Amandine Allaire/HelpAge International

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Publié le mercredi 9 avril 2014
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