VTKL, un esprit à la verticale

VTKL, un esprit à la verticale

Dans la vision zéro (http://visionzero.lu/)., la corde est une technique sûre permettant d’accéder à des endroits difficiles d’accès ou d’effectuer de courtes interventions en hauteur en annulant l’exposition aux risques de chute.
Interview de Fabien Champredonde, gérant de VTKL

Fabien Champredonde
Fabien Champredonde - 1

Diplômé d’écoles forestières et passionné d’escalade et de spéléologie, vous avez fait partie des premiers travailleurs sur corde au Luxembourg à la fin des années 90 et avez créé votre propre société en 2014. En quoi consiste votre métier ?
À utiliser les cordes comme moyen de déplacement que ce soit de manière verticale ou horizontale et à installer des mesures de sécurité dans les endroits inaccessibles. Ce peut être la charpente d’une cathédrale comme le fond d’une cavité souterraine. Nous n’avons ni limites géographiques, ni limites de milieux, ni limites techniques et nous effectuons des interventions de toutes sortes. Il peut s’agir de réaliser des travaux de zinguerie sur un monument historique, de placer des points d’ancrage dans une usine, de fabriquer des plateformes à rapaces dans les arbres ou encore de tailler, élaguer ou haubaner des grands arbres ou des arbres situés dans un environnement sensible.

Vous maîtrisez vous-même toutes ces techniques ?
Chacun est maître de son métier. Le mien est la technique de corde. Cela signifie que je suis en mesure de me mettre en sécurité, de mettre en sécurité une autre personne ou encore de mettre en place une sécurité collective sur un site donné, par exemple en mettant en place des filets pour éviter les chutes de pierre ou des lignes de vie temporaires lorsqu’il n’est pas possible d’installer d’équipements de protection collective. Mon rôle est de mettre en place les systèmes de cordes, de les attacher, de les sécuriser, de vérifier que tout va bien et de porter secours si nécessaire. Si une personne est sur un acrotère en train de refaire une gouttière en plomb, par exemple, et qu’elle glisse, je suis juste à côté d’elle, équipé avec une corde de sécurité, et je peux réagir immédiatement.

Démontage en rétention au Pfaffenthal
Démontage en rétention au Pfaffenthal - 1

J’interviens toujours en binôme avec des spécialistes. Lorsque je travaille sur des monuments historiques, je le fais avec des soudeurs, charpentiers ou couvreurs qualifiés en monuments historiques. Lorsque j’effectue le comptage et le baguage des oiseaux en milieu naturel, je le fais en compagnie d’ornithologues ou de membres des Espaces naturels sensibles. Je ne suis que les mains de ces spécialistes qui guident chacun de mes gestes, sauf pour les travaux sur les arbres dont j’ai la maîtrise complète de par ma formation.

Plus précisément, quels types de travaux proposez-vous dans le secteur de la construction ?
Essentiellement de la mise en sécurité collective mais aussi, pour ne citer que quelques exemples, la pose de points d’ancrage sur les toits en dernier œuvre, des interventions sur des cheminées, l’installation d’un paratonnerre ou de pics anti-pigeons, le nettoyage d’une façade au Kärcher, la peinture de murs dans des cours intérieures, le calorifugeage d’une cage d’ascenseur, le remplacement de lampes dans une charpente industrielle, une reprise de joint d’étanchéité, une vis ou une baguette qui a été manquée quelque part, ou encore, très rarement, le nettoyage de vitres.

Quel est l’avantage de la corde par rapport à l’échafaudage ?
La sécurité collective est toujours prioritaire sur la sécurité individuelle. La corde ne vient donc pas en économie de l’échafaudage. En règle générale, on n’opère sur corde que quand l’échafaudage ne peut pas intervenir, soit parce que le support ne le permet pas, soit parce que le temps d’exposition aux risques du travail en hauteur lors du montage et du démontage de l’échafaudage est plus long que la durée des travaux proprement dits. Il est plus judicieux de travailler avec des techniques de cordes dans le cadre de courtes interventions, car on limite le temps d’exposition aux risques.

Qu’en est-il des risques ?
En technique de corde, on ne peut pas chuter dans la mesure où on a déjà chuté. On est en permanence en phase de retenue et on ne fait que gérer notre vitesse de chute. Dans cette logique, nous suivons un protocole de sécurité très strict qui prévoit que chaque élément soit doublé, sur-sécurisé. De plus, avant chaque intervention, nous consacrons un temps à la préparation du chantier, pendant lequel nous réfléchissons à la configuration de l’installation de manière à pouvoir porter secours. Nous avons une vigilance accrue sur la hauteur et sur la chute en plus de celle que nous avons sur l’activité que nous allons exercer.

Emballage d'un bâtiment avec un filet de sécurisation collective à Luxembourg
Emballage d’un bâtiment avec un filet de sécurisation collective à Luxembourg - 1

Quelle est l’origine du nom de votre société : VTKL ?
VTKL vient de la réduction de « Vertikal ». Dans notre profession, le déplacement vertical est la norme. Autrement dit, notre horizontale est votre verticale. Nous retrouvons une agilité à nous déplacer en hauteur, à l’instar de certains animaux, qui nous ramène aux fondements de l‘humanité et aux origines du déplacement de l‘Homme. Cela implique une lecture différente de l‘espace et une philosophie particulière.

Mélanie Trélat

Source : NEOMAG

Consultez en ligne NEOMAG #02 novembre 2016

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Publié le jeudi 1er décembre 2016
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