Une nouvelle vie pour le Petit Casino

Une nouvelle vie pour le Petit Casino

Le 1er mars, l’hôtel-restaurant Petit Casino rouvrira ses portes sur la place du Marché à Differdange. Le projet, porté par la commune, prendra la forme d’une société d’impact sociétal (SIS), sans doute une des premières au Luxembourg depuis la création du statut, et certainement la plus importante par son envergure.

Interview de Roberto Traversini, député-maire de la ville de Differdange.

Hôtel-restaurant Petit Casino - copyright Claude Piscitelli
Hôtel-restaurant Petit Casino - copyright Claude Piscitelli - 1

Comment est née l’idée de créer une SIS pour gérer le Petit Casino ?
D’abord, le Petit Casino était libre. Après le départ du dernier locataire il y a maintenant près de deux ans, le propriétaire a entièrement rénové la bâtisse, ayant en tête d’exploiter l’hôtel et de transformer le restaurant en bureaux. Il n’y aurait alors plus eu de terrasse en été devant ce bâtiment fantastique situé sur la place du Marché, qui est la plus jolie et la plus centrale de notre ville. Ce n’est pas ce que nous souhaitions politiquement. J’ai donc rencontré le propriétaire pour lui demander s’il serait intéressé à ce que la commune ou un autre grand porteur de projet institutionnel loue l’ensemble. Il a été assez rapidement convaincu au vu de la garantie de loyer que cette opération lui procurait. En poussant la réflexion plus loin, nous avons eu l’idée de louer le bâtiment en tant que commune et de déléguer la gestion de l’hôtel-restaurant à un tiers. Nous avons alors proposé à notre office social de réinvestir un don qu’il a reçu de l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte dans ce projet, dont nous savions déjà qu’il serait solidaire, ce qu’il a accepté. Pour assurer des prises de décision rapides dans la gestion journalière, nous voulions créer une SIS, mais le statut n’étant pas encore voté à la Chambre des députés, nous avons opté pour une société anonyme, qui sera transformée en SIS dès que tout sera mis en place.

Combien de personnes la société occupera-t-elle et quels seront les profils des employés ?
Treize personnes ont déjà été engagées et commenceront à travailler d’ici quelques jours. Elles seront toutes flexibles et polyvalentes : la femme ou l’homme de ménage pourra aussi bien assurer l’accueil téléphonique que préparer le petit-déjeuner si nécessaire, de même qu’un cuisinier pourra être amené à nettoyer une chambre si la femme ou l’homme de ménage n’est pas en mesure de le faire. Cette entreprise permettra de former des personnes au chômage, jeunes ou moins jeunes, dans le cadre de projets d’insertion ou de reconversion professionnelle. J’ai rencontré, par exemple, un maçon de 51 ans qui, à la suite d’un accident professionnel, ne peut plus porter de charges lourdes et qui pourrait très bien trouver sa place dans le secteur de l’Horesca. Les personnes souffrant de handicap sont également concernées par ce projet. Je ne sais pas s’il est possible d’engager un serveur en fauteuil roulant et je ne dis pas que nous allons le faire, mais nous avons, en tout cas, la volonté d’innover. Il y aura presque autant de nationalités représentées que d’employés. Nous envisageons aussi la possibilité de recruter des réfugiés sur le modèle de ce qui se fait en Autriche, à Vienne, où il existe un hôtel entièrement géré par des réfugiés. J’ai eu un entretien avec un cuisinier syrien. Nous n’avons pas pu l’engager à cause de la langue — il ne parle que l’arabe —, mais il participera certainement à l’organisation de soirées à thème. Il aura ainsi la possibilité de se former à la langue luxembourgeoise, d’autant plus que les heures de formation seront intégrées aux tâches hebdomadaires de chacun. Les horaires de travail seront fixes, sans coupés. Nous essayons, de cette manière, de donner à nos employés la motivation nécessaire à la réussite de ce projet.

Que pourra-t-on déguster dans ce restaurant ?
On y mangera bio, fairtrade et régional dans la mesure du possible. Nous voulons démontrer que faire attention à la qualité de ce qu’on achète et à l’endroit où on s’approvisionne ne coûte pas forcément plus cher. Dans le prix d’un plat du jour, ce n’est pas la matière première qui pèse le plus lourd, mais bien le service et les infrastructures.

Et l’hôtel, à quoi ressemblera-t-il ?
Les chambres sont en fait des studios. Elles mesurent entre 25 et 40 m2 et sont toutes équipées de kitchenettes. Elles ont été décorées chacune par un artiste différent. Nous avons reçu 72 candidatures de créateurs parmi lesquelles nous avons sélectionné 15 artistes qui ont personnalisé chaque chambre.

Chambre décorée par Marco Weiten - copyright Claude Piscitelli
Chambre décorée par Marco Weiten - copyright Claude Piscitelli - 1

Quels sont les bénéfices de ce projet pour les habitants de Differdange ?
Ce projet pourra permettre à certains d’entre eux de trouver un métier. De plus, il contribuera à créer de l’animation autour de la place du Marché et à redonner à ce lieu sa fonction de place publique, accessible à tous.

L’ouverture est pour bientôt. Quelle sera la prochaine étape ?
Ce qui est très important pour nous est que le projet soit viable et puisse s’autofinancer à terme, lorsqu’il ne recevra plus le soutien de la commune et de l’office social. Nous ne voulons pas nous arrêter à ce projet, mais nous avons, au contraire, encore beaucoup d’autres idées pour le prolonger. Dans quelques mois, par exemple, nous ouvrirons une laverie à 200 m du Petit Casino, toujours sous la forme d’une SIS, qui permettra aux nombreux étudiants qui fréquentent les 2 universités proches et qui sont logés à Differdange d’entretenir leur linge. Elle permettra aussi de laver les draps et serviettes de l’hôtel au lieu d’externaliser cette tâche à une grande firme.

Mélanie Trélat

Photo principale : Roberto Traversini - copyright Purple Monkey Visual Creations

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Publié le lundi 13 février 2017
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