Présentation des résultats de la campagne d'analyses de pesticides dans l'eau potable

Présentation des résultats de la campagne d’analyses de pesticides dans l’eau potable

Lors d’une conférence de presse le 4 novembre 2014, la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, et le secrétaire d’État au Développement durable et aux Infrastructures, Camille Gira, ont présenté les résultats de la campagne d’analyses de pesticides dans l’eau potable effectuée entre le 9 et 17 octobre 2014.

Après la détection des métabolites de pesticides Métazachlore-ESA et Métazachlore-OXA dans l’eau souterraine exploitée au niveau du site de forage SEBES-Schaedhaff ainsi que dans l’eau du lac du barrage d’Esch-sur-Sûre, l’Administration de la gestion de l’eau (AGE) a fait une campagne nationale d’analyses pour déterminer la teneur de certains pesticides et de leurs métabolites dans les eaux souterraines et l’eau destinée à la consommation humaine fournie par les réseaux publics de distribution.
De façon générale, il faut souligner que la responsabilité pour le contrôle de la qualité de l’eau potable incombe aux fournisseurs d’eau potable c.-à-d. les communes, respectivement les syndicats de communes. L’AGE exerce dans ce cadre une fonction de contrôle de ces obligations.

La campagne a eu lieu entre le 9 et 17 octobre 2014 et a été réalisée en collaboration avec les fournisseurs d’eau potable qui ont participé à l’identification des points de prélèvement et qui ont procédé aux prélèvements. Environ 130 échantillons ont été prélevés au niveau de 49 communes et de 7 syndicats et analysés au laboratoire de l’AGE. Le syndicat SES tout comme la Ville de Luxembourg ont fait analyser des échantillons supplémentaires dans des laboratoires à l’étranger.

16 substances actives de produits phytopharmaceutiques (pesticides) et certains de leurs métabolites ont été analysés, à savoir : 2,6-Dichlorobenzamide, Atrazine, Atrazine déséthyl, Bentazone, Chlortoluron, Diuron, Isoproturon, Métazachlore, Métazachlore-ESA, Métazachlore-OXA, Métolachlore, Métolachlore-ESA, Simazine, Quinmérac, Terbuthylazine, Terbuthylazine déséthyl.

La campagne réalisée au mois d’octobre est à considérer comme complémentaire au programme de surveillance de l’AGE concernant l’état qualitatif de l’eau souterraine ainsi qu’au contrôle régulier de la qualité de l’eau réalisé par les fournisseurs d’eau.

Il est à noter que la situation au niveau de la qualité de l’eau du lac d’Esch/Sûre s’est fortement améliorée. L’eau traitée par la SEBES correspond aux normes d’eau potable.

1) Mesures prises suite aux résultats obtenus
  •  Captages mis hors service dans 9 communes : Contern, Grosbous, Kehlen, Luxembourg, Manternach, Niederanven, Schengen, Vianden, Wincrange afin de pouvoir garantir une qualité d’eau potable dans les réseaux de distribution.
  •  Mélange de différentes ressources dans 3 communes (Diekirch, Fischbach, Schuttrange) afin de garantir une qualité d’eau potable dans les réseaux de distribution conforme aux dispositions du règlement grand-ducal du 7 octobre 2002 relatif à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine.
  •  Plusieurs communes et syndicats nécessitent une dérogation temporaire pour au moins une zone de distribution :
  •  Le syndicat des Eaux du Sud SES (Bascharage, Bettembourg, Bertrange, Differdange, Dippach, Dudelange, Esch-sur-Alzette, Frisange, Garnich, Kayl, Kehlen, Koerich, Leudelange, Mamer, Mondercange, Pétange, Reckange-sur-Mess, Roeser, Rumelange, Sanem, Schifflange, Septfontaines, Steinfort).
  •  Le Syndicat d’eau de Remich SR (Bous, Dalheim, Remich, Stadtbredimus et Waldbredimus).
  •  Les autres communes concernées :
  •  Bech (l’ensemble des réseaux)
  •  Beaufort (réseaux de Dillingen/Grundhof)
  •  Grevenmacher/Manternach (plusieurs maisons en amont de Muenchecker)
  •  Lintgen (réseau de Lintgen)
  •  Nommern (réseau de Glabach-Cruchten)
  •  Préizerdaul (réseau de Horas)
  •  Reisdorf (l’ensemble des réseaux) 
  •  Syndicat de Savelborn-Freckeisen (communes de Waldbillig et Vallée de l’Ernz)     
  •  Weiler-la-Tour (l’ensemble des réseaux)

2) Dérogations temporaires combinées à des mesures strictes
  •  La législation luxembourgeoise limite la concentration de résidus de pesticides et de leurs métabolites à 100 ng/L (milliardièmes de grammes par litre) pour chaque substance dans les eaux souterraines et à l’eau potable. Cette valeur, que l’UE a fixée dans la directive 98/83/CE, n’est pas fondée sur des considérations toxicologiques mais correspond plutôt à l’ancienne limite analytique à partir de laquelle ces substances pouvaient être clairement détectées. Avec cette limite, et par principe de précaution, il devrait être assuré que ces substances indésirables soient absentes dans l’eau potable. Cette limite reflète la volonté des Etats membres de tenir ces substances à l’écart de l’eau potable. La possibilité de déroger à cette limite très stricte pour un temps limité et dans des conditions spécifiques est également prévue par la directive 98/83/CE relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine et constitue une pratique utilisée régulièrement par de nombreux Etats membres.
  •  Dans la législation nationale, le règlement grand-ducal du 7 octobre 2002 relatif à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine transposant la directive en question prévoit que les ministres compétents pour l’eau potable (Madame la ministre de l’Environnement et Madame la ministre de la Santé) peuvent accorder une dérogation limitée dans le temps pour la validité de la limite stricte de l’UE pour les pesticides. L’eau potable, qui fait l’objet d’une dérogation peut être consommée sans soucis.
  •  Cette décision est prise à la demande des syndicats et des communes concernés. La procédure n’est applicable que si le fournisseur n’a pas d’autre alternative raisonnable pour approvisionner la population en eau potable. Elle est limitée à trois ans et doit être communiquée à la Commission européenne avec un plan d’action. Dans ce plan d’action, les mesures techniques pour atteindre de nouveau la valeur-limite sont définies.

3) Mesures pour les communes affectées
Pour les communes affectées par des ressources en eau non conforme aux critères de potabilité se présentent plusieurs options :

a) à court terme
  •  mise hors service de la ressource en vue de l’alimentation en eau potable ;
  •  mélange de l’eau prélevée avec une autre ressource respectivement avec de l’eau en provenance d’un syndicat ou d’un réseau intercommunal ;
  •  traitement de l’eau prélevée.

b) à moyen terme
  •  zones de protection de l’eau

4) Conclusions
  •  La qualité de nos ressources en eaux souterraines est menacée par des pesticides et leurs métabolites. La présence de ces substances a déjà des répercussions dans une partie de notre réseau en eau potable.
  •  Des mesures au niveau national, régional et local doivent être prises pour inverser la tendance des concentrations croissantes en pesticides.
  •  Une attention particulière de nos politiques doit être accordée à la protection de nos sources en eau potable locales et régionales.
  •  A court terme, des dérogations, par commune et pesticide, sont accordées sous la condition que l’eau concernée peut être consommée sans risques pour la santé et que des mesures strictes soient prises.
  •  L’Administration de la gestion de l’eau est à la disposition des communes et syndicats pour les accompagner dans leurs démarches visant à garantir une eau potable dans les normes au plus vite possible.
  •  Une task force interministérielle autour de la problématique des pesticides dans l’eau composée par des représentants du ministère du Développement durable et des infrastructures et du ministère de l’Agriculture a été mis en place. Le but est e.a. d’élaborer un plan d’action national pesticides ambitieux et de veiller à des mesures strictes de prévention dans les zones de protection de l’eau.
  •  Les zones de protection de l’eau doivent être mises en place au plus vite possible et en coopération étroite entre les fournisseurs d’eau potable et les agriculteurs : 3 zones sont entretemps définies, 10 se trouvent en procédure.

Communiqué par le ministère du Développement durable et des Infrastructures

 

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Publié le mardi 11 novembre 2014
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