Plus de castors et moins de chauves-souris : la biodiversité luxembourgeoise décline

Plus de castors et moins de chauves-souris : la biodiversité luxembourgeoise décline

Le département Environnement et Agro-biotechnologies du CRP - Gabriel Lippmann a présenté les résultats globaux du monitoring de la biodiversité au Luxembourg en présence du Secrétaire d’Etat, Camille Gira et de l’ensemble des collaborateurs et institutions ayant contribué au dernier rapportage national.

Cette évaluation a permis de tirer le bilan suivant pour les 66 espèces concernées par la directive européenne Habitats : 18% des espèces ont un statut « favorable », 39% « défavorable » et 35 % sont estimés « mauvais », alors que pour 5% des espèces les données sont insuffisantes. Certaines espèces sont en progression, tels le Castor d’Europe, la Bouvière ou encore le Grand Rhinolophe. En revanche, les perdants, à savoir les espèces dont l’état de conservation continue actuellement à se dégrader, sont par exemples l’Alyte accoucheur, le Triton crêté et le Grand Murin. Si on ne veut pas les voir disparaître, ces espèces nécessitent urgemment des actions de conservation.

Les groupes d’espèces inféodés aux milieux ouverts, aux zones humides et aux rivières sont ceux dont l’état de conservation est évalué en tant que « mauvais ». Un grand nombre d’habitats et d’espèces sont hautement affectés par les modifications des systèmes naturels, par l’agriculture, par les perturbations humaines et par les pollutions. Cependant pour certains habitats et certaines espèces, soit le changement climatique, soit les espèces invasives sont considérées comme étant la principale pression actuelle ou menace future.

L’évaluation prévoit en effet plusieurs paramètres et quatre critères clés à analyser en détails qui servent à l’évaluation générale de l’état de conservation à qualifier en tant que « favorable », « défavorable », « mauvais » ou « inconnu ». Elle doit également indiquer la tendance de l’évolution en termes de dispersion (répartition dans le pays), d’abondance (taille de la population) et d’habitats disponibles. Les pressions et menaces principales exercées sur les espèces sont également évaluées et font partie intégrante du rapport.

Au Luxembourg, des séries temporelles à long terme rendant compte de la distribution, de l’abondance et de l’évolution des espèces et des habitats à travers tout le pays font défaut. Ayant reconnu cette lacune, le Ministère du Développement durable et des Infrastructures a prévu dans son Plan National de Protection de la Nature la mise en place prioritaire d’un Monitoring scientifique de l’état de la nature et de l’efficacité de la mise en œuvre de la politique en matière de protection de la nature.

Deux modules de surveillance

Depuis 2008, le CRP - Gabriel Lippmann est chargé de coordonner la mise en œuvre de ce système de surveillance en collaboration avec de nombreuses institutions (Fondation et asbl natur&ëmwelt, Centrale Ornithologique du Luxembourg, Musée national d’histoire naturelle), experts et bureaux d’étude (notamment Bürogemeinschaft Angewandte Ökologie, GeoData, ProChirop Büro für Fledertierforschung und -schutz, Umweltplanungsbüro ECOTOP).

La surveillance de la biodiversité au Luxembourg se décline en deux modules distincts. Un programme de « surveillance ciblée » s’intéresse tout d’abord à améliorer les connaissances nationales sur l’état de conservation de la trentaine de types d’habitats et de la soixantaine d’espèces visés par les différentes annexes de la directive Habitats et présents sur le territoire luxembourgeois.

En parallèle, des procédures d’échantillonnage et des méthodes standardisées de récolte de données sur le terrain ont été développées afin de rendre compte globalement de l’état de conservation de la biodiversité dite « banale » dans les milieux considérés comme « ordinaires » au Luxembourg. Cette « surveillance globale », ciblée sur le suivi des oiseaux et des papillons, devrait permettre de mieux cerner les pressions engendrées par les activités humaines sur les espèces peuplant les paysages agricoles, urbains ou forestiers qui couvrent la majorité du pays.

La directive Habitats demande aux Etats membres de l’Union européenne de rendre un rapport tous les six ans sur l’état de conservation des espèces et des habitats d’intérêt communautaire dans leur pays. Grâce aux différents suivis d’espèces et habitats mis en place dans le cadre du monitoring de la biodiversité, le Luxembourg a donc pu rendre un rapport complet à l’Europe pour la période 2007-2012.

Communiqué par le CRP Gabriel Lippmann

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Publié le mercredi 2 avril 2014
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