Les systèmes de renseignement sont indispensables à la protection des éléphants d'Afrique

Les systèmes de renseignement sont indispensables à la protection des éléphants d’Afrique

En 2011, près de 50 000 éléphants ont été abattus pour leur ivoire. Autrement dit, en l’espace d’une journée, les braconniers en tuent plus de 100.

Et, selon une nouvelle étude de la Banque mondiale, ce chiffre ne diminuera pas si l’on ne déploie pas un effort international concerté pour développer un réseau de ressources contenant notamment les noms des braconniers, les routes susceptibles d’être empruntées par ce commerce et les activités illégales.

Toujours selon l’étude intitulée Elephant Crime Intelligence System Assessment (a), ce réseau pourrait apporter, à court terme, une réponse efficace et aider les pays africains et la région dans son ensemble à renforcer progressivement leurs propres capacités de lutte contre le braconnage des éléphants.

Pour y parvenir, on doit impérativement disposer de renseignements fiables, à jour et accessibles. Il est urgent d’élaborer un outil complet, rassemblant toutes ces informations et actualisé en permanence, insiste William Magrath, économiste principal spécialiste des ressources naturelles au sein du Groupe de la Banque mondiale.

Qu’est-ce qui favorise le braconnage des éléphants et le trafic de l’ivoire, et que peut faire la communauté internationale ?

« On a des articles de journaux, des publications d’ONG, qui mentionnent parfois des noms, pas toujours. Des gens sont arrêtés dans les pays en développement ou retenus à l’aéroport… Il faut analyser toutes ces informations au niveau mondial. » déclare William Magrath, Économiste principal spécialiste des ressources naturelles (Groupe de la Banque mondiale)

Les réseaux de braconnage sont gérés comme des entreprises établies et sophistiquées. C’est pourquoi les agences nationales de lutte contre la fraude en matière d’espèces sauvages ont souvent du mal à intercepter les contrevenants à temps et à lutter contre ces pratiques illicites.

Avec les cornes de rhinocéros et les produits issus du tigre, l’ivoire des éléphants est l’un des produits du braconnage les plus recherchés au monde. D’après le World Wildlife Fund , le braconnage est la cinquième activité illégale la plus lucrative au monde. Elle représenterait 10 milliards de dollars chaque année.

Mais la protection de l’éléphant d’Afrique ne vise pas seulement la préservation de l’espèce. Elle contribue à la biodiversité et à la présence d’habitats pour d’autres espèces, à la dispersion et à la germination des graines pour les essences d’arbres, ainsi qu’au tourisme. Celui-ci est vital pour les populations rurales, dont les emplois et les moyens de subsistance sont liés à ce secteur et à des secteurs connexes, comme l’alimentation et le transport, qui sont plus durables et qui affichent un potentiel de croissance plus important.

On dénombre de plus en plus de partenariats et de traités pour lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages. La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) est un traité multilatéral entré en vigueur en 1975 et comptant 181 signataires. Elle vise à garantir que le commerce international de spécimens de faune et de flore sauvages ne menace pas leur survie. Les parties à la CITES ont interdit le commerce de l’ivoire en 1990. La Banque mondiale est également membre du Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages (ICCWC). Cette action collaborative menée par la CITES vise à fournir un appui coordonné aux agences nationales de lutte contre la fraude en matière d’espèces sauvages et aux réseaux de protection des ressources naturelles, en tenant compte de la nécessité de fournir un appui aux communautés rurales pauvres et marginalisées pour qu’elles conservent leurs moyens de subsistance. La Banque travaillera aux côtés de ses partenaires à la mise en œuvre d’un nouveau partenariat mondial, doté de 90 millions de dollars, pour la conservation de la faune et de la flore sauvages, et la prévention de la criminalité liée aux espèces sauvages aux fins du développement durable (Global Partnership on Wildlife Conservation and Crime Prevention for Sustainable Development).

Le rapport met toutefois en évidence une lacune actuelle de la lutte contre le braconnage des éléphants : l’absence de capacités de renseignement professionnelles en matière criminelle, s’appuyant sur le savoir et les dernières technologies disponibles pour faire respecter la loi, telles que la criminalistique. Il estime qu’ INTERPOL est l’agence la mieux placée pour guider ces efforts.

INTERPOL, qui compte 190 pays membres, a déjà mis en œuvre des initiatives, comme le Projet Wisdom , dont le but est d’améliorer l’application des lois relatives à la protection des éléphants et des rhinocéros d’Afrique, rappelle Deon Burger, un représentant de la sous-direction de la Sécurité environnementale d’INTERPOL .

« Le rapport sur le braconnage des éléphants explique essentiellement comment nous pouvons aborder ce problème. Nous devons maintenant travailler sur le terrain », souligne M. Burger.

L’approche reposant sur le renseignement cherche à :

 Mettre en place et développer les compétences et les procédures requises pour la collecte et l’exploitation d’informations et de renseignements sur le braconnage des éléphants, le trafic d’ivoire et la criminalité en Afrique et ailleurs.

 Produire et rassembler des renseignements exploitables sur les réseaux criminels internationaux et les individus impliqués dans le braconnage et le trafic d’ivoire en Afrique et ailleurs.

 Identifier, désorganiser et démanteler les réseaux de criminalité organisée transnationale impliqués dans le braconnage des éléphants, le trafic d’ivoire et la criminalité en Afrique et ailleurs.

 Renforcer la prise de conscience au niveau mondial de ces formes de criminalité.

 Appuyer les opérations/investigations menées par les pays membres d’INTERPOL pour arrêter et poursuivre les contrevenants ciblés en priorité.

 Instaurer, sur trois à cinq ans, un système de renseignement national, et renforcer les capacités.

LIENS UTILES BANQUE MONDIALE

Blog : Pourquoi le braconnage n’est pas un problème de pauvreté

Blog : Protéger les éléphants contre le braconnage, un impératif plus vital qu’il n’y paraît

Article : Q&A : Wildlife crime and economic opportunity (a)

Article : Fighting Wildlife Crime to End Extreme Poverty and Boost Shared Prosperity (a)

Article : Why You Should Care About Wildlife

Résultats : Fiche de résultats : Biodiversité

 

LES POINTS MARQUANTS

 Selon The Center for Conservation Biology, près de 50 000 éléphants ont été tués en Afrique en 2011 à cause du braconnage et du trafic d’ivoire.

 Le taux de reproduction annuel des éléphants ne suffit pas à compenser cet abattage illégal. Celui-ci menace les espèces sauvages, mais aussi les moyens de subsistance des communautés rurales dont la pérennité des revenus dépend du tourisme et des secteurs connexes.

 Selon un rapport de la Banque mondiale, il est indispensable de se doter de systèmes de renseignement reposant sur des réseaux nationaux, régionaux et internationaux pour lutter contre ce fléau.

Photo de Robert C. Fahlman, Imire Rhino and Wildlife Conservation Park, Zimbabwe

Source Banque Mondiale

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Publié le vendredi 12 juin 2015
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