Le réchauffement planétaire modifie la position de l'axe de rotation de la Terre

Le réchauffement planétaire modifie la position de l’axe de rotation de la Terre

Une nouvelle étude de la NASA a déterminé que la fonte des neiges et l’évolution des précipitations se sont traduites par un glissement des pôles Nord et Sud, résultant d’un déplacement notable de l’axe polaire de la Terre.

Depuis 1899, les scientifiques et les navigateurs mesurent avec une grande exactitude le déplacement du pôle géographique. Durant presque tout le XXe siècle, ils ont ainsi constaté un léger glissement du pôle Nord, descendant vers le Canada le long du méridien 75 degrés ouest. Mais les observations de Surendra Adhikari, directeur d’étude au Jet Propulsion Lab de la NASA, montrent qu’au siècle présent la tendance a changé, le déplacement du pôle se faisant désormais le long du méridien 0 degré, vers le Royaume-Uni. L’étude a été publiée dans la revue Science Advances .

La fonte des calottes glaciaires, particulièrement celle du Groenland mais aussi en Antarctique (qui représente 99 % des réserves d’eau douce de la Terre) modifie la répartition des masses de la Terre. Ce phénomène souligne l’impact du réchauffement planétaire sur notre planète, tout aussi réel qu’alarmant.

L’étude a consisté à analyser les données de mesures faites au sol et par satellite, de 2003 à 2015, et à déterminer le comment et le pourquoi de ce déplacement. Il est habituel que l’axe se déplace légèrement, mais la variation récente est plus importante que prévue.

Selon l’étude, depuis le début du nouveau millénaire, le mouvement de l’axe de rotation de la planète a changé de direction, d’environ 75 degrés vers l’Est. Cette évolution résulte des changements de répartition de l’eau provoqués par la perte chaque année de plus de 396 trillions de kilogrammes de glace au Groenland et dans l’Antarctique occidental. Cette perte, combinée aux plus de 74 trillions de kilogrammes gagnés tous les ans dans l’Antarctique oriental, engendre un déséquilibre vers l’Est qui a pour effet de faire basculer la Terre sur son axe polaire.

La variation peut paraître minime, mais elle apporte une information très importante , déclare le Dr Adhikari. Ce décalage, d’environ 10 centimètres par an [à la surface de la Terre, depuis l’an 2000], n’est probablement pas suffisant pour justifier de recalculer le pôle géographique de la planète… même si les générations futures devront l’envisager si la tendance devait se poursuivre.

Toutefois, la fonte des glaciers aux deux pôles n’explique pas à elle seule la modification de l’axe polaire de la Terre. L’équipe de chercheurs signale aussi le déplacement d’une masse importante dû à une perte à grande échelle de liquide dans le sol. Selon sa théorie, l’axe de rotation glisse vers l’Europe en raison d’un important assèchement des lacs et aquifères en Eurasie, dans la région de la mer Caspienne et en Inde. L’augmentation générale des températures a entraîné une évaporation plus importante et diminué les précipitations dans de nombreuses régions du monde. D’autre part, les populations en forte augmentation ont davantage puisé dans les réserves d’eau et les puits.

Le Dr Adhikari et son équipe espèrent que ces résultats aideront d’autres experts du climat à mieux comprendre les forces mondiales en présence. Nous devrions pouvoir exploiter les données sur le déplacement du pôle pour répondre à plusieurs questions intéressantes , a déclaré le Dr Adhikari. Elles pourraient par exemple améliorer l’exactitude des modèles climatiques, en permettant aux scientifiques d’adopter une démarche inverse et de partir des nombreuses données archivées pour en déduire les taux de fonte et d’évaporation d’autrefois.

De la même façon, les scientifiques pourraient déterminer avec quelle rapidité certaines régions se sont asséchées. Ces données permettraient de prévoir de manière plus précise et exacte les changements climatiques à venir, et de mieux comprendre comment la Terre tourne.

Source : CORDIS

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Publié le lundi 18 avril 2016
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