Le réchauffement de l'océan Indien affaiblit la mousson asiatique

Le réchauffement de l’océan Indien affaiblit la mousson asiatique

La variabilité de la mousson d’été fait de l’Asie du Sud l’une des régions les plus vulnérables aux catastrophes naturelles liées au changement climatique, telles que la sécheresse et les inondations.

Récemment publiée par le journal Nature Communications, une étude menée par des chercheurs de l’Indian Institute of Tropical Meteorology (IITM) de Pune, à laquelle est associé l’IRD, a montré que le réchauffement de l’océan Indien affaiblit la mousson estivale et assèche le sous-continent. Dans une région qui concentre une grande partie de la population mondiale, la modélisation dynamique du climat représente un enjeu important dans la prévention des impacts humains et économiques des aléas climatiques.

Quand l’océan Indien se réchauffe, l’intensité de la mousson faiblit

Une équipe de l’Indian Institute of Meteorology(IITM) de Pune, associée à l’IRD, vient de révéler dansNature Communications que le réchauffement de l’océan Indien, jusqu’à 1,2°C dans certaines zones depuis un siècle, affaiblit l’intensité de la mousson indienne, de l’ordre de 10 à 20 % dans les régions centrales, orientales et du nord du pays.

Pour ce faire, les scientifiques ont utilisé un modèle de climat couplé océan/atmosphère, développé spécifiquement par l’IITM pour la prévision de la mousson. Grâce à ce modèle, les chercheurs ont pu démontrer que la baisse des pluies observée sur le sous-continent depuis les années 1950 est due au réchauffement rapide de l’océan.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoit que le réchauffement des eaux s’amplifiera sous l’effet des gaz à effet de serre.

Un sous-continent qui s’assèche 

L’étude explique aussi l’origine de la baisse observée des précipitations liées à la mousson indienne. Le sous-continent indien ne s’est que très peu réchauffé au cours des dernières décennies, ce qui diminue la différence de température estivale entre l’océan et les terres, à l’origine des vents de mousson. 

Ce phénomène entraîne un affaiblissement de la dynamique de mousson et donc un assèchement du sous-continent, avec des conséquences néfastes sur l’agriculture le long des bassins du Gange-Brahmapoutre-Meghna et des contreforts de l’Himalaya, qui a besoin d’être largement irriguée.

Une évolution à venir incertaine

L’Inde va-t-elle continuer de s’assécher ? Les projections de la majorité des modèles climatiques utilisés dans le dernier rapport d’évaluation du GIEC ne reproduisent pas cette tendance pour les années futures. Certains d’entre eux prévoient au contraire une augmentation des précipitations, du fait de l’augmentation de la vapeur d’eau dans l’atmosphère et d’un réchauffement du sous-continent beaucoup plus marqué à l’avenir. Cet écart entre observations du présent et tendances des modèles souligne les incertitudes de ces derniers quant aux évolutions futures du climat à l’échelle régionale, en particulier concernant le cycle de l’eau et les régions de mousson.

Partenaires

Indian Institute of Tropical Meteorology(IITM) , Pune en Inde, Ministère indien des Sciences de la Terre, université Pierre et Marie Curie

Référence

Mathew Koll Roxy, Kapoor Ritika, Pascal Terray , Raghu Murtugudde, Karumuri Ashok & B.N. Goswami. Drying of Indian subcontinent by rapid Indian Ocean warming and a weakening land-sea thermal gradient, Nature Communications , 2015, 6, 7423. doi:10.1038/ncomms8423

Source http://www.ird.fr/la-mediatheque/fiches-d-actualite-scientifique/485-le-rechauffement-de-l-ocean-indien-affaiblit-la-mousson-asiatique

Photo : © Flickr CC - Rajarshi MITRA Un affaiblissement de la mousson indienne, et donc un assèchement du sous-continent, menace l’agriculture.

 

Article
Article
Publié le lundi 7 septembre 2015
Partager sur
Nos partenaires