La santé en milieu urbain

La santé en milieu urbain

Des opportunités majeures pour améliorer les résultats sanitaires malgré des inégalités persistantes

De nouvelles données sur la santé des citadins dans près d’une centaine de pays montrent que, pendant que la population urbaine continue de croître au niveau mondial, le défi des inégalités sanitaires persiste, notamment entre les populations citadines les plus riches et les plus pauvres, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat).

Par exemple, seulement la moitié des ménages dans les zones urbaines de 91 pays ayant des données comparables bénéficient de l’eau courante à domicile, les 20 % des ménages les plus riches ayant une probabilité d’en bénéficier 2,7 fois plus grande que les 20 % les plus pauvres. En Afrique, ce ratio s’approche de 17.

De nos jours, environ 3,7 milliards de personnes vivent dans les villes. Un autre milliard s’y rajoutera d’ici 2030, avec 90 % de cette croissance intervenant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Il est donc d’autant plus nécessaire d’atteindre la cible des objectifs de développement durable (ODD) sur la couverture sanitaire universelle, c’est-à-dire de faire en sorte que, d’ici 2030, chacun bénéficie des services de santé dont il a besoin sans être confronté à des difficultés financières pour les payer.

Les inégalités sanitaires compromettent les progrès

Le rapport constate que, dans 79 pays à revenu faible ou intermédiaire, les enfants appartenant au quintile le plus pauvre des ménages en milieu urbain ont en moyenne une probabilité deux fois plus grande de mourir avant l’âge de 5 ans que les enfants du quintile le plus riche. Dans près de 9 pays sur 10 pour lesquels on dispose de données comparables, les pauvres en milieu urbain n’ont pas atteint la cible des objectifs du Millénaire pour le développement sur la baisse de la mortalité des enfants de moins de 5 ans.

Le rapport insiste sur l’urgence de combattre les disparités sanitaires et leurs déterminants dans les villes, alors que les pays s’efforcent d’atteindre les ODD et trouvent des moyens innovants pour parvenir à la couverture sanitaire universelle, comme ceux que l’on voit dans des villes aussi différentes que Guangzhou et Lagos ou Lima et San Francisco, pour n’en citer que quelques-unes.

Il y a un besoin urgent d’identifier et de réduire les inégalités en matière de santé, en particulier pour les populations les plus vulnérables, comme pour les près d’un milliard de personnes qui vivent de nos jours dans des bidonvilles ou des zones d’établissement spontané a déclaré le Dr Marie Paule Kieny, Sous-Directeur général à l’OMS pour le Groupe Systèmes de santé et innovation. Ce rapport fournit aux pays et aux villes des outils pratiques pour réduire les inégalités sanitaires et atteindre les ODD.

Alors qu’un certain nombre de zones urbaines voient la couverture sanitaire s’améliorer, le rapport constate qu’elle est encore à la traîne pour les pauvres. Actuellement, au moins 400 millions de femmes, d’hommes et d’enfants dans le monde n’ont pas accès à ce qui représente un droit fondamental de la personne : l’accès à des soins de santé abordables. Ils n’ont que peu ou pas accès aux services de santé et l’assurance-maladie est insuffisante ou inexistante.

Le rapport comporte un nouvel outil, l’Urban UHC Dashboard – une analyse de 9 indicateurs dans 94 pays – montrant la persistance d’immenses inégalités dans la couverture des services de santé, bien que les zones urbaines indiquent une couverture plus élevée de ces services que les niveaux nationaux moyens respectifs.

Planifier les villes pour l’être humain et la santé

L’urbanisation croissante s’accompagne d’un ensemble unique de défis sanitaires, dont la double charge des maladies non transmissibles et infectieuses, la pollution de l’air, l’accès à l’eau et à l’assainissement, et la nécessité d’améliorer la nutrition, d’accroître l’activité physique et d’établir une résilience face aux urgences sanitaires. Pour pouvoir les relever, les pays et les villes devront prendre des mesures ambitieuses pour atteindre la couverture sanitaire universelle.

La manière dont les villes sont planifiées, aujourd’hui et à l’avenir, peut avoir des répercussions profondes sur la possibilité pour les habitants d’avoir une vie longue, productive et en bonne santé.

Le rapport présente des solutions pour garantir l’accessibilité à l’eau et à l’assainissement, réduire l’étalement urbain tout en développant de nouvelles options de transport, améliorer la sécurité routière, rendre les villes accueillantes pour les personnes âgées et accessibles pour les personnes handicapées, gérer les urgences sanitaires urbaines et accroître la résilience, tout en améliorant l’hygiène des habitations, notamment pour ceux qui vivent dans des bidonvilles.

Le rapport présente aussi un ensemble complet d’interventions susceptibles de réduire la charge des maladies non transmissibles en milieu urbain, parmi lesquelles :

 des arrêtés municipaux interdisant le tabac et leur application ;
 la modification de l’environnement construit et la promotion d’autres moyens de transport pour susciter une plus grande activité physique et réduire la pollution de l’air ;
 de nouvelles approches sur l’environnement nutritionnel urbain pour réduire la malnutrition et l’obésité ;
 des conditions pour se loger dans des habitations saines et abordables ; et
 des efforts concernant la sécurité.

Dans les villes, les progrès de la santé dépendent de la solidité des systèmes de santé, mais aussi de l’aménagement de l’environnement urbain. En capitalisant sur ces facteurs interdépendants, on aboutit à une efficience, des synergies et des bénéfices partagés, et c’est essentiel pour atteindre les ODD , estime Alex Ross, Directeur du Centre OMS pour le développement sanitaire, situé à Kobe (Japon), qui a dirigé et rédigé ce rapport.

Une population en bonne santé est essentielle pour que les villes soient économiquement compétitives et n’aient pas de problèmes d’exclusion , a affirmé Joan Clos, Directeur exécutif du Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat). Ce nouveau rapport indique les actions communes pour mettre en œuvre les ODD et apporte une contribution importante à la troisième conférence des Nations unies sur le logement et le développement urbain durable, qui doit se tenir à Quito en octobre 2016, et à la réalisation du Nouveau programme pour les villes.

Communiqué conjoint par OMS-Kobe/ONU-Habitat

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Publié le mardi 5 avril 2016
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