En France, le débat sur la transition énergétique déçoit

En France, le débat sur la transition énergétique déçoit

Le débat national sur la transition énergétique, voulu par le président Hollande pour esquisser l’avenir de l’énergie en France, s’est achevé jeudi 18 juillet 2013 sans consensus avec le refus du Medef d’endosser des recommandations finales censées nourrir une future loi au terme de plusieurs mois de discussions.

« A ce stade, sauf changement majeur, le Medef n’envisage pas d’endosser en tant que tel ce document qui est un document de synthèse et qui comporte de nombreux points qui ne font pas l’objet d’un consensus », a indiqué à l’AFP le directeur général du Medef, Michel Guilbaud.

En ouverture de la dernière séance plénière du débat, jeudi matin à Paris, M. Guilbaud a néanmoins laissé une porte ouverte dans le cas où le document serait rebaptisé synthèse - ce qui réduirait de fait considérablement sa portée - et le mot de recommandations abandonné.

Le projet de texte final soumis aux acteurs du débat (entreprises, syndicats, ONG, élus, experts) propose quinze recommandations tentant de concilier les intérêts divergents tout en laissant ouverts certains désaccords de fond comme l’objectif de diviser par 2 la consommation d’énergie ou le nucléaire. Plutôt consensuelles sur la rénovation énergétique des bâtiments ou les énergies renouvelables, ces propositions font apparaître explicitement ces divergences, laissant au gouvernement le soin de les arbitrer.

Laurence Tubiana, la facilitatrice du débat au sein du comité de pilotage, tentait jeudi matin de sauver les meubles avec une formulation qui transformerait le projet de recommandations en document de synthèse.

« Ce que je crois fondamental dans notre débat, c’est que nous devons avoir le plus de monde dans la barque », a insisté le ministre de l’Ecologie et de l’Energie, Philippe Martin, en ouverture, rappelant que c’est le gouvernement qui, en fin de compte, fait le choix.

Prudence

Le Débat national sur la transition énergétique, lancé en novembre, a été rythmé par neuf réunions plénières mais aussi des tenues de groupes de travail spécialisés (financement, renouvelables, etc.) et l’audition d’experts.

Voulu par François Hollande, il doit déboucher sur des propositions remises officiellement au gouvernement le 20 septembre lors de la Conférence environnementale annuelle pour nourrir une loi de programmation énergétique présentée à l’automne au conseil des ministres.

L’objectif est d’esquisser une France consommant moins d’énergie, utilisant moins de nucléaire et d’énergies fossiles, à la fois pour tenir les engagements internationaux contre le changement climatique et pour rééquilibrer une balance commerciale plombée par les importations de pétrole et de gaz.

Les divergences portent notamment sur l’évolution de la consommation énergétique.

Rapprochements

Les recommandations évoquent l’objectif de réduction de 50% de la consommation d’ici 2050 tout en soulignant que certains acteurs, dont les entreprises, le jugent excessif car contraire à la compétitivité à court terme et proposent une cible de -20%.

« Le Medef a participé de bout en bout, ils sont co-rédacteurs des conclusions des groupes de travail, ils ne peuvent pas dire aujourd’hui que les recommandations ne les engagent pas », a estimé le député écologiste Denis Baupin.

Autre sujet à trancher pour le gouvernement : la mise en musique de l’engagement de François Hollande de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité. Prudent, le projet plaide pour une étude pluraliste de faisabilité pour préciser les trajectoires permettant de respecter cet engagement.

En dépit des tensions réapparues jeudi, avec notamment des critiques de certains syndicats et du patronat (CGPME, UPA, FNSEA), les débats ont permis des rapprochements sur d’autre sujets, selon le comité de pilotage. « Je trouve que nous avons fait beaucoup de progrès », a assuré Mme Tubiana, citant notamment les propositions sur la rénovation de 500.000 logements par an.

D’autres propositions concernent le soutien aux énergies renouvelables ou les transports, comme le développement du partage des voitures ou la réduction des vitesses.

Pour les ONG regroupées dans le Réseau action climat, les conclusions du débat ne permettent pas en l’état de placer la France sur la voie de la transition énergétique malgré des propositions intéressantes.

Texte AFP via Romandie.com / Photo PublicDomainPictures sur Pixabay

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Publié le jeudi 18 juillet 2013
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