Ecologie : la France et l'Allemagne unissent leurs efforts

Ecologie : la France et l’Allemagne unissent leurs efforts

« Un pas de géant ». Telle est la formule choisie par Louis Lang pour qualifier le rapprochement franco-allemand en matière environnementale, l’Allemagne suivant l’exemple français dans le domaine de la quantification des émissions de gaz à effet de serre, en adoptant la méthode française Bilan Carbone®.

Louis Lang, directeur de la société Recarbon Deutschland, spécialisée dans le management en développement durable, compte bien tirer profit de ce rapprochement franco-allemand pour décrocher de nouveaux marchés dans les régions germanophones de l’Europe.

La méthode Bilan Carbone®, développée par l’ADEME, l’Agence française de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, a été implémentée cette année en Allemagne…

Effectivement. C’est un pas de géant dans le domaine, dans la mesure où les deux premières puissances européennes se sont dotées d’un outil commun de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre, comptabilisation tenant compte de l’énergie primaire et de l’énergie finale dépensée pour la mise au point de produits ou de services. Cette méthode est obligatoire en France pour toute société employant plus de 500 salariés de même que pour les collectivités territoriales dépassant les 50.000 habitants.

Marque déposée, toute utilisation de la méthode est réservée aux membres de l’Association Bilan Carbone, qui a repris cette dernière, initialement développée par l’ADEME, comme vous l’avez signalé.

Comment se décline cette méthode ?

Cette méthode repose sur deux piliers. Si le Bilan Carbone® est un système de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre, il est avant tout un modèle de management des émissions de CO2. On occulte trop souvent ce deuxième aspect, beaucoup moins axé sur l’aspect marketing que le système de comptabilisation.

Qu’entendez-vous par « management » des émissions de CO2 ?

La méthode Bilan Carbone® consiste en premier lieu en une analyse de l’ensemble des éléments indispensables au fonctionnement d’une entreprise. Dans un deuxième temps, il s’agit d’évaluer la vulnérabilité des facteurs de production par rapport à différents paramètres que sont, entre autres, le coût de l’énergie.

Après avoir scanné toutes les données, il revient à l’entreprise d’adapter sa stratégie afin d’être certain de rester compétitif dans cinq ou dix ans. C’est là l’objectif ultime, souvent négligé.

Un tel projet est-il dans les cartons au Grand-Duché ?

Je pense que le Luxembourg ne décidera pas de lui-même d’implémenter un système similaire, trop frileux pour prendre une telle initiative. A mon sens, comme souvent, le Luxembourg mènera une politique attentiste.

Ceci dit, le Grand-Duché s’efforce désormais à faire de l’efficacité énergétique une priorité, conformément aux directives édictées par Bruxelles. En ce qui concerne le carbone à proprement dit, il n’y a encore aucune mesure ambitieuse le concernant de la part du gouvernement.

Les autorités luxembourgeoises ne font que retarder l’échéance, le processus étant inéluctable…

Je n’irais cependant pas jusqu’à dire que le gouvernement se désintéresse de la cause. Un partenariat a été conclu par l’energieagence, donc indirectement l’Etat, avec l’Association Bilan Carbone.

Ceci étant, de là à promouvoir ou motiver les entreprises à réaliser un Bilan Carbone®, il y a encore du chemin à faire. Les mentalités ne sont tout simplement pas encore prêtes à franchir ce pas.

Rappelons qu’il ne sera pas chose aisée pour le Luxembourg de réduire son empreinte carbone, désastreuse, dans la mesure où le fait qu’il figure dans le peloton de fin s’explique essentiellement par le tourisme à la pompe, qui est une véritable manne financière pour le pays. Or, compte tenu du faible prix de la tonne de carbone à la bourse du carbone (on est passé à moins d’un euro la tonne, ndlr), rien ne l’incite à favoriser l’écologie à l’économie. L’équation est donc difficile.

En ce qui vous concerne, vous avez pour ambition de promouvoir la méthode outre-Rhin en créant une plateforme transnationale franco-allemande sur base associative. Quels sont les tenants et aboutissants de ce projet ? Quels sont les acteurs impliqués ?

Le projet ne s’inscrit pas encore dans une démarche associative, même si nous allons dans cette direction. Il fallait commencer quelque part, et étant donné que j’ai de bonnes relations avec les responsables de l’Association Bilan Carbone, laquelle est désormais un électron libre (elle avait auparavant comme mission de découpler la méthode voulue par le gouvernement français, ndlr), et s’efforce ainsi depuis deux ans à conquérir des marchés en développant la notoriété de la méthode en Europe, il était d’un commun intérêt de développer et de promouvoir la méthode Bilan Carbone® pour le marché germanophone, à savoir bien sûr l’Allemagne mais aussi la Suisse et l’Autriche. Un partenariat entre l’Association Bilan Carbone et le groupe Reclay a d’ailleurs été signé le 13 juin 2013 à Berlin. Bien évidemment, il s’agit d’un marché de très grande envergure et donc à très fort potentiel.

Précisons également que le Traité de l’Elysée, dont on a célébré le cinquantième anniversaire cette année, est un atout supplémentaire pour notre projet, la France et l’Allemagne cherchant à se rapprocher en matière environnementale et à combiner leurs efforts pour préparer la transition énergétique.

Les Allemands étant souvent considérés comme pionniers dans le domaine de l’écologie, il est étonnant qu’ils ne disposent pas de leur propre méthode de comptabilisation des émissions de carbone…

Effectivement, si l’Allemagne est exemplaire en matière de transition énergétique, soit au niveau de l’efficacité énergétique et de l’évolution de la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique, elle n’a jamais véritablement mis au point de système de quantification des émissions de CO2, contrairement à la France.

Photo ©Marlene Soares pour LG Magazine

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Publié le mercredi 4 septembre 2013
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