Développement durable en ville : « convaincre plutôt que vaincre »

Développement durable en ville : « convaincre plutôt que vaincre »

Organisée dans l’un des auditoriums du Cercle Cité, à Luxembourg-Ville, la conférence&talk sur l’environnement et la qualité de vie en ville fut l’occasion de revenir sur l’adoption de pratiques durables dans les agglomérations. Loin des discours pro-écolo, les intervenants ont convenu de la nécessité d’amener les citoyens et habitants à adopter des conduites plus vertes sans toutefois les y contraindre.

« L’adoption d’habitudes plus vertes et durables n’est pas un renoncement ! » Pour les intervenants présents ce 10 juillet au Cercle Cité, à Luxembourg, à l’occasion d’une conférence-débat sur « l’Environnement et la qualité de vie en ville », cette déclaration est une évidence. Malheureusement, elle l’est beaucoup moins pour certains habitants et citoyens qui voient leurs villes se transformer en faveur d’infrastructures plus respectueuses de l’environnement et leurs habitudes de vie ainsi bouleverser.

Mais, « l’écologie ne signifie pas renoncer à quelque chose », martèle Paul Schmitt, délégué à l’environnement à la Ville de Luxembourg. Bien au contraire, « c’est l’adoption d’un autre mode de vie », plus sain, plus solidaire et peut-être même plus sociable. Il en veut pour preuve le remplacement d’une route par une piste cyclable. Idée fortement critiquée par ses administrés au départ, Paul Schmitt leur a alors cité les bons côtés d’une piste cyclable : « Ils pouvaient aller faire leurs courses à des endroits plus proches de chez eux, saluer les personnes qu’ils rencontraient en vélo et même s’arrêter pour discuter, etc… ».

Le développement durable se mêle de tout

Des difficultés à convaincre, tous les intervenants présents ce soir en ont rencontré et en rencontrent encore aujourd’hui. « Le développement durable est un sujet transversal dans une hiérarchie administrative souvent verticale », ajoute encore Paul Schmitt. Loin d’être un « dossier isolé », comme l’explique Paul Rasqué, attaché de Gouvernement 1er en rang au Ministère du Développement Durable, le développement durable « se mêle à tout, touche à tout », confirme René Darbois, adjoint au maire chargé de l’écologie Urbaine et du développement durable et solidaire de la ville de Metz et fondateur de l’Agence locale de l’Energie et du Climat du Pays Messin. « On va s’occuper des affaires des autres », à savoir des collègues en charges des dossiers à l’urbanisme, à la mobilité, aux espaces verts, etc… Et, même si, comme Paul Rasqué le confirme, « c’est souvent dans ces autres dossiers que l’on trouve une solution plus durable », « ce n’est pas toujours bien vu », assure Paul Schmitt.

Les résistances sont donc nombreuses mais pas insurmontables. La clef de l’acceptation se trouve dans le dialogue.Il faut expliquer, démontrer, quartier par quartier, association par association, pour faire bouger les mentalités. « C’est la démocratie ! », s’enthousiasme René Darbois.

Ne jamais forcer

Pour certains, les dialogues ont payé. Même si ce ne fut une tâche aisé, George Moes, de natur& ëmwelt , témoigne d’une belle victoire : « Aujourd’hui, les deux tiers des communes luxembourgeoises ont renoncé à l’épandage d’herbicides ». La capitale en fait partie, ce qui lui permet, malgré les dires de certaines mauvaises langues qui estiment que les mauvaises herbes donnent un aspect sale aux pavés, d’être qualifiée de « capitale très verte » par les touristes, selon Paul Schmitt.

Mais là encore, le débat soulève une nouvelle question. Autre que l’impression de voir ses habitudes modifier, la question de la perception de ce qui contribue à une bonne qualité de vie se pose. Bien trop subjective, car variant selon les goûts de chacun, pour pouvoir être résolue, les intervenants prennent à nouveau le parti du dialogue. Expliquer et donner aux citoyens tous les outils nécessaires à la compréhension de l’ensemble d’un problème mais, surtout, ne jamais les forcer à adopter une nouvelle attitude, quitte à laisser tomber, pour un moment du moins, une idée qui aurait pu rendre notre environnement plus sain. « Mieux vaut convaincre plutôt que vaincre », répéte souvent René Darbois qui dit avoir fait de cette maxime son credo. Après tout, aussi triste que ce soit, ne pas être convaincu qu’une action plus écologique soit nécessaire, ça aussi, c’est la démocratie !

Photo ©Florie Colarelli

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Publié le lundi 14 juillet 2014
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