Comment bronzer écolo - avec ou sans crème solaire

Comment bronzer écolo - avec ou sans crème solaire

Enfin ! La plage. Et le soleil. Une crème pour se protéger des rayons ? Sauf que les crèmes sont un danger pour les océans et, peut-être, pour le corps humain. Heureusement, des solutions existent pour profiter de l’été sans polluer.

« La crème solaire tue le corail, alors si j’en mets sur ma peau, il se passe quoi ? » s’interroge Justine Dupont, surfeuse professionnelle. À 25 ans, cette sportive a beaucoup voyagé pour des compétitions : « Quand j’étais aux Maldives, j’en ai profité pour faire de la plongée ; et là, on le voit, le corail est blanc, il est mort. » Quand elle n’est pas à l’autre bout du monde, son port d’attache se situe au Pays basque, où la pollution l’empêche de surfer à sa guise. « Quand il pleut, il n’est pas possible de surfer le lendemain, il y a eu un lessivage des sols, des rivières qui vont dans l’océan, l’eau est polluée. On est obligé de porter des bouchons d’oreille pour éviter les otites. »

L’impact des crèmes solaires sur le milieu marin a même poussé le Mexique, dans sa partie Sud-Est, au niveau de Cancún, à interdire ces produits au bénéfice de crèmes biodégradables, sans filtre UV chimique.

Mais, avec tout ce qui va dans l’eau de mer, des produits phytosanitaires aux déchets, on se dit que la crème solaire doit peser bien peu. Et pourtant, 25.000 tonnes de crèmes sont déversées chaque année dans les océans. En 2008, des chercheurs italiens ont publié, dans la revue Nature, le résultat de leur travail : les crèmes solaires, par leur composition, favorisent le développement d’infections virales qui peuvent tuer les coraux en 48 heures. Une étude de 2014 d’Antonio Tovar-Sanchez et David Sánchez-Quiles montre également les conséquences de ces produits sur le plancton.

Pauline Malterre est installée à Bordeaux. Elle est spécialiste de l’environnement marin pour l’association Du flocon à la vague et explique qu’un des composants majeurs de ce produit, l’oxybenzone, se détecte dans les urines 30 minutes après son application, mais aussi dans le lait maternel.

Les sources de pollution sont multiples

Autre élément : l’impact des perturbateurs endocriniens, comme le résume cette note de synthèse de 2015 de l’ONG Green Cross. Pauline Malterre explique que « certaines substances présentent dans les crèmes solaires sont assimilables à des perturbateurs endocriniens, et cela a un impact sur les oursins, les mollusques, les crustacés, les poissons ». Les sources de pollution sont multiples : infections virales, blanchiment des coraux, perturbateurs endocriniens ; mais les effets sont les mêmes : « On observe des problèmes sur la croissance et la reproduction, sur la production virale et cela peut se traduire par des mortalités. »
L’association Du flocon à la vague est active aux six coins de l’Hexagone. Dans le golfe du Morbihan, l’association travaille avec l’observatoire du plancton de Pierre Mollo. Ensemble, ils apprennent aux enfants à comprendre le monde de la mer, microscope à la main. Des actions de sensibilisation se déroulent également dans les écoles comme à Biarritz et en Corse. La sportive Justine Dupont et son sponsor, la marque EQ, s’impliquent également en allant à la rencontre des enfants.

C’est ainsi une myriade d’associations, de personnalités, de scientifiques, mais aussi de parcs naturels, à l’image de celui du golfe du Morbihan, qui travaillent ensemble pour sensibiliser le public, dans les écoles comme sur les plages. Des initiatives que vous aurez peut-être l’occasion de croiser si vous vous offrez une séance de trempette, cet été.

Tout réside dans le bon sens et la mesure

Mais comment, justement, profiter de l’été, sans risque ? Faut-il choisir entre un cancer de la peau et la santé des poissons ? Non, tout réside dans le bon sens et la mesure. Le plus simple serait encore de se fier aux labels connus comme ceux estampillés bio et Ecocert. Mais une étude récente de l’UFC-Que choisir place les crèmes solaires bio pour enfants sur le banc des accusés. Une accusation réfutée par certains mais qui laisse planer le doute.

Plusieurs marques se positionnement sur le créneau du bio et du respect du milieu marin. C’est le cas d’Algotherm ou EQ. Cette dernière a collaboré avec les chercheurs italiens qui ont établi le lien entre crème solaire et coraux. Anaïs Munoz, responsable du département de recherche et développement de l’entreprise, assure du sérieux de son travail et que tous les tests ont été réalisés comme il se doit. Néanmoins, il n’existe pas de label sur cet aspect, à l’heure actuelle.

Pour le médecin Guillaume Barucq, l’essentiel est une question de comportement : faire la crêpe pendant cinq heures sous le soleil n’est pas l’idée du siècle, mieux vaut des temps d’exposition plus courts et plus nombreux. Sans oublier, que « la première des protections est la protection vestimentaire : un chapeau, un tee-shirt et de l’ombre ».

Source : Julie Lallouët-Geffroy pour Reporterre

Article
Article
Publié le vendredi 12 août 2016
Partager sur
Nos partenaires