Alzette : la pollution en héritage

Alzette : la pollution en héritage

Sans traiter les pollutions, comment sauver l’Alzette ? Les communes françaises de Thil, Villerupt, Audun-le-Tiche, Russange et Rédange portent un projet de « renaturation des cours d’eau du bassin-versant de l’Alzette ». 

L’Alzette prend sa source au cœur du Pays Haut Val d’Alzette en France, traverse la frontière à Esch-sur-Alzette, et finit affluent de la Sûre à Ettelbruck : l’Alzette, rivière éponyme de la future agglomération Alzette-Belval, fait le trait d’union entre la France et le Luxembourg. 

A l’analyse du dossier d’enquête publique, le collectif d’associations citoyennes locales et de protection de la nature (Villerupt Eau Secours, Forum citoyen audunois, Mirabel Lorraine Nature Environnement et Empreinte positive) a pu percevoir, que contrairement à la renaturation annoncée, le porteur du projet se focalise uniquement sur le réaménagement des abords des cours d’eau (réhabilitation des berges, lutte contre les plantes invasives, plantation de ripisylves, effacement des ouvrages).

Incontestablement, ces actions seront bénéfiques à l’environnement mais les communes négligent de traiter les problèmes de pollution des cours d’eau : l’Alzette et ses affluents sont pourtant des égouts à ciel ouvert, du fait de pollutions diffuses d’origine domestique, industrielle ou agricole. Le projet en l’état ne permet pas d’espérer une amélioration de la qualité des eaux. Les associations questionnent : à quoi bon investir uniquement dans le réaménagement des berges si les eaux restent impropres à accueillir la vie aquatique ? Une maîtrise d’ouvrage multiple aurait été nécessaire pour pouvoir agir sur la pollution (SIVOM de l’Alzette, Etablissement public d’aménagement Alzette-Belval…). Les associations regrettent aussi que l’expertise des autorités luxembourgeoises n’ait pas été requise par le porteur du projet : dans cet espace transfrontalier, elle aurait dû être centrale. 

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Priorités : concertation, bilan, remédiation

Le commissaire enquêteur a appuyé les attentes associatives dans son rapport d’enquête : son avis est favorable au projet mais assorti d’une réserve et de deux recommandations : - le projet devra préalablement obtenir une appréciation positive des autorités luxembourgeoises compétentes, - il est conseillé que le porteur du projet définisse des priorités d’actions pour traiter la pollution après avoir fait un état des lieux de la qualité des eaux, - il est préconisé d’étudier l’opportunité de réaliser des curages des sédiments pollués. 

Les populations française et luxembourgeoise sont en droit d’attendre une meilleure gestion des pollutions de l’Alzette. Les autorités luxembourgeoises doivent être consultées et leur avis doit être pris en compte pour qu’elles n’aient pas à assurer seules les problèmes de pollutions. 

Il est temps de passer de la parole aux actes en matière de développement durable Dans une approche concertée au niveau transfrontalier, le projet urbain d’EcoCité Alzette-Belval doit impliquer un questionnement sur la place occupée par la nature, fondé sur la préservation du patrimoine naturel et de la ressource en eau. Pour que le projet urbain soit satisfaisant en termes de développement durable, les associations estiment qu’il est franchement temps de s’engager dans la lutte contre les pollutions des cours d’eau empoisonnés du territoire. 

POUR ALLER PLUS LOIN : 3 points noirs relatifs à la pollution diffuse de l’Alzette 

Certaines canalisations d’eaux usées à Villerupt et Audun-le-Tiche rejettent directement dans le milieu naturel sans traitement préalable et le financement nécessaire pour les relier au réseau serait conséquent. 

De fortes teneurs en plomb et autres métaux lourds ont été relevées sur Micheville ainsi qu’à l’extérieur de l’enceinte de l’ancienne usine. Arcelormittal a pourtant longtemps été récalcitrant à prendre ses responsabilités et à réaliser des diagnostics réguliers de l’état des sols.

L’usine FVM de Villers-la-Montagne est soupçonnée de rejeter depuis une vingtaine d’années des eaux industrielles directement dans l’Alzette d’après des témoignages inquiétants qui font état d’odeurs nauséabondes et de gaz irritants à la sortie d’une conduite… 

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COMMUNIQUE INTER-ASSOCIATIF – 13 MARS 2015

Pour toute information complémentaire, veuillez contacter Empreinte positive : contact@empreintepositive.org

Photos : Daniel Bracchetti 

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Publié le mardi 17 mars 2015
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