30 ans d’action climatique locale célébrés à la Journée Climat

Lors de la Journée Climat, l’après-midi était centré sur un constat préoccupant : le dépassement du seuil des +1,5 °C à l’échelle mondiale. Selon Klima-Bündnis, organisateur de l’événement, les conséquences du dérèglement climatique – vagues de chaleur, sécheresses, inondations – deviennent plus fréquentes et plus graves. Le Luxembourg, déjà touché, doit renforcer ses efforts d’adaptation, en complément de la réduction des émissions.

Coopération multiscalaire : une nécessité face à l’urgence

Lors d’une conférence, acteurs locaux et nationaux ont insisté sur la nécessité d’une action coordonnée à tous les niveaux – local, national et international. De nombreuses stratégies ont été mises en avant, avec un message clair : « l’adaptation n’est plus une option, mais une nécessité pour protéger territoires, populations et écosystèmes ».

« Retrouver l’esprit de Rio »

Le ministre de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, Serge Wilmes, a salué l’engagement continu des communes depuis le Sommet de la Terre à Rio en 1992. Il a souligné les liens étroits entre climat, biodiversité, consommation d’eau et usage des sols et a rappelé que « tout est interconnecté. Le Luxembourg joue un rôle pionnier depuis 30 ans et nous sommes sur la bonne voie. »

Il a aussi évoqué la décision de la Commission européenne de réduire de 90 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040, une étape vers la neutralité climatique en 2050. Pour cela, une majorité qualifiée au niveau européen sera nécessaire. Il a réaffirmé l’engagement du gouvernement à agir de manière cohérente avec les communes.

« Agir localement, face à l’inaction d’hier »

Paul Polfer, coordinateur national de Klima-Bündnis Lëtzebuerg, a rappelé les racines locales du mouvement au Luxembourg, né en réaction à l’inaction observée lors du sommet de Rio – notamment le blocage des États-Unis. « Nous devons ramener l’action climatique sur le terrain. »

Il a également mis en garde contre les compromis excessifs dans les propositions européennes actuelles, critiquant le protocole de Kyoto, qualifié de « cher et peu efficace ». Pour lui, la situation actuelle – canicules extrêmes, perte de biodiversité, tensions sur les ressources – appelle des mesures concrètes et ambitieuses.

Urgence d’adapter les politiques publiques

La conférence a accueilli Claudia Hitaj et Bruno Alves, représentants du ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité.

Claudia Hitaj a souligné que, pour la première fois, la température moyenne mondiale a dépassé +1,5 °C en 2024, un seuil franchi au Luxembourg depuis déjà 30 ans.

Elle a insisté sur l’importance des travaux scientifiques du GIEC pour orienter les politiques, appelant à une adaptation stratégique à tous les niveaux.

De son côté, Bruno Alves a rappelé que l’adaptation va bien au-delà de la réduction des émissions. Elle doit inclure une réponse aux effets déjà visibles que sont les vagues de chaleur, les maladies ainsi que le stress sur les forêts et l’agriculture. « En 2022, plus de 62 .000 décès liés à la chaleur ont été enregistrés en Europe. »

Il a mis en avant la nouvelle stratégie nationale d’adaptation, construite avec la participation de plus de 500 personnes et plusieurs ministères. Parmi les mesures concrètes : la rénaturation des rivières, le verdissement des espaces publics et des plans canicule pour protéger les plus vulnérables.

Sébastien Yernaux
Photos : © Ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité et © Klima-Bündnis Lëtzebuerg